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HISTOIRE DE L’ART

Durch dieses Pressefoto erfuhr die ganze Welt von dem spektakulä­ren Eisenbahnu­nglück, das sich 1895 in Paris zugetragen hat.

- MOYEN

Train épave à la gare Montparnas­se ein Foto, das um die Welt ging

«De mémoire d’homme, on n’a vu pareil accident aussi bizarre, aussi étrange, aussi étonnant, aussi extraordin­aire, aussi incompréhe­nsible… » C’est ainsi que le quotidien L’écho de Paris commente l’un des plus spectacula­ires accidents de l’histoire du chemin de fer.

La photo qui l’immortalis­e pourrait laisser croire à un montage photograph­ique, tant la scène est invraisemb­lable. Pourtant, cet accident a bien eu lieu. Nous sommes le 22 octobre 1895, à 8 h 45. Avec ses dix voitures de voyageurs, le train n° 56 quitte le port de Granville pour Paris-montparnas­se. Lorsqu’il s’arrête à Versailles, le train a sept minutes de retard sur l’horaire prévu. Pour les rattraper, le conducteur décide de mettre les bouchées doubles. Cette erreur lui sera fatale… À son arrivée à la gare parisienne, le train a regagné deux minutes, mais n’arrive plus à s’arrêter. Lancée à 40 km/h, la locomotive n° 721 brise le butoir au bout des voies et fait exploser le mur de façade de la gare ainsi que sa cloison vitrée. Emportée par son élan, la machine bascule dans le vide, écrasant la station de tramway en contrebas. Le fracas est tel qu’il fait s’arrêter net les deux grosses horloges de la gare. Il fait même sursauter, à deux kilomètres de là, les passants du boulevard Saint-germain. Cet accident ne fera toutefois qu’une victime : une marchande de journaux tuée par la chute d’une pierre du mur de façade.

Ce cliché fera le tour du monde. Et plus d’un siècle après les faits, il continue de circuler, illustrant des cartes postales ou des pochettes d’album de musique. Il a même inspiré des scènes de bande dessinée et de cinéma. C’est le cas du film d’aventure Hugo Cabret (2011), réalisé par Martin Scorsese.

L’aspect spectacula­ire de l’accident n’explique pas à lui seul l’engouement pour cette photo. Le spectateur sort ici de la réalité et bascule dans une autre dimension, celle de l’extraordin­aire, de l’étrange, de l’improbable. Les journaux de l’époque évoquent un «train fou» aux allures de « fantastiqu­e apparition ». « Un train est tombé par la fenêtre dans la rue ! », commente l’un d’eux. « Promenade d’une machine dans la rue », plaisante un autre en une.

Ce qu’on retrouve sur ce cliché, c’est surtout l’atmosphère de la Belle Époque. Une ère de progrès technologi­que, où triomphent l’acier et la vapeur. Une époque intrépide, qui aime se faire peur et s’enivrer de paris fous, sans toujours maîtriser ses élans. À l’époque, le train à vapeur fait peur autant qu’il fascine. Ce « bruyant monstre métallique » provoque d’ailleurs de très fréquents accidents. Cette célèbre photo nous révèle tout son potentiel destructeu­r, mais aussi un caractère indéniable­ment extravagan­t.

 ??  ?? Paris (aujourd’hui Place du 18 juin 1940), le 22 octobre 1895. Studio Lévy et fils.
Paris (aujourd’hui Place du 18 juin 1940), le 22 octobre 1895. Studio Lévy et fils.

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