Ecoute

Bonjour, Madame de Maintenon !

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Rambouille­t, c’est aussi un château. Ou plutôt un pavillon de chasse transformé en hôtel pour chefs d’état. Louis XVI et Napoléon Ier y ont habité. Plus tard, Nelson Mandela, Boris Eltsine et la reine d’angleterre y logeront. Valéry Giscard d’estaing y chassait… On admire désormais l’étonnante chaumière tapissée de coquillage­s, la laiterie de Marie-antoinette et la salle de bains néoclassiq­ue de Napoléon Ier.

Jour 3 Dans le parc de Madame de Maintenon

Le troisième jour, cap sur Chartres. À partir d’épernon, les champs de blé composent l’essentiel du paysage. Nous voici dans la Beauce, le grenier de la France. Le vent coiffe et décoiffe cet océan de blé. Parfait pour les contemplat­ifs… qui savent pédaler. L’étape est l’une des plus longues du parcours (53km), mais la route est plate en Beauce. À Maintenon, il faut visiter à tout prix le château de Madame de Maintenon, l’épouse secrète de Louis XIV. Au fond du jardin à la française dessiné par Le Nôtre, des arches s’élèvent au-dessus de l’eau. C’est tout ce qui reste de l’aqueduc voulu par Louis XIV pour alimenter en eau le château de Versailles, à environ 50 km de là. Le projet s’avérant trop coûteux, les arches restèrent dans le parc de Madame de Maintenon. Dans le château, une superbe enfilade de pièces : galerie d’apparat, salon chinois, mobilier d’époque… Et nos mollets ? Douloureux après la première journée, ils sont désormais affûtés et habitués à l’effort.

Jour 4 Bleu, forcément !

Après une nuit réparatric­e et une petite matinée de vélo, nous rejoignons Chartres. Les deux flèches de la cathédrale apparaisse­nt, dressées vers le ciel. Au IXE siècle, Chartres faisait déjà l’objet d’un pèlerinage important. On venait de l’europe entière se recueillir devant la relique du voile de la Vierge. Aujourd’hui encore, de nombreux groupes de pèlerins affluent vers la cathédrale, classée à l’unesco. Rodin venait étudier les statues romanes du portail ouest. Les touristes y admirent surtout les vitraux bleutés du Moyen Âge. On parle du « bleu de Chartres », un cobalt pur que le passage du temps n’a pas terni. La ville est d’ailleurs considérée comme la capitale du vitrail en France. Sur rendez-vous, on peut visiter l’atelier des frères Loire, le deuxième plus ancien de la

ville, qui existe depuis 75 ans. Ces maîtres verriers restaurent des vitraux anciens et en créent de nouveaux. Leur grand-père, Gabriel Loire, a signé l’immense paroi en verre de l’église du Souvenir, à Berlin : 2 500 m² de vitraux. Bleus, forcément ! Ne quittons pas Chartres sans visiter la vieille ville, aussi charmante qu’animée. L’été, de somptueux jeux de lumières redonnent vie aux murs de la cathédrale et de différents sites. À ne pas manquer !

À la lueur des bougies

Après un dernier coup d’oeil à la cathédrale, nous retrouvons les immensités de la Beauce. Avec le vent dans le dos, on pédale avec plaisir dans cette steppe blonde qui s’étend jusqu’à l’horizon. Quand on a le vent de face, c’est une autre histoire. Un clocher surgit bientôt des blés. C’est Illiers-combray, le village où Marcel Proust passa ses vacances d’enfance. La maison de sa chère tante Léonie se visite. On y trouve quelques souvenirs du grand écrivain, et surtout le parfum désuet du temps jadis. Les lecteurs assidus de Proust y viennent en pèlerinage. Ils sont aussi sérieux que les pèlerins de Chartres. Marcel Proust est leur dieu et les sept tomes d’à la recherche du temps perdu leurs Saintes Écritures. Dans l’oeuvre de Proust, le village s’appelle Combray. En 1971, à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain, le village d’illiers décida donc de lui rendre hommage en changeant de nom pour devenir « Illiers-combray ».

On enfourche sa bicyclette pour une longue virée à travers les champs de céréales, dans la poussière des moissonneu­ses-batteuses. Soudain, à Montigny-le-chartif, on bascule dans le Perche : le paysage se vallonne, se fait verdoyant, se couvre de forêts. Quel plaisir de sentir l’air frais dans les descentes… qu’il faut pourtant bien remonter.

Ce soir, nous dormons à Thiron-gardais. Le village semble tout entier tourné vers soneabbaye bénédictin­e. À son apogée au XII siècle, l’abbaye de la Sainte-trinité comptait 22 abbayes soeurs et plus d’une centaine de prieurés en France, en Écosse et en Angleterre. Plus tard, Louis XVI fit du collège de l’abbaye l’une de ses 12 écoles royales et militaires. Féru d’histoire et de patrimoine, l’animateur de télévision Stéphane Bern en a récemment fait l’acquisitio­n pour le restaurer et l’ouvrir à la visite. À la belle saison, les jardins du collège sont parfois éclairés à la bougie. On y déambule, un verre à la main, heureux de goûter à la fraîcheur d’une nuit d’été dans le Perche.

Des champs, des arbres, le ciel… et vous !

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Derrière l’aqueduc construit par Vauban s’élève le château de Maintenon.
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La grande galerie, dans le château de Maintenon
Ci-dessous : La grande galerie, dans le château de Maintenon
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Portrait de Madame de Maintenon
Ci-dessus : Portrait de Madame de Maintenon
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La Beauce est connue comme le « grenier de la France », en raison de ses immenses champs de blé.

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