Le Perche : la France en mieux
Jour 5 Les vallons du Perche
Le lendemain, nous cheminons parmi les collines du Perche jusqu’à Nogentle-rotrou. Une petite étape à travers des paysages bucoliques. Au château de Saintjean, on fait la connaissance de Rotrou III, comte du Perche et parfait exemple du preux chevalier. Ce puissant seigneur prit une part importante dans les croisades, et même dans la Reconquista en Espagne.
L’itinéraire rejoint bientôt une voie verte encadrée de haies qu’on ne quittera plus jusqu’à Alençon. De temps à autre, il faut s’autoriser de petits détours. Par exemple pour aller visiter le jardin de la Petite Rochelle, à Rémalard-en-perche. Ou pour admirer le manoir de la Vove : sa tour octogonale à échauguette, une tourelle permettant de surveiller les alentours, est typique du Perche. On peut même pousser jusqu’à la basilique Notre-dame-de-montligeon. On s’y rend spécialement pour prier afin de délivrer les âmes du purgatoire… Les gourmands s’arrêteront à la petite chocolaterie de Marie-paule Lambou, à Rémalarden-perche, et à la cidrerie familiale de la Maison Ferré, à Comblot. Du cidre ? C’est donc que nous sommes entrés dans la partie normande du Perche, au pays des pommiers et des haras. Dans les prés, on aperçoit d’ailleurs des percherons, ces chevaux de trait robustes qui font la fierté des gens d’ici.
Fourbus, nous atteignons Mortagneau-perche. La perle du Perche. Cette cité médiévale séduit instantanément avec ses placettes, ses demeures en grison (une pierre locale couleur marron-rouille) et ses toits de tuiles patinées. Les Parisiens se sont entichés du village, comme l’indique la présence de nombreux brocanteurs et antiquaires. Ah, avoir sa maison de campagne dans le Perche !
La voie verte nous conduit à travers un couloir de verdure jusqu’à Alençon. Pour visiter la ville, nous suivons les pas d’un greeter (un guide bénévole), le truculent Thierry Janvier. Dans ses pas, on découvre les dentellières de l’atelier national du point d’alençon (un savoir-faire inscrit à l’unesco), les maisons à pans de bois, l’ancien château des ducs…
Jour 6 Aux thermes du voyage
Le parcours se corse à l’étape suivante : 612 mètres de dénivelé positif, 645 de négatif. Mais en prenant de la hauteur,
la route multiplie les points de vue sur le parc naturel régional Normandie-maine et la forêt d’écouves. Ça tire sur les mollets jusqu’au château de Carrouges, construction de granit et de brique entourée d’eau. Après un pique-nique bien mérité, on retrouve les creux et les bosses de l’orne jusqu’à la station thermale de Bagnoles-de-l’orne. Au coeur de la forêt des Andaines, la petite ville fait bloc autour de son lac où se trouvent le casino Art déco et les villas de la Belle Époque. Un saut dans le temps que n’aurait pas renié Marcel Proust.
Pour se remettre des efforts de la journée, on peut profiter des thermes de Bagnoles le temps d’un soin au b’o Spa qui associe les vertus naturelles de l’eau thermale… et de la pomme. Sacrés Normands !
Jour 7 Le Mont en vue
Le lendemain, les jambes moulinent encore. La route musarde en lisière de la forêt des Andaines jusqu’à la cité médiévale de Domfront. Aliénor d’aquitaine, Henri II, Richard Coeur de Lion ont séjourné dans son château perché sur son éperon rocheux. 30 kilomètres plus loin, voici Mortain, un village à flanc de coteau, en plein bocage normand. Un petit détour nous conduit aux cascades de Mortain. Avec leurs 25 mètres de haut, ce ne sont pas les chutes du Niagara, mais on ne trouve pas plus grand dans tout l’ouest et tout le nord de la France !
Fatigués ? Allons, 49 kilomètres faciles nous attendent à partir de Saint-hilairedu-harcouët. La voie verte serpente, passe Ducey et le village de Pontaubault. Soudain, elle apparaît enfin : la baie du Mont-saint-michel. La silhouette du Mont se découpe au milieu de la baie aux reflets bleu et vert. À marée basse, c’est une immensité gris et beige, sillonnée de petits ruisseaux argentés. Ici ont lieu les plus grandes marées d’europe (jusqu’à 14 mètres de marnage). On dit que la mer avance parfois à la vitesse d’un cheval au galop. D’un dernier coup de pédale, on atteint la passerelle qui relie depuis 2014 le Mont-saint-michel au continent.
Ça y est, nous avons franchi la ligne d’arrivée. Nous avons parcouru la Véloscénie de bout en bout. Qu’a-t-on vu ? Des champs de blé et des cathédrales, des châteaux et des fermes, des pommiers et des chevaux… Un ravissant petit bout de France injustement méconnu des visiteurs étrangers. Pour le découvrir, il suffit de deux jambes et d’un bon vélo.