REPORTAGE
Die Pariser Feuerwehr ist eine Berufsfeuerwehr, die dem Militär unterstellt ist. Einblicke in ihren Alltag
Et l’inimaginable eut lieu. Dans l’après-midi, des couples de jeunes mariés, chinois ou coréens, se prenaient en photo devant les cerisiers du Japon et les pommiers en fleurs. Des touristes souriaient sous les tilleuls. À l’arrière-plan, les tours de Notre-dame de Paris et les gargouilles de la cathédrale se penchaient sur le jardin du square JEAN-XXIII. La mi-avril était douce. Le soleil allait se coucher du côté de la tour Eiffel. Il n’était pas 19 heures, ce 15 avril 2019. Mais quelque chose se passait en plein coeur de Paris : une fumée blanche, jaunâtre montait de l’île de la Cité. Puis des flammes sont apparues. Notre-dame est en feu. Les pompiers vont passer près de quinze heures à sauver le monument historique. Leur intervention aussi est entrée dans l’histoire.
Heureusement que les officiers n’ont pas écouté Donald Trump, qui conseillait de lâcher des tonnes d’eau au-dessus de la cathédrale depuis des canadairs. Fidèles à leur devise « Sauver ou périr », les 400 pompiers mobilisés ont au contraire attaqué le sinistre de l’intérieur, avant de déployer plusieurs grandes échelles et des bras articulés de plus de 40 mètres de haut autour du bâtiment. Des drones ont filmé, depuis le ciel, la toiture en feu et permis de positionner les lances à incendie au bon endroit. Colossus, le robot extincteur, est intervenu à l’intérieur de la cathédrale pour faire tomber la température qui dépassait 800° C et éteindre le feu.
Le bilan de cet incendie qui a ému le monde entier est d’un blessé parmi les pompiers... et d’un patrimoine plusieurs fois centenaire sauvé.
Interventions en tout genre
Mais toutes les interventions ne se font pas ainsi sous l’oeil des caméras du monde entier. Pour l’essentiel, les pompiers de Paris portent secours aux victimes d’un danger. Du sans-abri mal en point sur un
Les pompiers de Paris, 210 ans d’existence
trottoir à l’accidenté de la route. En tout, 500 000 situations plus ou moins graves mobilisent les pompiers de la capitale durant l’année. La sécurité civile ou le Samu interviennent parfois à leurs côtés. Ce sont par exemple les pompiers qui s’occupent du plus grand centre de vaccination de Paris contre le covid-19.
Les personnes, mais aussi les biens, sont sous leur protection, notamment quand des inondations se produisent. Les pompiers, répartis dans plus de 70 centres de secours, sont aussi naturellement sollicités dès qu’un départ de feu est signalé. En 2018, plus de 14 800 incendies ont nécessité l’intervention des pompiers à Paris et dans les trois départements voisins de la petite couronne. Cela représente à peine 3 % des sorties, mais 12 % du temps passé en intervention. C’est là aussi que les risques sont les plus grands, et chaque année des pompiers meurent en combattant les flammes ou dans des explosions.
En dix ans, plus d’une centaine de pompiers – souvent très jeunes – ont ainsi péri en portant secours aux autres. Tous les lundis, leur nom est rappelé lors d’une courte cérémonie dans chaque caserne.
Des journées chargées
L’emploi du temps des pompiers de Paris est très strict. Tout est fixé d’avance, sauf les interventions. À 6 h 30 : réveil et petit-déjeuner. 7 h 45 : rassemblement des pompiers, appel et changement de l’équipe de garde pour 24 ou 48 heures, puis inspection complète du matériel, de la grande échelle à la trousse de pansements. De 8 h 00 à 10 h 00 : sport pour tous, musculation, course, natation, gymnastique. À 10 h 00 : exercice de la planche. C’est une spécificité des pompiers de Paris. Leur forme physique est évaluée
Leur devise : « Sauver ou périr. »
chaque jour par ce test qui consiste à se hisser sur une planche suspendue à plus de deux mètres. De 10 h 30 à 12 h 00 : formation continue, manoeuvres sur le terrain. À midi : tout le monde déjeune. De 13 h 45 à 17 h 00 : entretien du centre de secours, travaux de réparation, maintenance du matériel, nettoyage. 17 h 00 : retour au sport avant de dîner à 19 h 00. Pendant la garde, la soirée se passe à l’intérieur de la caserne.
Tout est parfaitement huilé, et tout est fait, bien sûr, pour partir en intervention à tout instant. L’objectif est d’arriver sur le lieu du sinistre dans les dix minutes qui suivent l’alerte. Les véhicules sont prêts, les tenues aussi. Un pompier doit pouvoir s’habiller en quelques secondes. Pour chaque équipe appelée en intervention, une sirène spécifique retentit dans la caserne. Chacun sait ce qu’il doit faire. L’entraînement et la répétition des gestes sont, avec la forme physique, des gages d’efficacité et de rapidité. L’organisation de la caserne elle-même repose largement sur l’autonomie et les compétences des pompiers : de la cuisine au ménage, des réparations du bâtiment ou du matériel à l’entretien du linge, ils doivent savoir tout faire, et même, pour certains d’entre eux, présenter des galas de gymnastique, jouer dans un orchestre, faire visiter la caserne ou organiser le très populaire bal des pompiers qui a lieu chaque année pour la fête du 14 Juillet. Et c’est ainsi depuis plus de 200 ans !
Une formation et un statut militaires
Sur les 8500 hommes et femmes qui forment aujourd’hui la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, les trois quarts viennent de province. Ils sont jeunes, parfois à peine sortis du lycée. Parfois avec
un métier déjà, mais aussi des rêves, des envies de servir et d’aider, avec un besoin d’action et un goût prononcé pour les activités sportives.
Pour entrer à la brigade de sapeurspompiers de Paris, il faut avoir entre 18 et 25 ans, la nationalité française, au moins le brevet des collèges (90 % ont le bac ou plus), un casier judiciaire vierge et une excellente condition physique. Environ 1200 postes sont à pourvoir chaque année. Mais les épreuves de sélection et le parcours de formation ont une rigueur militaire : quatre mois de formation intensive, entre théorie et pratique, à l’école de la brigade, près de Paris ; deux mois d’adaptation supplémentaires en centre de secours.
L’intégration dans le corps d’élite des pompiers exige le sans-faute et une aptitude à la vie en groupe. La force de cette brigade, commandée par un général, tient aussi et surtout dans les liens étroits entre collègues.