Ecoute

ÉDITORIAL

- JEAN-YVES DE GROOTE DIRECTEUR DE PUBLICATIO­N D’ÉCOUTE

Dans ce bas monde, il n’y a pas de justice. Le contraste est parfois violent.

Lundi après-midi. Suite à une bisbille, je cherche à faire valoir mes droits. Je relis les clauses de mon contrat de travail. Plusieurs pages. Tout y est prévu et consigné. Le salaire : il est indiqué. Les congés : ils sont précisés. 30 jours. À prendre impérative­ment. Les horaires : ils sont libres, mais un horaire de base est à respecter : de 9 h 00 à 16 h 00. Temps de travail hebdomadai­re : 36 heures à effectuer. Les heures sup’ : à récupérer, si possible le mois suivant. Les tâches. Ah, les tâches, l’objet du litige… Elles sont écrites et énoncées point par point et noir sur blanc. Détaillées. Une liste exhaustive et précise. Il y a bien eu tentative d’abus. Je défendrai mes droits. Et j’en suis fier.

Lundi soir. Détente. Soirée télé. Reportage. À l’écran : des hommes en action. Sous adrénaline. La nuit. Et sous la pluie. Apparemmen­t, ils ne comptent pas leurs heures. Ce sont les hommes de la BSPP, la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Répartis en 76 points de la capitale, ils sont un peu plus de 8 500, et se partagent chaque année pas moins de 423 000 interventi­ons, soit plus de 1 150 par jour ! Leurs tâches sont variées. Imprévisib­les. Périlleuse­s. Chacun de leur geste est vital. Chaque départ en interventi­on est une inconnue. Chaque retour est incertain. Ils côtoient l’enfer, dansent avec la mort et sauvent des vies. Remplissen­t humblement leur devoir. Pour un salaire peu attractif…

Fin du reportage. Bilan dans ma tête. Je me repasse les moments forts. Des images et des sons me reviennent. Le feu, les cris, le stress, l’adrénaline, le sang-froid, encore des cris, le dévouement… En moi, un énorme sentiment de honte. Et de respect.

Dans ce bas monde, il n’y a pas de justice. Le contraste est parfois violent. Ces anges de l’enfer valaient bien un article (p. 56).

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