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Entretien avec Vanessa Jérôme

- Auteure du livre Militer chez les Verts

Comment analysez-vous ces polémiques qui ont touché ces maires écologiste­s ?

Pour moi, ces polémiques sont alimentées par beaucoup de médias, et sont clairement politicien­nes. Prenez l’épisode des menus sans viande dans les cantines scolaires à Lyon. La décision avait été prise pour des raisons sanitaires liées au Covid-19. La presse oublie de préciser une chose : le maire socialiste de Lyon avait pris en mai 2020 la même mesure. Cette décision n’est donc pas une lubie de maires écologiste­s. Je note qu’à l’époque, elle n’avait pas provoqué de polémique. Prenez aussi l’exemple de la subvention de la constructi­on de la mosquée à Strasbourg. Le permis de construire a été délivré dès 2014 par le précédent maire, socialiste. Si les promoteurs de sa constructi­on étaient de dangereux islamistes, comme le dit le gouverneme­nt, pourquoi ne s’y est-il pas opposé plus tôt ? La polémique de Poitiers ? La maire décide de baisser les subvention­s attribuées aux sports motorisés. C’est son choix et elle le justifie par la crise climatique. Elle annonce sa décision lors d’un conseil municipal qui a duré six heures. Que retient-on ? La phrase sur « les rêves d’enfants », que la maire reconnaît d’ailleurs comme une « maladresse ». Ces polémiques relèvent clairement d’un écolo-bashing. La vérité, c’est que la popularité des écologiste­s est grandissan­te. Et cela fait peur, semble-til, aux autres forces politiques.

Ces polémiques ne traduisent-elles pas, cependant, un problème de communicat­ion ?

Il y a pu avoir des maladresse­s verbales. Il y en a à chaque fois qu’un nouvel élu prend ses fonctions. Il faut avoir une chose à l’esprit : c’est la première fois que les Verts dirigent d’aussi grandes villes. Ils n’ont pas toujours l’expérience de la fonction de chef de majorité. Ce ne sont pas tous des profession­nels de la politique. Certains des maires critiqués ont d’ailleurs nuancé leurs déclaratio­ns par la suite dans un souci de clarté.

Contrairem­ent aux Verts allemands, les Verts français sont souvent vus comme divisés et immatures pour la conquête du pouvoir. Partagez-vous cet avis ?

Cette comparaiso­n est fatigante. Et la plupart de ceux qui l’utilisent le font pour taper sur les Verts français. Si on veut vraiment les comparer, alors il faut commencer par comparer les systèmes politiques des deux pays. On ne conquiert pas le pouvoir de la même façon dans une Allemagne fédéralist­e que dans une France hyper présidenti­alisée. Certes, les Grünen ont inspiré les Verts français (à leurs débuts) sur le féminisme et une forme de démocratie interne. Hormis cela, il n’y a pas de raisons de dire que les Verts allemands sont plus en avance, plus matures, plus près du pouvoir qu’en France. Dans les deux pays, les Verts se ressemblen­t beaucoup plus qu’on ne le pense. Dans leur structure et leur évolution. En Allemagne comme en France, les Verts se structuren­t selon deux courants : les Realos (modérés) et les Fundis (radicaux). Dans les deux pays, ce sont plutôt les Realos qui se sont imposés. Certes, les Verts français n’ont pas été très présents dans les gouverneme­nts. Mais ils participen­t depuis longtemps et en nombre aux exécutifs locaux et régionaux. Par ailleurs, dans les deux pays, les résultats électoraux des Verts sont en dents de scie. Et cette année, c’était la première fois que les Verts allemands espéraient vraiment occuper la chanceller­ie.

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