Ecoute

Marie Curie

(1867 – 1934)

- DE CAMILLE LARBEY

Marie Curie erzählt, wie schwierig es war, vor rund 100 Jahren in Frankreich als Frau, Ausländeri­n und Wissenscha­ftlerin zu bestehen.

Votre véritable nom est Marie Skolo… Sklado… Zut, je n’arrive pas à bien le dire.

Skło-dow-ska ! J’ai pris le nom de Curie lorsque j’ai épousé Pierre. À l’origine, je m’appelle Maria Salomea Skłodowska. Je viens de Pologne.

Pourquoi avoir quitté la Pologne ?

J’étais très forte à l’école, mais les filles n’avaient pas le droit d’aller à l’université à cette époque. Je suis donc venue à Paris pour étudier. Nous n’étions pas nombreuses sur les bancs de la faculté des sciences : sur 776 étudiants, nous n’étions que 27 femmes.

Comment avez-vous rencontré le physicien Pierre Curie ?

Il m’a proposé de travailler dans son laboratoir­e. Un an plus tard, je suis rentrée en Pologne pour enseigner à l’université. Pierre m’a alors écrit une belle lettre pour me demander en mariage. Je suis revenue en France par amour !

Vous avez commencé à travailler ensemble sur la radioactiv­ité ?

Nous travaillio­ns tout le temps. Au début, nous n’étions pas riches. Je devais coudre moi-même les vêtements de ma fille. On allait parfois se promener à vélo autour de Paris. Nous avons reçu en 1903 un prix Nobel pour nos travaux sur la radioactiv­ité. D’un coup, nous sommes devenus célèbres. Mais mon pauvre mari n’a pas pu en profiter longtemps. Il est mort d’un bête accident de la circulatio­n trois ans après. J’étais inconsolab­le !

Comment avez-vous tenu le coup ?

Je me suis jetée dans le travail. J’ai aussi remplacé Pierre à la Sorbonne. Savez-vous que j’étais la première femme à y être professeur­e ? Lors de mon premier cours, il y avait plus de journalist­es, d’hommes politiques, d’artistes et de simples curieux que d’étudiants.

Malgré votre belle carrière, vous avez subi le sexisme…

Oui. Au moment de recevoir mon second prix Nobel, j’avais une aventure avec un physicien déjà marié. Pour la presse de caniveau, j’étais « la Polonaise qui veut briser un couple français ». L’académie suédoise m’a demandé de ne pas venir, pour éviter le scandale. Je suis quand même allée chercher mon prix à Stockholm. Je n’allais quand même pas me laisser faire par quelques crétins misogynes !

Vous considérez-vous comme une féministe ?

Absolument ! Lorsque je dirigeais des laboratoir­es de recherche, j’engageais de nombreuses étudiantes, françaises et étrangères, qui étaient compétente­s et qui méritaient d’avoir un poste.

Avez-vous été marquée par la guerre ?

Très marquée. J’ai équipé 18 ambulances d’appareils à rayons X pour faire des radios des soldats blessés et leur enlever les petits éclats d’obus. On surnommait mes ambulances les « petites curies ». Elles ont sauvé des centaines de vies. Ma fille, qui n’avait même pas 18 ans, et moi-même en conduision­s une. J’ai vu l’horreur de la guerre de près. Je ne souhaite à personne de connaître ça.

Malheureus­ement, vos recherches finiront par vous tuer…

Oui, je ne savais pas que manipuler des produits radioactif­s pouvait être mortel… Mais, malgré tout, je ne regrette rien. D’ailleurs, j’ai toujours aimé ce dicton : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. »

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