Une merveille, un bijou…
11 octobre 2021. 22 heures 30.
Mon TGV arrive à Besançon. J’y ai loué une voiture pour continuer ma route deux jours plus tard, et partir à la découverte du Jura. Besançon. Étape obligée donc. Une petite ville de province, située là, sur la carte de France, entre Vesoul, Dole, Montbéliard et Pontarlier, entourée de collines, dépourvue d’exotisme, de plages et d’un climat méditerranéen. Un jour donc devrait suffire pour en faire le tour, la rayer de ma liste.
12 octobre 2021. 10 heures.
Je quitte mon hébergement et pars flâner dans les rues de Besançon. Mais qu’est-ce que c’est que cette ville ? Où suis-je ? C’est un choc. Je suis transporté. Transporté dans un monde parallèle et une autre époque. À chaque fenêtre, à chaque porte cochère, je m’attends à voir Cyrano apparaître, d’artagnan, ou même le bon roi Louis. Les places se succèdent, les ruelles s’entrelacent, les façades s’exhibent, mais sans ostentation… J’arpente les rues de la ville. Toutes les rues de la ville. Je marche, je me perds, je fatigue, mais les perspectives et le labyrinthe des rues suscitent chez moi un tel enthousiasme et une telle curiosité, que je ne peux me résigner à me poser. Pas d’entracte possible. La ville a clairement l’ascendant sur moi. Elle fait ce qu’elle veut : ce n’est plus moi qui décide, c’est elle. Elle mène la danse. C’est elle qui donne le tempo. Elle joue avec moi. Dans ce décor de théâtre, je commence à me prendre tantôt pour Le Bret, tantôt pour Aramis ou Richelieu. Je me surprends à me rêver futur Bisontin à la recherche d’un logis. Il serait là, sous cet enchevêtrement de toitures et de charpentes. Ou là, derrière cette baie vitrée qui laisse deviner un atelier et des hauteurs sous plafond jubilatoires. Ou plutôt ici, derrière cette grille, dans cette petite cour pavée… Je me rêve Bisontin.
12 octobre 2021. 23 heures 50.
Je suis épuisé. Physiquement et émotionnellement. Rassasié d’émerveillement. Mais frustré. J’y ai encore tellement de choses à découvrir, à ressentir, à voir. Et à revoir.
24 avril 2022. Début d’après-midi.
Autour d’un repas, un couple d’amis me parle de leurs dernières vacances dans le Doubs : « Jean-yves, on a découvert une petite ville pas très courue des touristes et peu connue des Français, mais alors, une merveille. Besançon, tu connais ?
– Ah non, c’est un peu court, jeune homme, c’est une merveille.
C’est un bijou. C’est une perle. Que dis-je, c’est une perle ? C’est un joyau… » Si je connais Besançon ? Si peu. Elle sera toujours sur ma liste. Depuis, ils se rêvent aussi Bisontins.