Paris impasse
Auch Christine macht sich Sorgen um die Gesundheit ihrer Mutter und deren Umgang mit dem Geld. So geht sie in deren Wohnung und findet ihr Testament.
PHOTOGRAPHIE
Ce sont souvent des lieux qui ne figurent pas dans les guides touristiques. Pourtant, les impasses ou rues sans issue, encore communément appelées « culs-de-sac », foisonnent à Paris. En 2015, alors qu’elle est en résidence d’artistes, la photographe belge Karin Borghouts se lance dans le projet d’en photographier une grande partie. Dans son album photo, environ 200 sont répertoriées : des impasses fleuries, agrémentées d’une table et de quelques chaises, des rues aux façades taguées, des ruelles pavées, des grilles qui permettent d’attacher des vélos, des garages… Mais sur tous ces clichés, jamais un être humain ! L’artiste argumente : « Je suis sensible aux espaces, aux intérieurs et aux bâtiments. Je ne suis pas une photographe de gens.» Un album qui permet de découvrir tous les arrondissements de Paris autrement.
6 novembre 2020.
« Christine, c’est un cauchemar ! Lucas est à l’hôpital à cause de cette merde de Covid. Et hier, en vidant sa boîte aux lettres, j’ai trouvé une lettre de ta soeur le menaçant de poursuites pour abus de faiblesse ! »
Christine s’inquiéta de la voix angoissée de son amie Sophie.
« Lucas est contaminé ?! Pourquoi tu me l’as pas dit avant ?
– Il va mieux et je voulais pas vous inquiéter. Vous aviez d’autres chats à fouetter avec ta maman. Christine, je n’ai pas dormi de la nuit. Isabelle accuse Lucas d’avoir abusé de ta mère en lui faisant signer quatre chèques de 2 000 euros à son nom. Je sais pas quoi en penser. Tu étais au courant ?
– Bien sûr que non !
– Tu en crois Lucas capable ?
– Je ne sais pas, mais Isabelle n’a pas pu inventer l’existence de ces quatre chèques ! Elle a dû fouiner dans les comptes de maman. Lucas a des problèmes d’argent ?
– Forcément, avec le Covid, tous ses engagements ont été annulés depuis mars. Les derniers mois, il s’est renfermé de plus en plus, je savais pas ce qu’il faisait de ses journées. J’ai fini par lui apporter des autotests antigéniques de la pharmacie pour qu’il puisse faire un peu de musique avec ses collègues. Et il a commencé à déconner. Il y a 15 jours, j’ai trouvé un autotest positif du jour même dans sa salle de bains. Il m’a dit qu’il n’était pas sorti depuis trois jours. Et que de toute façon, il ne se fiait pas aux tests, qu’il était jeune et en bonne santé et qu’il ne pouvait rien lui arriver. Tu parles ! Heureusement qu’il ne m’a pas contaminée ! »
Christine se tut un moment, puis reprit : « Sophie, tu te souviens du jour exact où tu as trouvé ce test positif ?
– Oui, c’était un jeudi, le 22 octobre.
– Et le dernier chèque de 2 000 euros date de quand ?
– Attends, je regarde dans la lettre d’isabelle… D’après elle, il date du 22 octobre. »
La voix de Christine se fit plus dure : « Sophie, tu avais bien dit à Lucas de plus aller chez maman à cause des risques de contamination ?
– Bien sûr et alors ?
– Et alors, tu ne trouves pas que ça fait beaucoup de coïncidences ? Le jour du test positif
de Lucas, maman lui fait un chèque de 2 000 euros et huit jours plus tard, elle a les premiers symptômes de Covid. Alors qu’elle ne sort plus de chez elle, et que personne autour d’elle n’est contaminé. »
Une heure plus tard, Christine entrait dans la chambre de Louise. Elle baissa la tablette du secrétaire et appuya sur le petit rond en bronze incrusté dans l’un des compartiments. Un tiroir secret se propulsa en avant, laissant apparaître une enveloppe blanche. Christine y reconnut l’écriture de sa mère. Elle était la seule des trois enfants à être au courant de l’existence d’un testament, mais elle n’en connaissait pas le contenu. Elle sortit la feuille de l’enveloppe et lut rapidement les quelques lignes.
« Paris, le 20 juin 2020.
Voici mes dernières volontés :
Je souhaite que ma fille Christine hérite du tiers de ma succession. Je souhaite qu’isabelle et Laure touchent leur réserve héréditaire, c’est-à-dire chacune 75 % du tiers de ma succession. Je fais le don du montant restant à monsieur Lucas Farge, que j’aime comme un fils, en remerciement des nombreuses heures musicales passées avec lui dans la joie. Louise Madeleine Suzanne Leroy.»
Christine resta un moment interdite. Le mauvais pressentiment qui l’avait fait ouvrir le testament était donc juste. Louise était-elle sous l’emprise de Lucas ? Celui-ci connaissait-il l’existence de ce testament et avait-il contaminé volontairement Louise ? Elle remit le document dans le secrétaire. Elle décida de ne rien dévoiler à Isabelle et Laure avant d’avoir pu parler à sa mère. Encore fallait-il que Louise guérisse…
16 novembre 2020.
L’ambulancier ouvrit les portes arrière du véhicule. Louise apparut sur son fauteuil roulant et fit un grand sourire en voyant ses trois filles sur le trottoir devant son immeuble. Avec une grimace espiègle, elle fit un bras d’honneur et dit haut et fort : « J’emmerde le Covid ! »
Isabelle applaudit sa mère, Laure prit des photos. Christine, elle, avait les larmes aux yeux. Elle était à la fois heureuse de revoir sa mère et très angoissée à l’idée des questions qu’elle devrait bientôt lui poser. Et dont les réponses scelleraient le sort de Lucas.