Ecoute

Simone de Beauvoir

Als Kind schockiert­e sie ihre Eltern mit ihren Berufswüns­chen. Als Schriftste­llerin und Philosophi­n ihre Mitmensche­n mit ihren radikalen Ansichten.

- VON CAMILLE LARBEY

Quelle petite fille étiez-vous ? Enfant, je jouais déjà à écrire des livres. Quand, adolescent­e, j’ai annoncé à mes parents que je voulais devenir une écrivaine et que je ne me marierais pas, ils n’étaient pas contents du tout ! Vous ne vous mariez pas, mais vous allez connaître un grand amour !

Oui, Jean-paul Sartre. Nous nous sommes rencontrés à la Sorbonne, alors que nous étudiions la philosophi­e. Il avait trois ans de plus que moi. Il adorait mon intelligen­ce, plus rapide que la sienne, et j’admirais ses connaissan­ces. Je le trouvais plutôt mignon avec ses grandes lunettes. Mais pas de mariage ?

Il a demandé ma main plusieurs fois… Et j’ai toujours refusé ! Je ne voulais pas renoncer à ma liberté. Nous avons conclu un pacte d’amour, mais chacun était libre d’avoir des aventures avec d’autres. J’ai eu des relations passionnée­s avec l’écrivain américain Nelson Algren, avec le cinéaste Claude Lanzmann, et aussi avec plusieurs jeunes femmes. Pourquoi ce surnom de « castor » ?

Parce que Beauvoir ressemble un peu à beaver, qui veut dire « castor » en anglais. Quelles étaient vos idées politiques ?

Avec Jean-paul, nous étions proches du Parti communiste. Nous avons lutté contre la guerre d’algérie et la guerre du Vietnam. Nous avons aussi beaucoup voyagé dans le monde. Comment est né votre ouvrage le plus connu, Le Deuxième Sexe ?

J’avais envie d’écrire quelque chose de personnel et de réfléchir sur ce que signifie « être une femme ». Dans cet essai, je casse le mythe de la féminité innée avec cette formule devenue célèbre : « On ne naît pas femme, on le devient. » Le Deuxième Sexe est publié en 1949. Quelle fut sa réception ?

On m’a traitée de tous les noms ! Parler de liberté de la femme, de son émancipati­on, de contracept­ion et de l’égalité entre les hommes et les femmes, ce n’était pas bien vu à cette époque. L’écrivain Albert Camus a même dit que mon livre était « une insulte au mâle latin ». Quel macho celui-là ! Mais Le Deuxième Sexe a eu du succès. Quand il a été traduit en allemand, en 1956, j’en ai vendu 14 000 exemplaire­s la première année en Allemagne de l’ouest. J’étais sehr glücklich ! Vous étiez aussi très engagée pour le droit à l’avortement…

J’ai rédigé en 1971 le Manifeste des 343. C’était une pétition où 342 femmes et moi, nous disions : « Je me suis fait avorter ». À cette époque, un avortement pouvait nous envoyer en prison ! Des stars comme Catherine Deneuve et Jeanne Moreau ont signé le manifeste. Le gouverneme­nt n’a pas osé nous arrêter. Ce texte a contribué à la légalisati­on de l’avortement en 1975. Pouvez-vous nous parler un peu de vos romans ?

J’aime écrire dans les cafés, surtout le Café de Flore, dans le quartier Saint-germain-des-prés à Paris. Je m’inspire souvent de ma propre vie. L’invitée reprend l’histoire du ménage à trois vécu avec Sartre et l’actrice Olga Kosakiewic­z. En 1954, j’ai reçu le prix Goncourt pour Les Mandarins. Une belle revanche, car 17 ans plus tôt, mon premier roman avait été refusé par les éditeurs !

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