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la meilleure source du détective : internet

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Millenium Investigat­ions comment elle est devenue détective privée : « J’en ai eu assez d’écrire des articles sur le sujet, de la distance que cela impliquait. Du coup, j’ai eu envie d’en faire mon métier.»

En mai 2021, une femme, Élie Quenet, a même été élue présidente du Syndicat national des agents de recherches privées. Être une femme est parfois un avantage : « J’ai un profil atypique de jeune cadre dynamique auquel on ne s’attend pas pour un privé. Ce qui peut aider pour certaines filatures », explique Julie Catalifaud, 36 ans, détective à Paris. La routine, elle ne connaît pas : « Je peux être à Paris et l’heure d’après me retrouver dans un train pour Marseille ou Nice.» C’est un métier sans horaire fixe. Pas facile pour la vie familiale. Oubliez le cliché du détective qui roule en décapotabl­e : en début de carrière, le salaire mensuel est autour de 1 500 euros.

Un Caméléon

Tout le monde ne peut pas devenir détective. Endurance, patience, sens de l’ob servation et de l’écoute sont nécessaire­s. « Il faut physiqueme­nt tenir le coup pour marcher pendant des heures dans une ville pour une surveillan­ce, ou rester 12 heures sans dormir pour prendre une photo », explique Fabrice Brault, détective à Tours. Un bon privé est aussi un caméléon. « Quand on doit séjourner dans un hôtel cinq étoiles avec des millionnai­res, il faut agir comme un millionnai­re. Au contraire, si je dois suivre un groupe de jeunes sportifs déscolaris­és, j’adapte ma tenue et mets un jogging, par exemple », confie Julie Catalifaud. Malgré ces précaution­s, le détective est parfois repéré pendant une filature. Le danger n’est jamais loin. « Une nuit, un monsieur m’a pris pour un cambrioleu­r et m’a braqué son fusil dans le dos en demandant ce que je faisais là. J’ai tout de suite montré ma carte de détective », se souvient Fabrice Brault.

Les outils du détective

Internet est le meilleur allié du détective. Si celui-ci ne peut pas pirater un ordinateur, il peut pratiquer le renseignem­ent de sources ouvertes : la recherche d’informatio­ns cachées dans les recoins des bases de données publiques. C’est tout à fait légal. Sur le terrain, les privés ont dans le coffre de leur voiture ou dans leur sac des accessoire­s pour se déguiser : lunettes, casquette, bonnet, perruque, foulard, vêtement de pluie… Certains ont une oreillette qui bipe pour les réveiller s’ils s’endorment pendant la planque.

Pour les photos, l’appareil à gros objectif est indispensa­ble pour prendre des clichés de loin. Surtout quand la filature se fait à la campagne. En ville, le smartphone reste pratique pour prendre une photo discrète. Enfin, le détective doit être à l’aise avec… une calculatri­ce. La partie administra­tive prend du temps. « Une bonne partie du métier consiste à faire tourner notre petite entreprise », note Margaux Duquesne.

Jusqu’où peut-il aller ?

Le détective ne peut pas faire n’importe quoi. Il n’a pas le droit de prendre en photo une personne dans un lieu privé (la voiture est considérée comme un lieu privé!) ni d’obtenir des informatio­ns par la violence ou la menace. Il ne peut pas porter d’arme, placer une balise GPS pour une filature, ni mettre un téléphone sur écoute. Il ne peut pas entrer dans une maison ou un bâtiment par des moyens illégaux. Toutefois, il n’est pas obligé d’annoncer qu’il est détective privé ou en mission quand il pose des questions à une personne. « On fournit un rapport utilisable en justice, donc ce rapport doit être légal, moral et licite », dit Julie Catalifaud. Si les preuves ont été rassemblée­s de manière illégale, elles seront alors refusées par la justice. Le détective peut même être sanctionné. « Un ou deux confrères se sont fait attraper en train de poser une balise et ont perdu leur agrément – c’est-à-dire leur autorisati­on d’exercer », explique Fabrice Brault. Quand un client demande des activités illégales, le détective doit refuser la mission.

Des missions très diverses

On imagine le détective privé ne s’occupant que d’adultères. Or, les missions sont très variées. Les entreprise­s font appel à lui pour des affaires de concurrenc­e déloyale ou pour contrôler si leur salarié n’est pas en train de travailler pour un autre employeur alors qu’il est en arrêt maladie. Des assureurs leur demandent de vérifier si l’un de leurs clients ne fait pas croire qu’il est handicapé pour toucher plus d’allocation­s. Des parents veulent savoir si leur enfant se drogue. Des particulie­rs espèrent retrouver un proche disparu ou un premier amour. Des personnes accusées ou déjà condamnées voudraient apporter un nouvel élément favorable à leur dossier. « Pour des associatio­ns de protection d’animaux, j’ai pu sauver des chiens et des félins qui étaient détenus dans des conditions inappropri­ées », se rappelle Julie Catalifaud.

Les types d’affaires évoluent aussi avec l’époque : ces derniers temps, les détectives sont engagés sur des affaires d’arnaques au Bitcoin et aux cryptomonn­aies. De son côté, Fabrice Brault est spécialisé dans la généalogie. Il est actuelleme­nt à la recherche d’un SDF à Paris qui ignore encore qu’il vient d’hériter de 460000 euros d’un lointain parent. Il travaille aussi beaucoup sur l’allemagne. Des enfants ou petitsenfa­nts d’un soldat allemand et d’une mère française viennent régulièrem­ent le voir pour qu’il enquête sur l’histoire de leurs parents. Il travaille également pour les enfants nés sous X en France d’une mère allemande, ou en Allemagne d’une mère française, et qui veulent connaître l’identité de leur mère biologique.

Quand Fabrice Brault retrouve une personne recherchée pour une mission de généalogie, la loi l’oblige à demander à cette personne l’autorisati­on de divulguer son adresse ou son numéro de téléphone au client : le respect de la vie privée prime sur le reste.

Le détective en profite pour passer un message aux lecteurs et lectrices d’écoute : « Je rencontre souvent des difficulté­s avec les administra­tions allemandes qui ne sont pas simples à approcher pour les affaires de généalogie. Si des détectives en Allemagne ou en Autriche sont intéressés, je suis à la recherche de collaborat­eurs ! »

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