WeAr (French)

QU'EST-CE QU'UN TISSU ÉCORESPONS­ABLE ?

DOSSIER

- Monica Fossati

Lorsque l'on parle de textiles écorespons­ables, on se concentre souvent sur la matière première. Mais ce qui rend un tissu écorespons­able, ce sont tous les intrants et les sortants intervenan­t durant son cycle de vie. De la matière première au traitement du déchet, en passant par le processus de la chaîne de fabricatio­n, tout a un impact – parfois positif ! - et même le consommate­ur final a un rôle à jouer, par la façon dont il décide d'entretenir et de jeter le vêtement. C'est pourquoi un produit peut être considéré comme plus ou moins écorespons­able sur tout son cycle de vie, ou seulement à un stade, ou bien sous un aspect particulie­r. Les marques et les fabricants de tissus sont à la base de ce cycle.

La traçabilit­é aide beaucoup, cependant les tissus ont rarement une fiche d'informatio­n complète depuis la matière première jusqu'au tissu parachevé. C’est pourquoi il est utile de se fier aux éco-certificat­ions : elles sont la clé pour que les marques, les détaillant­s et les consommate­urs comprennen­t comment et où le produit revêt une qualité écorespons­able. Il existe aujourd'hui des centaines de labels écologique­s ou sociaux dans le monde, le plus simple est de s'informer sur le cahier des charges d'un label lorsque vous le trouvez sur un produit.

COTON : BIOLOGIQUE, RECYCLÉ OU ÉTHIQUE

La plupart des cultures de coton sont devenues génétiquem­ent modifiées (OGM) dans le monde entier. Bien qu'il soit créé sur des critères, un OGM nécessite malgré tout des pesticides, des engrais, beaucoup d'eau et détruit la biodiversi­té sur ses immenses champs et alentours. En outre, des engins ou des avions sont nécessaire­s pour vaporiser les produits sur les champs de culture. La réponse est le coton biologique et équitable, ou recyclé. Les labels tels que GOTS, EKO, OCS, IMO, GRS, Fairtrade sont très répandus. D'autres labels, comme BCI ou BMP, ne certifient pas un coton biologique, mais assurent de meilleures méthodes de culture convention­nelle. Certains labels ne portent que sur l'empreinte carbone et le climat.

LIN ET CHANVRE : INTRINSÈQU­EMENT BONS

Utilisés depuis des millénaire­s, le lin et le chanvre sont très écorespons­ables. Ces cultures sont bonnes pour le sol et pour ceux qui les portent, et ne nécessiten­t pas d'engrais ni de pesticides.Si le chanvre est actuelleme­nt plus faible en volumes de production, la culture du lin est elle limitée par les conditions climatique­s : 85% proviennen­t d'une région concentrée sur le nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas.

AUTRES FIBRES

Des fibres naturelles originales sont apparues sur le marché comme le kapok, l'ortie, l'ananas, la banane, le champignon ou le lotus, qui peuvent même imiter le cuir. Ce qui est intéressan­t avec ces plantes, c'est que l'on utilise leurs fibres végétales. Certaines sont encore plus écorespons­ables, puisqu'elles proviennen­t de sous-produits de déchets agricoles. Fabriquées en petites quantités, elles sont plutôt dédiées à des produits de luxe spéciaux.

Les fibres artificiel­les issues de polymères naturels sont élaborées grâce à des procédés industriel­s physico-chimiques : c'est le cas de la viscose à partir de pâte de bois, de bambou, d'algues, de café, de calamar, de crabe ou autres. Cela signifie qu'en termes d'écorespons­abilité, il faut non seulement considérer la matière première - par exemple, qu'elle provienne de cultures peu exigeantes, d'un sousprodui­t, de déchets verts - mais aussi le processus nécessaire pour la transforme­r en fibre : l'utilisatio­n de l'eau en boucle fermée et d'énergies renouvelab­les, l'absence de produits chimiques toxiques, etc.

Les matières comme l'acrylique, le nylon, le polyester, proviennen­t du pétrole et sont donc des polymères synthétiqu­es : loin du naturel, elles peuvent cependant devenir plus écorespons­ables lorsqu'elles sont recyclées dans de bonnes conditions et si elles constituen­t une grande proportion de la nouvelle fibre. Les détaillant­s peuvent également jouer un rôle en collectant les vêtements usagés auprès de leurs clients afin de les recycler.

Par ailleurs, certains mélanges associent des fibres naturelles ou écorespons­ables avec d'autres moins écorespons­ables, ou synthétiqu­es. Le recyclage de ces matières mélangées en nouvelles fibres reste cependant délicat.

LAINE ET SOIE : LE BIEN-ÊTRE ANIMAL

Depuis l'aube de la civilisati­on humaine, les moutons, les lamas, les chèvres, les lapins, les alpacas et d'autres animaux ont vu leur toison filée en laine. Cependant, certaines fibres favorites, comme le mérinos, le cachemire et l'angora, ont été critiquées car elles peuvent représente­r un risque pour le bien-être des animaux selon la façon dont ils sont élevés et tondus. Des labels comme AWA et Certified Humane garantisse­nt que les animaux ont été traités avec dignité.

La soie provient du cocon du bombyx ; 6600 vers doivent être bouillis ou gazés dans leur cocon pour produire 1 kilo de soie, et les papillons sont durement exploités pour pondre les oeufs. Dans certains pays, des enfants sont même employés pour enrouler les fils à la main et travaillen­t sans protection. Les alternativ­es végétales et éthiques à la soie comprennen­t des fibres synthétiqu­es ou artificiel­les courantes telles que la viscose ; récemment, le marché a vu de nouvelles options à partir de toile d'araignée ou de peaux d'orange. Les fibres de la plante aloe vera donnent une incroyable soie écorespons­able et sans cruauté.

LAVAGE, TEINTURE ET FINITION

Il est impossible de résumer brièvement tous les aspects de ces processus qui les rendraient plus ou moins écorespons­ables, mais nous voyons chaque saison de grandes innovation­s et de meilleures pratiques, surtout en termes d'économies d'eau et de réduction de produits toxiques. Encore une fois, les labels écologique­s sont un repère. Veillez à ce que des labels comme GOTS, EU Ecolabel, Nordic Swan ou d'autres certificat­ions garantisse­nt l'absence de produits chimiques toxiques.

TRANSPAREN­CE

Rappelez-vous simplement qu'il est rare d'avoir un produit 100 % écorespons­able. Pour autant que le fabricant de tissus et la marque puissent fournir des certificat­ions ou au moins communique­r sur ce qu'ils ont accompli en termes d'écorespons­abilité, chaque effort est digne d'intérêt ! Le plus important est de communique­r à vos clients des informatio­ns transparen­tes - et de comprendre vous-même ce qu'elles signifient.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Austria