QU'EST-CE QU'UN TISSU ÉCORESPONSABLE ?
DOSSIER
Lorsque l'on parle de textiles écoresponsables, on se concentre souvent sur la matière première. Mais ce qui rend un tissu écoresponsable, ce sont tous les intrants et les sortants intervenant durant son cycle de vie. De la matière première au traitement du déchet, en passant par le processus de la chaîne de fabrication, tout a un impact – parfois positif ! - et même le consommateur final a un rôle à jouer, par la façon dont il décide d'entretenir et de jeter le vêtement. C'est pourquoi un produit peut être considéré comme plus ou moins écoresponsable sur tout son cycle de vie, ou seulement à un stade, ou bien sous un aspect particulier. Les marques et les fabricants de tissus sont à la base de ce cycle.
La traçabilité aide beaucoup, cependant les tissus ont rarement une fiche d'information complète depuis la matière première jusqu'au tissu parachevé. C’est pourquoi il est utile de se fier aux éco-certifications : elles sont la clé pour que les marques, les détaillants et les consommateurs comprennent comment et où le produit revêt une qualité écoresponsable. Il existe aujourd'hui des centaines de labels écologiques ou sociaux dans le monde, le plus simple est de s'informer sur le cahier des charges d'un label lorsque vous le trouvez sur un produit.
COTON : BIOLOGIQUE, RECYCLÉ OU ÉTHIQUE
La plupart des cultures de coton sont devenues génétiquement modifiées (OGM) dans le monde entier. Bien qu'il soit créé sur des critères, un OGM nécessite malgré tout des pesticides, des engrais, beaucoup d'eau et détruit la biodiversité sur ses immenses champs et alentours. En outre, des engins ou des avions sont nécessaires pour vaporiser les produits sur les champs de culture. La réponse est le coton biologique et équitable, ou recyclé. Les labels tels que GOTS, EKO, OCS, IMO, GRS, Fairtrade sont très répandus. D'autres labels, comme BCI ou BMP, ne certifient pas un coton biologique, mais assurent de meilleures méthodes de culture conventionnelle. Certains labels ne portent que sur l'empreinte carbone et le climat.
LIN ET CHANVRE : INTRINSÈQUEMENT BONS
Utilisés depuis des millénaires, le lin et le chanvre sont très écoresponsables. Ces cultures sont bonnes pour le sol et pour ceux qui les portent, et ne nécessitent pas d'engrais ni de pesticides.Si le chanvre est actuellement plus faible en volumes de production, la culture du lin est elle limitée par les conditions climatiques : 85% proviennent d'une région concentrée sur le nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas.
AUTRES FIBRES
Des fibres naturelles originales sont apparues sur le marché comme le kapok, l'ortie, l'ananas, la banane, le champignon ou le lotus, qui peuvent même imiter le cuir. Ce qui est intéressant avec ces plantes, c'est que l'on utilise leurs fibres végétales. Certaines sont encore plus écoresponsables, puisqu'elles proviennent de sous-produits de déchets agricoles. Fabriquées en petites quantités, elles sont plutôt dédiées à des produits de luxe spéciaux.
Les fibres artificielles issues de polymères naturels sont élaborées grâce à des procédés industriels physico-chimiques : c'est le cas de la viscose à partir de pâte de bois, de bambou, d'algues, de café, de calamar, de crabe ou autres. Cela signifie qu'en termes d'écoresponsabilité, il faut non seulement considérer la matière première - par exemple, qu'elle provienne de cultures peu exigeantes, d'un sousproduit, de déchets verts - mais aussi le processus nécessaire pour la transformer en fibre : l'utilisation de l'eau en boucle fermée et d'énergies renouvelables, l'absence de produits chimiques toxiques, etc.
Les matières comme l'acrylique, le nylon, le polyester, proviennent du pétrole et sont donc des polymères synthétiques : loin du naturel, elles peuvent cependant devenir plus écoresponsables lorsqu'elles sont recyclées dans de bonnes conditions et si elles constituent une grande proportion de la nouvelle fibre. Les détaillants peuvent également jouer un rôle en collectant les vêtements usagés auprès de leurs clients afin de les recycler.
Par ailleurs, certains mélanges associent des fibres naturelles ou écoresponsables avec d'autres moins écoresponsables, ou synthétiques. Le recyclage de ces matières mélangées en nouvelles fibres reste cependant délicat.
LAINE ET SOIE : LE BIEN-ÊTRE ANIMAL
Depuis l'aube de la civilisation humaine, les moutons, les lamas, les chèvres, les lapins, les alpacas et d'autres animaux ont vu leur toison filée en laine. Cependant, certaines fibres favorites, comme le mérinos, le cachemire et l'angora, ont été critiquées car elles peuvent représenter un risque pour le bien-être des animaux selon la façon dont ils sont élevés et tondus. Des labels comme AWA et Certified Humane garantissent que les animaux ont été traités avec dignité.
La soie provient du cocon du bombyx ; 6600 vers doivent être bouillis ou gazés dans leur cocon pour produire 1 kilo de soie, et les papillons sont durement exploités pour pondre les oeufs. Dans certains pays, des enfants sont même employés pour enrouler les fils à la main et travaillent sans protection. Les alternatives végétales et éthiques à la soie comprennent des fibres synthétiques ou artificielles courantes telles que la viscose ; récemment, le marché a vu de nouvelles options à partir de toile d'araignée ou de peaux d'orange. Les fibres de la plante aloe vera donnent une incroyable soie écoresponsable et sans cruauté.
LAVAGE, TEINTURE ET FINITION
Il est impossible de résumer brièvement tous les aspects de ces processus qui les rendraient plus ou moins écoresponsables, mais nous voyons chaque saison de grandes innovations et de meilleures pratiques, surtout en termes d'économies d'eau et de réduction de produits toxiques. Encore une fois, les labels écologiques sont un repère. Veillez à ce que des labels comme GOTS, EU Ecolabel, Nordic Swan ou d'autres certifications garantissent l'absence de produits chimiques toxiques.
TRANSPARENCE
Rappelez-vous simplement qu'il est rare d'avoir un produit 100 % écoresponsable. Pour autant que le fabricant de tissus et la marque puissent fournir des certifications ou au moins communiquer sur ce qu'ils ont accompli en termes d'écoresponsabilité, chaque effort est digne d'intérêt ! Le plus important est de communiquer à vos clients des informations transparentes - et de comprendre vous-même ce qu'elles signifient.