Chapitre II

Le lendemain, un grand nombre de gens blancs est arrivé au village. Leur chef voulait rencontrer le père d'Abdoul. Ils devaient obtenir une autorisation pour construire une route et le père d'Abdoul était la personne compétente pour leur dire comment l'obtenir. L ́homme est rentré à la maison avec une petite fille.

Abdoul n'avait jamais vu une fille si petite et si blanche. Elle avait des grands yeux bleus, des cheveux blonds raides et légèrement ébouriffés et les lèvres rosées comme une fleur sauvage.

Abdoul a tout de suite compris que c'était la lune qui était venue lui rendre visite. L'homme a ensuite dit au père d'Abdoul :

- Excusez-moi, monsieur, j'ai dû amener ma fille. Je vous assure qu'elle ne vous dérangera pas.

Le père d'Abdoul a dit :

-Abdoul, prends soin d'elle alors que nousdiscutons.

Abdoul a hoché la tête. Les adultes sont partis et la fille a commencé à dire:

-Bonjour, je m'appelle Coco et je n'ai pas besoin de toi pour veiller sur moi.

-Salut, je suis Abdoul et si mon père m'a dit de m'occuper de toi, je le ferai, que tu le veuilles ou non.

Ils se sont regardés dans les yeux, sans rien dire. Au bout d'un moment, Abdoul a pris la main de Coco. Il n' avait jamais touché rien d'aussi doux. Il a dit :

-Viens avec moi. On va jouer avec mes copains.

Coco a répondu:

-Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée.

Mais Abdoul a insisté:

-Mon père m'a dit de m'occuper de toi, mais il n'a pas précisé le lieu. Allons jouer.

Et il a tellement souri en parlant que ses yeux se sont illuminés et ses dents ont brillé si fort qu'elles semblaient se détacher du visage. Coco lâcha sa main et le suivit. Sur la grande esplanade de la savane, où ils se retrouvaient pour jouer, Abdoul s'est mis à siffler si fort que Coco a dû se boucher les oreilles. On ne sait pas comment sont apparus les enfants. Eux aussi n'avaient jamais vu une fille si blanche.

Certains d'entre eux n'avaient même jamais vu un blanc tellement près. Il les a tous regroupés et a dit:

- Voici Coco. Aujourd'hui, elle va jouer aux batailles avec nous. Elle fait partie de mon équipe. Quelqu'un d'autre veut être avec moi?

Les enfants se sont regardés sans savoir quoi faire. Enfin, Abdoulá, le meilleur ami d'Abdoul, a dit :

- Moi, je viens avec toi. -Quelqu'un d'autre? - a demandé Abdoul. Personne n ́a dit plus rien.

Abdoulah lui a chuchoté :

- Es-tu sûr de vouloir jouer? Ils sont dix et nous ne sommes que trois.

Abdoul a dit :

- Bien sûr on va jouer, et nous allons gagner ! Les autres ont rigolé et avant qu'ils ne se rendent compte, Abdoul, Coco et Abdoulah étaient partis.