La cruauté sans remords
Le recueil de nouvelles Cruelles, publié tout juste à temps pour l’halloween, rassemble des textes parfois effrayants, parfois inquiétants, dans lesquels la cruauté des personnages féminins est explorée sous tous ses aspects.
Les histoires d’horreur, gore, de manipulations, les histoires qui font grincer des dents ont toujours eu quelque chose de profondément dérangeant, une caractéristique qui distingue nettement ce genre littéraire des autres types de fiction. À la lecture d’un roman d’amour, d’un récit historique ou d’un conte fantastique, les émotions ressenties peuvent être tout aussi intenses, mais de façon générale, il y règne un confort. Tel n’est pas le cas des histoires où la cruauté froide s’impose fièrement, et ce, sans justification.
Chose curieuse, cet inconfort réussit tout de même à nous tenir en haleine à travers ces aventures sombres, il nous pousse à y revenir aussitôt les premières sensations de dégoût dissipées, l’hostilité qui le tapisse agissant sur nous comme une sorte de magnétisme noir. Et petit à petit, on en prend le pli avec un plaisir assumé, tel un corps contorsionné qui aura trouvé son repos. C’est cette ambiance souvent inquiétante, ce ton toujours un peu froid, qui se dégagent à la lecture des différentes nouvelles qui composent le livre Cruelles publié le 6 octobre aux Éditions Tête première, un collectif dirigé par Fanie Demeule et Krystel Bertrand.
« Je ne dirais pas qu’elles sont toutes effrayantes, il y en a qui sont plus dérangeantes qu’effrayantes, mais elles sont quand même dans la veine du dérangé », résume d’emblée Krystel Bertrand à propos des différents textes que rassemble le recueil. Ce sont dix autrices et auteurs, dont MarieJeanne Bérard, Olivier Sylvestre, Marie-pier Lafontaine, Anya Nousri et Patrick Senécal, qui ont accepté avec enthousiasme l’invitation des deux codirectrices.
Lac ruauté des femmes mise de l’avant
Ce qui les rassemble ? La violence et la cruauté sans excuses ni remords des personnages féminins.
« Krystel et moi avons un intérêt commun très fort pour tout ce qui est dérangeant, étrange, sombre, indique Fanie Demeule. Et on cherchait vraiment une thématique qui rejoignait à la fois cet aspect-là, mais en même temps quelque chose de féministe, parce que c’est cherànotrecoeur.»
« On en est venu à réfléchir à la question de la cruauté des femmes, quelque chose qui est encore assez sousreprésenté, ou du moins représenté d’une manière toujours un peu univoque, poursuit-elle. La fameuse vilaine qui est tout le temps l’antagoniste, c’est toujours un personnage super intéressant, mais on reste toujours un peu sur notre faim parce que c’est le personnage très lointain, qui est toujours pensé en binarité, en confrontation avec le personnage principal. Et là, on avait vraiment envie d’aller explorer, d’aller plonger dans la psyché de la cruauté, plutôt que de la maintenir à distance comme on le voit plus traditionnelle ment .»