Reprises de logements douteuses
Un rapport accablant démontre que 85 % des reprises et des évictions de logements par les propriétaires seraient des tactiques frauduleuses pour réaliser des profits, sur lesquelles le Tribunal administratif du logement semble fermer les yeux.
Ces chiffres proviennent d’une enquête du Comité logement de La Petite-patrie réalisée entre 2015 et 2020. L’organisme de défense des droits des locataires a étudié les cas de 363 logements faisant l’objet de reprises et d’évictions dans l’arrondissement de La Petite-patrie.
« On constate que lorsqu’il y a de l’argent à faire, les propriétaires utilisent massivement des tactiques frauduleuses ou malveillantes pour évincer les locataires », lance Martin Blanchard, responsable du Comité logement.
Alarmant
Le rapport, publié aujourd’hui, dont Le Journal de Montréal a obtenu copie, dresse un portrait « bien plus alarmant » que prévu.
Dans 85 % des cas, il s’agirait de « fraude ou de malveillance des propriétaires », qui auraient caché la véritable raison de la reprise des logements aux locataires ou même au Tribunal.
« On voulait savoir s’ils respectaient leur engagement après avoir mis les locataires à la porte, fait valoir M. Blanchard. On avait de gros doutes. »
De vrais chiffres
Le rapport présente notamment le subterfuge qu’aurait utilisé un propriétaire d’un immeuble de La Petite-patrie
demeurant en Alberta. Il avait demandé à un locataire de quitter son appartement pour que sa femme, atteinte d’un cancer, puisse avoir un pied-à-terre pour visiter ses parents à Montréal.
« Touché par l’histoire, il a signé une entente et a quitté le logement, raconte M. Blanchard. Mais, dès le lendemain, les rénovations ont commencé, la place a été relouée plus cher et, l’année suivante, l’immeuble était revendu. »
Cette enquête pourrait représenter la réalité d’autres arrondissements de Montréal, voire d’autres villes de la province.