De nouvel arrivant d’afrique à entrepreneur à Rivière-du-loup
Personne ne reste indifférent à Papa Noël Sow. C’est bel et bien le véritable prénom de ce fier néo-québécois né le 25 décembre au Mali. À son arrivée au Québec, en 2009, il choisit Rivière-du-loup pour s’y installer. Le choc culturel est grand, mais rien ne l’empêche de concrétiser son rêve d’ouvrir une boutique africaine en région, là où sa clientèle est majoritairement blanche.
Quels sont les principaux défis lorsqu’on est un entrepreneur issu de l’immigration qui veut se lancer en affaires ?
En venant ici, j’avais déjà l’intention d’ouvrir une boutique africaine. Je me suis vite rendu compte que partir en affaires au Québec n’avait rien à voir avec la façon de faire en Afrique. J’ai dû tout apprendre en commençant au plus bas de l’échelle. Je n’avais aucune éducation. J’aime dire que je suis allé à l’université de la vie. J’ai donc travaillé sans relâche : de nettoyer les toilettes à plongeur en cuisine. Il n’y a rien que je n’ai pas fait.
Est-ce vrai que le racisme est plus présent en région ? Est-ce que ça fait partie de ta réalité en tant qu’entrepreneur noir à Rivière-du-loup ?
Il y a du racisme partout. Oui, j’ai vécu du racisme ici, comme j’ai vécu aussi du racisme en Afrique. J’ai eu aussi des incidents de vandalisme devant ma boutique, mais j’ai réglé ça très vite. Ici, je dis aux gens : « je suis un être humain comme toi et je demande le respect ». J’ai cette mentalité de me dire que je n’ai pas le choix d’aller vers les autres, car seul, on n’est rien.
Je vous dirais que 95 % de mes clients sont des Blancs. Il n’y a pas 100 000 Noirs à Rivière-du-loup ! Je m’investis aussi auprès de ma communauté en créant des festivals africains et en organisant des soupers culturels à la Ville. Le monde embarque !
Quelles seraient selon toi les trois plus importantes qualités pour devenir un bon entrepreneur ?
Il faut être patient. La patience est un chemin d’or. Ça m’a pris 10 ans avant de concrétiser mon rêve d’ouvrir une boutique africaine. J’ai commencé ma première boutique en Afrique avec quatre morceaux de bois et de la paille et il n’y avait personne, mais j’avais dans mon coeur mon objectif.
Ayez aussi la confiance en vous. J’ai fait le tour des écoles dans le Bas-saint-laurent et j’ai donné des conférences. Je dis aux élèves de ne pas avoir peur et je leur donne l’exemple de mon premier patron qui avait ri de moi, lorsque je lui ai confié que je voulais ouvrir une boutique africaine à Rivière-du-loup ! Lorsque tu as un rêve, fonce, même si tu n’as pas un sou.
Je vous dirais à tous qu’il est important de se lever le matin et d’aller faire ce qu’on aime. C’est ça être entrepreneur. Il ne faut pas seulement focaliser sur l’argent.
« Ici, je dis aux gens : “je suis un être humain comme toi et je demande le respect”. J’ai cette mentalité de me dire que je n’ai pas le choix d’aller vers les autres, car seul on n’est rien. »