Le gouvernement poursuivi pour son inaction climatique
L’organisation Environnement Jeunesse (ENJEU) poursuit le gouvernement canadien dans la lutte au réchauffement climatique à travers une action collective, la première au pays qui allie droits humains, jeunesse et climat. Prochaine étape : la Cour d’appel du Québec le 23 février. On en discute avec la directrice générale de l’organisation, Catherine Gauthier.
C’est en 2018 que l’organisation ENJEU a demandé l’autorisation d’exercer une action collective représentant tous les Québécois de 35 ans et moins, soit 3,4 millions de jeunes. Mais quels sont les objectifs derrière une telle action juridique?
« C’est d’une part que la cour vienne reconnaître que le gouvernement canadien brime les droits fondamentaux de toute notre génération, donc les jeunes, en ne posant pas des actions suffisantes pour agir sur la crise climatique », indique d’abord Catherine Gauthier.
« Et d’autre part, on souhaite que la cour vienne ordonner que le Canada se dote d’une cible qui est adéquate, qui réponde aux exigences de la science, et qu’on ait un plan d’action robuste et crédible qui en découle », poursuit-elle.
« Lorsqu’on réalise à quel point la situation est urgente, on n’a pas tellement le luxe de ne pas tenter toutes les options », soutient la militante.
CHOISIR LA VOI EDE S TRIBUNAUX
Cette action collective était une première du genre au Canada. D’autres initiatives similaires, en Ontario et en Colombie-britannique, ont par la suite été lancées.
La Cour supérieure du Québec a refusé en juillet 2019 d’autoriser leur action collective. L’organisation ENJEU tentera de faire annuler la décision le 23 février prochain devant la Cour d’appel du Québec.
Pour Catherine Gauthier, les tribunaux représentent peut-être un des derniers recours pour forcer les gouvernements à adopter un plan de transition écologique.
« Ça fait une quinzaine d’années maintenant que je m’implique en environnement, raconte la militante. J’ai vu beaucoup de choses évoluer, il y a eu beaucoup de sensibilisation, des manifestations, on a même vu un demi-million de personnes dans les rues de Montréal. Mais encore aujourd’hui, on n’a pas de plan de transition qui soit solide, qui nous donne espoir en l’avenir. »
« Alors d’utiliser les tribunaux, c’est peut-être un des derniers remparts pour s’assurer que nos gouvernements prennent leurs responsabilités au sérieux et protègent leurs citoyennes, leurs citoyens, et cessent de s’enfoncer la tête dans les sables bitumineux. »
AILLEURS DA NS L E MONDE
Un tribunal parisien a reconnu le 3 février dernier que la France était coupable d’inaction climatique. Qu’est-ce qu’il y a de porteur dans ce jugement-là ?
« Lorsqu’une cour va jusqu’à déclarer le comportement d’un gouvernement illégal, c’est extrêmement important, explique Catherine Gauthier. Ça donne en quelque sorte un peu plus de portée aux autres causes qui peuvent être similaires dans le monde. »
En décembre 2019, la Cour suprême des Pays-bas a obligé l’état néerlandais à se doter d’un plan de lutte au réchauffement climatique crédible, une décision historique et inspirante, selon la directrice générale.
« Ce qui est intéressant dans cette affaire-là, c’est que non seulement la cour a déclaré que le gouvernement avait échoué à protéger ses citoyens, mais aussi qu’il devait avoir un plan pour réduire ses émissions d’au moins 25 % d’ici 2020 par rapport au niveau de 1990, indique-t-elle. Ça nous donne espoir pour la suite. »
« D’utilise rl es tribunaux, c’e stp eut-être un des dernie rsr emparts pour s’assure rque nos gouvernements prenne ntl eurs responsabilités aus érieu xe t protègent leurs citoyenne s,l eurs citoyens, e tc essent de s’enfoncer la têt ed ans les sables bitumineux »
– Catherine Gauthier, directrice générale de Environnement Jeunesse