«JE SUIS CÉLIBATAIRE, MAIS JE REVE A LA TOTALE » — India Desjardins
L’auteure de la série de romans à succès Le journal d’Aurélie Laflamme, India Desjardins, a une imagination fourmillante. C’est en s’inspirant de petites anecdotes de sa vie en solo qu’elle a eu l’idée de créer sa plus récente oeuvre littéraire, la bande
India, tu as tout pour plaire: tu es intelligente, charismatique, belle et tu as du succès. Pourtant, tu es toujours célibataire. Est-ce par choix?
Merci! C’est gentil! En fait, je crois que c’est le genre de commentaire qu’on fait souvent aux célibataires, et ça nous force à nous interroger. On se dit: «Oups... c’est quoi mon problème?» Ce qui est sûr, c’est que j’ai rencontré très peu de filles qui étaient célibataires par choix. Je suis seule parce que je n’ai pas encore rencontré l’homme de ma vie. Et je garde l’oeil ouvert!
Certaines célibataires avouent être exigeantes en amour. Est-ce ton cas?
Peut-être... J’ai peut-être un peu peur de l’engagement, comme le personnage de la BD. La célibataire de ma bande dessinée, c’est une fille qui fuit l’engagement parce qu’elle a été blessée. Mais elle ne sait pas qu’elle a peur parce qu’elle n’ose pas se l’avouer. Elle rêve tout de même de rencontrer l’homme idéal. Je pense qu’avouer avoir peur de l’engagement, pour une fille, c’est un peu renier sa nature féminine. C’est dans notre nature de vouloir rencontrer le prince charmant, de vivre heureuse et d’avoir beaucoup d’enfants. Mais, quand la peur de s’engager nous bloque, c’est vraiment très difficile à
«Je suis seule parce que je n’ai pas encore rencontré l’homme de ma vie. Et je garde l’oeil ouvert!»
admettre. Parce que ça signifie que nous ne pourrons peut-être pas vivre un «conte de fées» et que c’est un peu de notre faute. Pour l’instant, je rêve encore à la totale.
Ta soeur vient d’avoir un enfant (NDLR: Sa soeur, la journaliste et consultante en nouveaux médias Gina Desjardins, a eu un petit garçon avec le réalisateur Podz.) Est-ce que ça change quelque chose pour toi?
Quand ma soeur m’a appris qu’elle était enceinte, j’ai été vraiment heureuse, même euphorique! C’est ma petite soeur. J’ai toujours ressenti un sentiment protecteur envers elle, qui s’est peut-être renforcé à ce moment-là. Cependant, c’est sûr que, puisqu’elle est plus jeune que moi, ça m’a donné l’impression que j’étais un peu en retard! (rires) En même temps, je suis contente que ça se passe comme ça, car ça me permet d’être très présente auprès d’eux.
Veux-tu des enfants, toi aussi?
C’est sûr! Mais, bon, je ne me mets pas de pression. J’ai accepté le fait qu’on peut avoir des rêves dans la vie, mais qu’ils changent et évoluent. Ça ne se passe pas toujours exactement comme on le souhaite. Quand je donne des conférences, je répète souvent ça aux jeunes. Je trouve qu’on leur dit toujours: «Tous les rêves sont possibles», et je n’aime pas cette façon de penser. Je préfère dire aux jeunes qu’on peut rêver, mais que parfois, même si on fournit plein d’efforts, les rêves ne se réalisent pas. Il ne faut pas le voir comme un échec, car l’important, c’est la capacité de «renouveler» ses rêves. Ce que je trouve beau, c’est que la vie est en mouvement et, que si un rêve ne se réalise pas, un autre naît.
C’est ce qui s’est passé pour toi!
Exactement. Plusieurs de mes rêves ne se sont pas réalisés et d’autres auxquels je n’avais jamais pensé l’ont été! Ma vie ne ressemble pas à ce que j’imaginais, et j’aime suivre cette route qui est peutêtre un peu différente, mais tout aussi exaltante! Si je n’avais pas été célibataire, je n’aurais probablement pas eu l’idée de cette bande dessinée, ou elle n’aurait pas été aussi personnelle, aussi collée à la réalité.
Quels sont les avantages du célibat?
Honnêtement, je ne serai jamais du genre à vanter le célibat. Je pense que l’être humain est fait pour vivre en couple. Pouvoir zapper quand tu veux, avoir assez de place dans ton lit,
«J’ai peut-être un peu peur de l’engagement, comme le personnage de la bande dessinée.»
pouvoir manger ce que tu veux sans compromis, ne pas avoir à baisser le siège de toilette... tout ça représente tellement peu de chose comparé à ce que tu peux vivre en couple. Tout est plus le fun à deux! Regarder une série télé, voyager, faire des activités, partager les bons et les moins bons moments de la vie, etc. Bien sûr, certaines filles en couple me disent que j’idéalise la vie à deux. Mais, bon, c’est toujours un peu comme ça, non? L’herbe est plus verte chez la voisine!
Pour cette BD, tu as travaillé en collaboration avec une illustratrice française. Comment vous êtes-vous rencontrées?
C’est une super histoire d’amitié! Ma BD est publiée par la maison d’édition qui diffuse les Aurélie en France. J’ai eu un véritable coup de coeur pour l’illustratrice Magalie Foutrier. Je trouvais ses dessins féminins, drôles et, en même temps, remplis de tendresse. Travailler ensemble a été un vrai plaisir! Lors de notre rencontre, à Paris, Magalie m’a demandé: «Qu’est-ce qu’on fait pour les décors? Ils seront français ou québécois?» J’ai dit: «Est-ce que ça pourrait être un mélange des deux?» À un moment donné, j’avais l’impression de reconnaître les rues de Montréal dans ses dessins. J’ai alors écrit à Magalie: «Je ne sais pas quelle rue tu as dessinée, mais ça ressemble tellement à chez moi!» Et elle m’a répondu: «Sachant que tu habites le Plateau-Mont-Royal, j’ai fait quelques recherches, et c’est ce que j’ai dessiné.» Ça m’a tellement touchée!
Si tu tombais en amour prochainement, La célibataire pourrait-elle devenir La fiancée, La mariée, La future maman?
C’est une bonne idée! Cependant, je crois que je conserverais le point de vue d’une «ancienne» célibataire sur la vie de couple et la maternité. Je continuerais de l’appeler «La célibataire» et je la mettrais dans des situations différentes, mais toujours avec sa personnalité de fille qui a vécu longtemps seule. D’ailleurs, Magalie et moi aimerions beaucoup faire plusieurs tomes, car on a eu trop de plaisir à travailler ensemble!