7 Jours

MARTHA WAINWRIGHT

C’est après avoir vécu, à environ deux mois d’intervalle, la naissance de son premier enfant et la mort de sa mère, Kate McGarrigle, que Martha Wainwright a créé son tout nouvel album, Come Home to Mama. Ce disque rempli d’émotions est le reflet de ses ét

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Martha, à quoi le public peut-il s’attendre en écoutant Come Home to Mama?

Il est assez différent de mes autres albums. Il a été réalisé par Yuka Honda, de Cibo Matto, alors il est beaucoup plus basé sur les claviers, avec des éléments électronic­a-pop. Sinon, je dirais que, dans les textes et ma façon de chanter, il y a une colère… un côté cru.

Ce disque arrive après deux grands bouleverse­ments dans votre vie. Le processus de création a-t-il été difficile?

Après avoir survécu à la mort de ma mère et à la naissance de mon fils, un prématuré — il devait venir au monde à la date à laquelle ma mère est décédée, le 18 janvier 2010 —, j’ai eu l’impression d’avoir traversé le pire. C’est sûr que, la première fois que j’ai pris ma guitare, j’ai fondu en larmes; mais, après quelques mois, j’ai senti que je redevenais la personne que j’étais avant. De plus, j’avais une nouvelle responsabi­lité en tant que mère. J’avais un regard plus pratique et plus «centré». Je voulais travailler fort pour ma famille et moi. Je n’ai jamais eu de grands succès, et là, je voulais sortir le meilleur album de ma vie!

Ce disque a-t-il été thérapeuti­que pour vous?

Oui. Pas seulement parce que j’y aborde des sujets très personnels, mais aussi parce que ça me rendait productive. Il m’arrive parfois de ne pas écrire pendant des mois. J’ai ma vie, je suis maman, je fais la cuisine, le lavage… (rires) Alors, quand je retourne à ma musique, je me sens mieux!

Le titre de l’album vient d’une chanson de votre mère, Proserpina, que vous avez choisi d’enregistre­r vous-même…

C’est la dernière chanson qu’elle a écrite avant de mourir. En la composant, elle savait qu’elle avait déjà un pied dans la tombe… Proserpina (soit Perséphone), c’est la mort, mais aussi la renaissanc­e. C’est très émouvant pour moi, car ça parle d’une relation mère-fille; et, comme l’histoire mythologiq­ue qu’elle raconte, ma mère voulait toujours que je revienne à la maison… À la fin de sa vie, elle trouvait difficile de devoir me laisser seule avec le petit. Pour moi, interpréte­r cette pièce, c’est comme retourner à elle…

Il y a aussi le dernier titre, Everything Wrong, qui est déchirant…

Je l’ai écrit avec mes larmes. Ce qui se trouve sur l’album, c’est la prise où j’ai fait entendre cette chanson pour la première fois aux musiciens. Ils ne la connaissai­ent pas et ils m’ont suivie sans savoir où j’allais. J’aimais le concept; ça montrait bien le thème de la pièce: un enfant qui ne sait pas ce qu’il va devenir et une mère qui ne sait pas comment être mère.

Votre maison est où, maintenant?

En partie à Montréal, en partie à New York. Mais mon mari et moi souhaitons revenir vivre à Montréal à temps plein pour que mon fils apprenne le français et aille à l’école en français. Le Québec, le français et sa loi 101, c’est un beau cadeau à offrir, je trouve!

Vous travaillez à un album en français pour la série Trauma…

Oui. J’ai déjà enregistré une douzaine de chansons en français. Il y aura Ariane Moffatt, Offenback, Mara Tremblay et Daniel Bélanger; j’ai aussi traduit trois de mes propres chansons, en plus de pièces de Rufus et des soeurs McGarrigle!

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