7 Jours

MARIO NOUS PRÉSENTE SA BIOGRAPHIE

Dans sa biographie intitulée Le semeur: enraciner sa vie pour mieux s’épanouir, à paraître le 1er novembre, Mario Pelchat retrace son parcours. Un parcours truffé d’épreuves que le chanteur a su affronter avec courage et sans jamais se résigner.

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Mario, à la lecture de ton livre, on se rend compte que tu as traversé beaucoup de difficulté­s, et ce, dès ton jeune âge.

Oui, c’est vrai. Je me suis raconté avec profondeur et sincérité. Il y a eu une période où je me retenais davantage. Ça n’a pas été le cas pour ce livre. Tout jeune, j’ai été victime d’intimidati­on à l’école. Je n’avais jamais abordé ce sujet avant. On en a beaucoup fait état dans les médias ces dernières années, et cette époque a rejailli dans ma mémoire. Je me souviens entre autres d’un gars qui était vraiment méchant avec moi. Même si je ne lui avais jamais rien fait, il me détestait, et j’en avais peur. Il était plus gros, plus grand, plus costaud et plus vieux que moi. J’étais terrorisé par lui! Je l’ai revu des années plus tard dans un bar où je prenais une bière avec mon frère. J’ai vu un homme métamorpho­sé. Il était maigre, il paraissait vieilli, il avait brûlé la chandelle par les deux bouts. C’était donc lui, le gars qui voulait toujours me battre lorsque j’étais jeune? Je l’ai envoyé promener. Par la suite, j’ai appris qu’il était mort et je m’en suis voulu. J’avais eu la chance de lui parler, de faire la paix avec ces événements douloureux de mon enfance et peut-être d’amener ce type à se repentir, mais j’ai raté cette occasion. Ça m’a fait de la peine après coup.

Ce que tu as vécu t’a-t-il rendu plus fort?

Je n’en suis pas sûr... Je suis resté fragile, blessé. J’ai hâte que ça se résorbe complèteme­nt. On garde longtemps des séquelles de ce qu’on a subi. À mon avis, l’art a été bénéfique dans ma vie. C’est un bel exutoire, une belle manière d’exprimer ce qu’on vit.

Dans ta jeunesse, la mort de ta soeur a aussi été un événement difficile...

Oui. J’avais déjà perdu une cousine dans un accident d’auto. La mort, c’était encore abstrait pour moi à l’époque. Trois ans plus tard, Johanne est décédée à son tour. J’étais bouleversé. Nous avions 11 mois de différence, nous étions élevés comme des jumeaux. Nous étions très proches, nous faisions tout ensemble: nous chantions et nous avions des aspiration­s communes. Son départ m’a secoué. Sur le moment, j’ai cru que j’étais fort. Je gérais tout. J’ai fui dans l’alcool et la drogue. C’est par la suite que je me suis rendu compte que

je cherchais à éviter ma souffrance.

Tu dis avoir été un ado particuliè­rement rebelle. Considères-tu que tu as «bien tourné»?

Oui, j’étais rebelle. Encore une fois, l’art a été bénéfique dans mon cas. J’étais tellement passionné par la chanson que ça prenait toute la place. Avec le recul, je me rends compte que j’ai été chanceux. Je chantais, je dessinais; ç’a été libérateur. Mais le fait d’aimer ces activités faisait en sorte que j’étais montré du doigt et méprisé par les gars. Ce sont les garçons à maman qui chantent et qui dessinent!

Même si tu as connu une carrière extraordin­aire, tu as subi d’autres affronts. Tu as notamment été volé, fraudé et spolié par tes gérants.

Oui, mais c’était de ma faute: j’aurais dû être à mon affaire. J’ai donné une confiance aveugle à des gens. À l’époque, j’étais jeune — j’avais autour de 25 ans — et j’étais en pleine possession de mes moyens. Mais j’ai appris de mes erreurs... J’ai repris le contrôle de mes affaires depuis. J’essaie de ne rien regretter, de ne pas m’accrocher à ce que j’ai perdu. De toute manière, je n’aurais jamais pu récupérer les pertes que j’ai essuyées. Je préfère regarder en avant.

Ces moments difficiles t’ont-ils rendu plus fort?

Ç’a été dur, mais une force m’amenait à m’accrocher à quelque chose de meilleur et de positif. J’ai eu le goût de tout lâcher, j’ai pleuré parfois, mais j’ai pu passer à autre chose. C’est ainsi que je suis fait. J’ai vécu sans argent et je suis passé au travers. Je sais qu’avec de l’argent on vit mieux, mais ce n’est pas la raison d’être. J’ai toujours eu la foi. Lorsqu’on veut croire qu’il y a une puissance supérieure et qu’on est des petits grains de sable, ça fait du bien de s’en remettre à Dieu. Après tout, s’il nourrit les petits oiseaux, à plus forte raison, il s’occupera de nous...

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de sa carrière
Mario au début de sa carrière
 ??  ?? Mario et sa soeur Johanne, qui n’avaient que 11 mois de différence, ont été élevés comme des jumeaux. Malheureus­ement, un cancer emportera Johanne en décembre 1979, à l’âge de 16 ans.
Mario et sa soeur Johanne, qui n’avaient que 11 mois de différence, ont été élevés comme des jumeaux. Malheureus­ement, un cancer emportera Johanne en décembre 1979, à l’âge de 16 ans.
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Le semeur: enraciner sa vie pour mieux s’épanouir est publié aux éditions Un monde différent.

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