7 Jours

Dr Gilles Julien

À hauteur d’enfant

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Docteur Julien, pourquoi avoir écrit une biographie? Pour plusieurs raisons. Les gens me posaient souvent des questions: «Tu fais quoi au juste? Pourquoi tu fais ça? D’où ça vient?» On voulait élaborer une forme de biographie dans laquelle on parlerait peu de moi, mais dont l’objectif serait plutôt de montrer mon parcours. L’homme est toujours plus petit que la cause. Ce n’est pas moi que je trouve important; ce sont plutôt les décisions que j’ai prises qui sont intéressan­tes.

Le titre du livre est très beau:

À hauteur d’enfant. J’adore le titre. C’est exactement ce qu’est mon approche de pédiatrie sociale. J’aime parler aux enfants à leur niveau, les apprivoise­r et les écouter avant de leur poser des questions; je veux leur demander leur avis avant de leur faire des suggestion­s. C’est la qualité de l’approche qui fait aussi sa force. Parmi les étapes importante­s de votre parcours, vous racontez votre séjour en Afrique. Ç’a été marquant? Ç’a été LA grosse décision. J’avais trois jeunes enfants, une belle pratique, j’étais choyé. J’ai abandonné une pratique lucrative et je suis allé travailler en Afrique avec un salaire de 12 000 $ par année, dans un pays un peu particulie­r. Mais c’est devenu la décision qui a changé mon parcours. Est-ce dû au fait qu’en Afrique la communauté entière s’occupe d’un enfant ou au fait que, là-bas, même s’ils sont pauvres, les gens sont heureux et souriants? Ici, la pauvreté est terne, elle rend triste et exclu. Je travaillai­s aux îles des Comores. Sur l’île où je vivais, il y avait 250 000 personnes. Je ne voyais pas le côté triste de la pauvreté. Au contraire, je voyais le côté joyeux chez des gens qui n’avaient rien, qui vivaient dans des huttes, qui souffraien­t de malnutriti­on et de manques de toutes sortes. C’était un endroit où on réussissai­t à composer et à rire ensemble. Là, un enfant sur cinq se rendait à l’âge de cinq ans. Les enfants mouraient parfois pour des raisons futiles: on coupait le cordon ombilical avec un couteau rouillé qui donnait le tétanos, par exemple. Plein d’enfants mouraient de maladies dont on peut prévenir facilement l’apparition. J’ai été confronté à des enjeux très gros. Mais ça m’a appris l’importance du village. On le sait, tout le monde dit ça: «Ça prend un village.» Mais tant que tu ne l’as pas vécu... Qu’est-ce que vous espérez faire avec ce livre? Je veux sensibilis­er. J’ai tenu grâce à la population et aux médias. Mais le grand objectif, c’est de changer des choses de fond. En Angleterre, il y a un représenta­nt

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L’ÂGE DE LA RETRAITE, MAIS IL N’EST NULLEMENT QUESTION POUR LUI DE RESTER SE REPOSER CHEZ LUI. AU CONTRAIRE! IL VIENT DE PUBLIER SA BIOGRAPHIE ET
IL ENTEND BIEN CONTINUER DE SE BATTRE POUR LES ENFANTS LES PLUS...
LE Dr GILLES JULIEN A MAINTENANT L’ÂGE DE LA RETRAITE, MAIS IL N’EST NULLEMENT QUESTION POUR LUI DE RESTER SE REPOSER CHEZ LUI. AU CONTRAIRE! IL VIENT DE PUBLIER SA BIOGRAPHIE ET IL ENTEND BIEN CONTINUER DE SE BATTRE POUR LES ENFANTS LES PLUS...

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