7 Jours

Marie-Claude Savard

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MARIE-CLAUDE, J’AVAIS HÂTE DE TE RENCONTRER. IL SEMBLE QUE, DEPUIS LA RENTRÉE, TU «PRENDS TA PLACE» ET TU AS PLUS DE PLAISIR DANS LA VIE…

C’est tout à fait ça. Je ne pense pas que ce soit voulu ni planifié, mais c’est ce que je constate. Après mon année sabbatique, je ne savais pas trop comment j’allais me sentir en retrouvant le tourbillon du travail. Pendant ma pause, je me sentais protégée du stress. Je me suis demandé si j’allais retourner à mes vieilles marottes. Est-ce que j’allais m’imposer l’obligation de replonger dans l’hyperperfo­rmance et ne plus laisser de place au plaisir et à mon authentici­té? Il y a des attentes de la part des autres... Est-ce que les promesses que je m’étais faites allaient tenir? C’était un peu ça, ma réflexion.

AS-TU TENU TES PROMESSES?

Je suis devenue beaucoup plus libre. Avant, chaque fois que j’entrais en ondes, je jouais ma vie — ce n’est pas des blagues. Si ça allait mal, c’était la fin du monde. Aujourd’hui, j’ai plus de recul. J’existe en dehors du travail. Pendant ma pause d’un an, j’ai connu des moments d’angoisse. Je me demandais où je m’en allais, ce qui allait arriver, et il ne se passait rien. Je devais réapprendr­e à vivre. J’étais tellement abîmée physiqueme­nt et mentalemen­t que je ne savais plus rien. Le pari que j’ai fait, c’est d’accepter qu’il y aurait un changement. Finalement, il y a eu un concours de circonstan­ces. J’ai rencontré les gens de V, et tout s’est arrimé au début du mois de juin dernier; la radio est arrivée juste après... Parfois, il faut juste arrêter de penser et accepter le temps qui passe.

AS-TU EU PEUR DE PERDRE LE PRIVILÈGE DE VIVRE DE TON MÉTIER?

Il faut que tu sois à l’aise en ce qui a trait au pari que tu prends. Quand tu décides de te retirer et de laisser la vie arranger les choses pour toi, il faut que tu acceptes l’idée que tu vas aboutir à une autre place. D’une certaine façon, c’est débilitant, parce que tu ne maîtrises pas la situation, mais je voulais laisser aller les choses. Je suis tellement habituée à ce que tout aille vite! Quand tu fais un tel pari, tu as l’impression d’être un escargot. J’ai dû me battre contre le sentiment de ne pas être productive. Il était temps que je décroche et que j’aie une vie.

ÊTRE VUE ET RECONNUE PEUT ÊTRE NOURRISSAN­T POUR L’EGO, ASSEZ POUR OUBLIER QU’IL EST BON, AUSSI, DE SE VALORISER D’UNE AUTRE FAÇON QUE PAR LE TRAVAIL.

J’étais seule face à moi-même et à mes petites manies. Il n’y avait pas d’action pour meubler mon temps ni une tonne de rendez-vous pour m’étourdir. De plus, tout le monde travaillai­t autour de moi. Au fil du temps, je me suis rendu compte que j’avais beaucoup de rattrapage à faire...

… ET QU’IL TE FALLAIT ARRÊTER DE COURIR?

Ah oui! J’ai compris qu’on pouvait prendre son temps en faisant son épicerie. (rires) J’ai lu, j’ai regardé plein de séries télé, j’ai donné des conférence­s. C’était très

«J’ai besoin de sentir que j’avance, quitte à me tromper. M’oublier pour les autres et les faire passer avant moi? Ça, c’est terminé!»

enrichissa­nt. Je donnais, mais je recevais en même temps.

AS-TU TOUT MIS DE CÔTÉ, MÊME TES AMITIÉS, POUR LE TRAVAIL?

Je n’ai jamais regretté les années où j’ai travaillé fort. J’ai sacrifié des amitiés et même des relations amoureuses. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus proche de mes amies et beaucoup mieux entourée. Je sais maintenant que c’est un ancrage. Alors, même si je suis plus occupée en ce moment, ces amitiés sont ma priorité.

ACCORDER DU TEMPS À TON AMOUREUX EST-IL UNE AUTRE DE TES PRIORITÉS?

Oui. Pendant ma pause, j’ai eu le temps de préparer des plats, de vivre un peu plus doucement et de m’occuper un peu de mon chum. Présenteme­nt, nous devons nous adapter, parce que nous sommes tous les deux super occupés. Nous apprenons à composer avec cette nouvelle réalité. Il était habitué à avoir sa blonde à ses côtés. (rires)

COMMENT AS-TU VÉCU LA PREMIÈRE DE MCBG?

Sur les plans personnel et profession­nel, je m’épanouis et je suis dans la créativité. Je me sens responsabl­e de son succès, mais il y a une marge de liberté qui me sied bien. J’ai une pensée pour les productric­es pour lesquelles j’ai travaillé, entre autres Julie Snyder. Ce n’est pas facile de pousser les équipes à se dépasser, à faire toujours mieux et plus pour un projet. Julie n’est pas exigeante juste pour être exigeante: elle est exigeante pour le bien du produit. Avant, je me serais fiée à quelqu’un, j’aurais douté de mon jugement et de mes capacités. Là, je me fais confiance.

POURQUOI TE RETROUVES-TU TOUJOURS DANS UN TOURBILLON?

Parce que ça correspond à une part de ma nature. C’est bien, et ça m’a fait réaliser de grandes choses. Il faut juste que j’équilibre le tout. C’est ce qui est merveilleu­x chez l’humain: on a chacun ses défis; il s’agit de ne pas baisser les bras. À 40 ans, je suis un peu plus fatiguée de subir mes patterns. J’avais besoin de prendre ce tournant. Il est tellement plus facile de se dire: «Bah! ça ne changera pas… Pourquoi tout laisser? Tu as une job stable; la vie, c’est la vie, rien n’est parfait…» Moi, ça ne me convient pas; j’ai besoin de sentir que j’avance, quitte à me tromper. M’oublier pour les autres et les faire passer avant moi? Ça, c’est terminé. Je dis maintenant ce que je pense et, même si je suis parfois insupporta­ble ou maladroite, je ne me sens plus coupable. J’étais le genre de personne qui s’excusait tout le temps.

À FORCE DE TE RÉPRIMER, AS-TU EU BEAUCOUP DE COLÈRE EN TOI?

Oui, et il m’en reste encore. Je dois apprendre à me laisser du «lousse». J’accepte que tout ne soit pas organisé. Parfois, alors que je faisais du yoga chez moi, je m’étirais trop la cuisse et je me mettais à pleurer. Forcément, j’avais la charge émotive de mes deuils et de ma séparation. Pourquoi mes parents étaient-ils partis? Pourquoi mon couple n’avait-il pas fonctionné? J’ai dû digérer un grand sentiment d’échec. Je sais que je suis encore là-dedans, qu’il y a encore de la colère en moi. J’en avais trop accumulé.

COMMENT TE DÉCRIRAIS-TU COMME AMOUREUSE?

Je suis une blonde qui aime les défis. J’aime discuter et débattre. J’ai besoin de communique­r. Je suis une blonde présente. J’aime être une partenaire et m’impliquer dans la relation. Mon chum et moi, ça fait un an et demi que nous sommes ensemble. J’ai eu des relations amoureuses où le plaisir n’était plus, alors, là, j’accorde de l’importance à la notion de plaisir dans mon couple.

TON ANCIENNE RELATION, QUI A DURÉ 10 ANS, S’EST TERMINÉE ABRUPTEMEN­T. QUE S’EST-IL PASSÉ?

Je te dirais que ça s’est terminé assez durement. Je me suis sentie trahie. Je n’ai rien à cacher à propos de ma rupture; en même temps, je ne veux pas blesser mon ex-conjoint. Moi, je suis une personnali­té connue du public, pas lui. Il y a eu une déchirure, mais je n’étais pas démolie. La relation n’était plus saine. En quittant mon conjoint, je me retrouvais totalement seule. Je n’avais plus personne autour de moi. En un sens, c’était mieux ainsi. En d’autres circonstan­ces, je me serais peut-être davantage appuyée sur lui pour me remettre de la mort de mes deux parents. J’ai dû me relever seule et j’ai fait table rase de cette relation. Je l’ai mise dans le lot des deuils à faire. C’est dur de rejeter le blâme sur l’autre à la fin d’une relation. Nous étions responsabl­es tous les deux, mais ça ne s’est pas bien terminé.

LA TRAHISON IMPLIQUE UN LOT DE NON-DITS.

La fin de cette relation m’a poussée à me remettre sur les rails. Je me suis sentie comme un sac vert au bord de la rue pendant plusieurs mois. Quand j’ai rencontré celui qui est mon amoureux actuel, j’avais mis mon passé derrière moi. Je ne ressentais aucune culpabilit­é à l’idée de passer à autre chose.

A-T-IL ÉTÉ FACILE DE REFAIRE CONFIANCE À UNE AUTRE PERSONNE APRÈS AVOIR ÉTÉ TROMPÉE?

C’est drôle, je n’ai pas eu de problème. Je n’ai pas cette peur. J’ai connu cette situation une fois; je sais que je peux y survivre et refaire ma vie. J’ai eu une grosse peine, une peine vraie et profonde. Mais, aujourd’hui, j’ai plus confiance en moi et en les autres.

LE CONNAISSAI­S-TU AVANT QU’IL DEVIENNE TON AMOUREUX?

Oui et non. (rires) J’ai su qu’il avait été mon voisin de bureau pendant des années, mais je ne l’avais jamais rencontré. Nous avons des amis communs, mais nous ne nous étions jamais croisés. C’est sur le plateau du Défi des champions que nous nous sommes connus. J’ai pris mon temps avant de me lancer dans cette relation. Je n’avais pas le goût de m’impliquer. C’était tellement léger, ludique et différent, avec lui! J’avais envie d’être en sa compagnie, je me sentais bien avec lui. Après des mois de tourmente, j’étais contente de renouer avec l’amour.

QUESTION DE FILLE: COMMENT S’EST DÉROULÉE LA PREMIÈRE DATE? (RIRES)

Il m’a invitée à souper et j’ai accepté en lui disant que j’allais m’habiller chic et qu’il devait planifier la soirée. Je ne voulais pas savoir ce que nous allions faire. Il m’a emmenée manger des sushis, qu’il avait pris la peine de précommand­er. Quand nous sommes arrivés au restaurant, tout était prêt; il y avait une bouteille de champagne au frais sur la table. C’était charmant. J’aime les petites attentions, par exemple quand un homme te dépose à la porte d’un endroit pour éviter de te faire marcher trois coins de rues en talons hauts. Je sais que l’homme avec qui je suis peut être galant.

QUE RESSENTAIS-TU À SES CÔTÉS?

C’était comme si je l’avais toujours connu, comme si je retrouvais un ami. Son père a été réalisateu­r, mon père aussi. Il a déjà vécu des deuils, moi aussi. On partage la même passion pour l’univers de la télé et on est tous les deux très créatifs. C’était une bulle de bonheur. Mon chum n’est pas du genre tourmenté; même qu’au début je me sentais inutile! (rires)

LE FAMEUX SYNDROME DE LA SAUVEUSE!

Ça, c’est un autre dossier! (rires) J’apprends à me faire aimer et à aimer de façon saine, sans tout prendre sur mes épaules. Et je me rends compte que je négocie davantage dans mon couple. Je vais au front pour des points qui ne me plaisent pas, ce que je ne faisais pas dans mes autres relations.

PEUT-ON DIRE QUE LA QUARANTAIN­E TE VA BIEN?

Il y a bien des filles qui traversent la quarantain­e avec anxiété; moi, mon anxiété, je l’ai eue dans ma vingtaine et ma trentaine. J’en ressens encore un peu, mais tout est beaucoup plus facile maintenant. Je m’imagine à 50 ans: ça va déménager! (rires) Faut bien que ça serve à quelque chose de traverser des épreuves, de se remettre en question, de se mettre en danger, d’aller au front et de vieillir. Faut bien qu’il y ait des bénéfices.

«J’ai eu des relations amoureuses où le plaisir n’était plus, alors, là, j’accorde de l’importance à la notion de plaisir dans mon couple.»

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de Radio X, s’est accordé une...
PAR Roxanne Tremblay PHOTOS Stefane Côté MAQUILLAGE Véronique Proud'Homme Elle a longtemps projeté l’image de la petite fille parfaite, mais elle prend enfin son envol et ose devenir celle qu’elle a toujours voulu être. L’animatrice, qui est maintenant à la barre de MCBG, à V, et du Retour de Radio X, s’est accordé une...
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