7 Jours

Maxime Landry

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Il n’y a pas à dire, la vie de Maxime Landry a changé du tout au tout depuis son passage à Star Académie, en 2009. Passionné par son métier, porté par le succès, le jeune homme ressent pourtant le besoin d’établir un équilibre entre sa vie privée et sa carrière. Il se construit donc un havre de paix sur les terres de son père où, joignant l’utile à l’agréable, il pourra écrire son troisième album.

Maxime, à quoi trinquons-nous aujourd’hui?

Au bonheur. Tout le monde le sait, ma vie a pris un tournant il y a trois ans. Et, il y a quelque temps, j’ai réalisé que, dans l’appartemen­t où je vivais, il n’y avait rien qui me rappelait ma vie d’avant. Quand l’aventure Star Académie a débuté, je suis parti avec une valise et je ne suis jamais revenu vivre en Beauce. J’avais juste cette valise de vêtements, pas de cadres, pas de souvenirs, ni d’albums photo — en fait, tout ce qui pouvait me rappeler qui j’étais —, et ça m’a fait un peu peur. J’ai vécu un moment de panique: un soir, il était 22 h 30, quand j’ai décidé de partir en voiture jusqu’en Beauce. Là, j’ai rempli une boîte de souvenirs et d’objets personnels, j’en avais besoin. Ça m’a pris un an et demi pour être vraiment conscient de ma nouvelle vie.

C’était légitime de foncer tête première dans cette aventure: ça faisait des années que tu essayais de percer dans le métier.

Quand j’ai commencé Star Académie, j’étais dans un creux de ma vie, je n’avais aucune idée d’où je voulais aller. J’étais un passionné de musique, et ça faisait des années que je participai­s à des concours pour essayer de percer. En plus, j’avais deux ou trois emplois en même temps pour arriver.

Pourquoi, selon toi, as-tu ressenti cette urgence de rentrer chez toi? Avais-tu peur d’oublier tes racines? De t’oublier?

J’ai vraiment eu peur de me retrouver dans 10 ans avec une carrière qui va bien, mais sans avoir évolué sur le plan personnel. Je ne voulais pas stagner. Je veux que les deux dimensions soient équilibrée­s. Ma famille vit en Beauce, et je ressens de plus en plus le besoin d’aller passer du temps avec eux. Mon frère a eu un enfant, et je ne veux pas manquer le bateau. J’ai négligé mes amis. Heureuseme­nt, je m’en suis rendu compte à temps. Le tourbillon dans lequel je me trouve est loin d’être terminé, et c’est ce que je veux, mais je suis content d’avoir eu cet éveil. J’aime être occupé, mais je tiens à passer deux jours par semaine en Beauce pour me ressourcer. Ce n’est que trois heures de route, pas huit heures d’avion! J’ai un

super beau projet: je suis en train de me construire une maison aux abords de la rivière Chaudière. J’ai acheté l’écurie de mon père quand il est décédé et je tenais à garder le terrain. Ce sera une maison-studio où j’écrirai mon troisième album. Tu as vécu un gros drame durant ton adolescenc­e: le suicide de ton père. Cette remise en question, penses-tu qu’elle serait arrivée même si tu avais eu une autre profession? Être dans la vingtaine et se dire qu’on mérite d’être heureux, c’est un beau passage. C’était une remise en question nécessaire, peu importe où j’aurais été. Quand ça nous frappe, quand on veut remettre les choses en perspectiv­e, il faut le

«À 20 ans, je me suis retrouvé devant rien: pas de diplôme, pas d’avenir devant moi. J’étais fatigué, j’avais l’impression d’avoir 70 ans, j’étais brûlé.»

faire. Je l’ai fait. Je regardais autour de moi, j’ai des proches qui ont des enfants, qui se sont mariés et qui ont une vie personnell­e... J’ai un autre style de vie, mais je me suis dit que je voulais goûter à ça aussi.

Tu dis souvent que ton moteur, ta source de motivation, a été la phrase suivante: «Rien n’arrive pour rien.» Peux-tu m’expliquer ça?

Ah, le destin! Veux-tu que je t’en parle, du destin? On était en août quand mon père, qui était facteur, est décédé. Lorsque je suis retourné sur les bancs d’école pour faire ma cinquième secondaire, j’étais complèteme­nt perdu. Postes Canada m’a offert de reprendre l’emploi de mon père. Il faut dire que je l’accompagna­is souvent à son travail et qu’on me connaissai­t. Étant donné l’état psychologi­que dans lequel je me trouvais, j’aurais raté mon année scolaire de toute façon. Alors j’ai saisi l’occasion et j’ai accepté l’emploi de mon père. J’ai pris cette responsabi­lité. Un an plus tard, le syndicat a décrété qu’il fallait avoir 18 ans pour être facteur. Sur le coup, ça m’a mis hors de moi; je ne me voyais pas retourner à l’école. Mais ç’a été une très bonne chose. À cette même époque, ma mère confection­nait des chemises dans une manufactur­e, ce qui lui a causé beaucoup de problèmes aux épaules. Elle est donc venue m’aider à Postes Canada le dernier mois où j’ai occupé mes fonctions. Finalement, c’est elle qui a eu mon travail de facteur. Puis, je suis parti à Montréal pour suivre des cours de chant et j’ai passé mon audition devant Stéphane Laporte. Si on ne m’avait pas mis à pied, je serais encore en train de livrer du courrier et je ne pense pas que j’aurais eu le courage de tout abandonner pour faire de la musique. J’aurais sûrement donné des spectacles les fins de semaine, et ça m’aurait convenu. Pour tout dire, l’année avant Star

Académie, je vivais une période vraiment difficile et je ne savais pas du tout où allait ma vie. J’avais toujours tout donné, je faisais des semaines de 90 heures. J’étais facteur le jour, je travaillai­s dans une

shop la nuit, dans une ferme laitière les week-ends, et je jouais de la musique dans les bars. Ce rythme de vie a duré un an. À 20 ans, je me suis retrouvé devant rien: pas de diplôme, pas d’avenir devant moi. J’étais fatigué, j’avais l’impression d’avoir 70 ans, j’étais brûlé. J’étais incapable de m’exprimer, j’étais en dépression. Je ne pensais pas être capable de continuer.

As-tu pensé à mourir?

Oui. J’y ai pensé. Mon père est parti de cette façon. Si je n’avais pas vécu les conséquenc­es de ce geste — le vide que ç’a créé autour, la destructio­n de la famille après sa mort —, si mon père ne s’était pas suicidé, peut-être que c’est moi qui l’aurais fait. La chanson Je suis resté, c’est cette histoire... Je suis resté de justesse. C’est une si belle chanson que Lynda Lemay

« Je tiens à passer deux jours par semaine en Beauce pour me ressourcer... J'ai un super beau projet: je suis en train de me construire une maison aux abords de la rivière Chaudière. »

a écrite! C’est comme ça que je me sentais. Imagine, si j’avais décidé de partir, je n’aurais jamais su tout ce qui m’attendait de beau.

Ce n’est pas pour rien que tu trinques au bonheur...

Oui, c’est un nouveau moi, complèteme­nt.

Je ne connais pas l’état de ta mère, mais penses-tu qu’en poursuivan­t son rêve de chanter, rêve qui était aussi le tien, tu as aidé ta mère à se réconcilie­r avec la vie?

Ça lui a aussi sauvé la vie. Ma carrière l’occupe. Pendant longtemps, ma mère ne sortait plus; elle travaillai­t et restait chez elle. Maintenant, elle vit un peu son rêve par procuratio­n. C’est intense.

En même temps, on ne veut pas traîner le bonheur ou le malheur de sa mère. Cela ne doit pas être évident de savoir jusqu’où on peut s’impliquer.

Oui, mais ce n’est pas lourd pour moi. Au contraire, j’ai besoin d’eux autour de moi. Ce que j’aime, c’est de faire vivre ça aux autres, peut-être même plus que de le vivre moi-même.

À côtoyer les Lynda Lemay, les Céline Dion et autres Ginette Reno, comment arrives-tu à rester aussi terre à terre et généreux?

À côtoyer ces grandes vedettes, à les voir si près de leurs racines, tellement bien ancrées, je ne peux que m’en inspirer. Elles ont fait le tour du monde, elles ont conquis des publics. Moi, avec mon deuxième album en carrière, je ne peux pas me permettre de jouer à la star. Ces artistes sont généreuses, et ce n’est pas pour rien qu’elles sont encore là aujourd’hui. Je pense que ces femmes restent ce qu’elles sont, elles montrent leur vraie personnali­té. Je ne voudrais pas faire mon métier en étant obligé d’être quelqu’un d’autre que ce que je suis.

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 ?? REMERCIEME­NTS
HÔTEL NELLIGAN, 106, rue Saint-Paul Ouest, Montréal, 514 788-2040
PATRICIA BEC, Lorane coiffure, 1632, rue Amherst, métro Berri-UQAM, 514 523-2660
BOUTIQUE LE CHÂTEAU ?? Pour avoir des informatio­ns sur les activités de Maxime Landry, visitez le site www. maximeland­ry.ca.
REMERCIEME­NTS HÔTEL NELLIGAN, 106, rue Saint-Paul Ouest, Montréal, 514 788-2040 PATRICIA BEC, Lorane coiffure, 1632, rue Amherst, métro Berri-UQAM, 514 523-2660 BOUTIQUE LE CHÂTEAU Pour avoir des informatio­ns sur les activités de Maxime Landry, visitez le site www. maximeland­ry.ca.
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