7 Jours

« Je suis née à Paris et j’ai vécu au Brésil » — Lorrah Cortesi

Lorrah Cortesi a vécu une enfance singulière, partagée entre deux parents, deux cultures, deux continents. Entre la France et le Brésil, entre la rigueur et l’ambiance festive, l’actrice a hérité du meilleur des deux mondes et d’une riche personnali­té.

- Michèle Lemieux Marco Weber PAR PHOTO

Lorrah, au Québec, on vous voit dans Toute la vérité, mais vous habitez Paris, semble-t-il...

Oui, Toute la vérité est une partie de ma vie qui m’est très chère, car ça me permet de venir ici. Ma soeur vit à Montréal. J’ai donc l’occasion de la visiter. Ça me fait plaisir d’être là. Ça fait un moment que je tourne ici, je m’y sens un peu comme chez moi. J’ai des amis, j’ai mes petites habitudes. Comme je vis et travaille à Paris, on regroupe les dates de tournage de Toute la vérité pour me faciliter les choses. Cela me permet de travailler un maximum en France.

On vous dit à la fois française et brésilienn­e. Vos origines sont multiples?

Je suis née à Paris, mais je suis allée vivre au Brésil. Mon père est français, ma mère, brésilienn­e. J’ai vécu au Brésil durant la plus grande partie de mon enfance, soit jusqu’à l’âge de huit ou neuf ans. Le portugais a été ma première langue. Là-bas,

«Mon père est français, ma mère, brésilienn­e. J’ai vécu au Brésil durant la plus grande partie de mon enfance, soit jusqu’à l’âge de huit ou neuf ans.»

j’allais au lycée français. Je me suis installée en France par la suite, et c’est là que j’ai passé la deuxième partie de mon enfance et le début de mon adolescenc­e. Je suis retournée au Brésil lorsque j’avais 16 ans.

Vous avez assurément une grande capacité d’adaptation; avez-vous le sentiment d’être chez vous partout?

J’ai la bougeotte, mais il serait plus juste de dire que je ne me sens nulle part chez moi, plutôt que chez moi partout. Je suis incapable de dire où j’habite. Ça dépend... Ça dépend de mon travail, de ma vie personnell­e. Je suis là où on a besoin de moi. Je m’installe, et ça ne me dérange pas de dormir sur un canapé.

Peut-on dire que ce que vous avez vécu durant votre jeunesse, ce sont davantage des déracineme­nts que des déménageme­nts?

C’est vrai, j’ai été plusieurs fois déracinée. Dès mon plus jeune âge, j’ai voyagé énormément; c’est quelque chose que j’ai démystifié. Ça ne me fait pas peur et ça

ne m’impression­ne pas. Je ne vis pas de l’anxiété par rapport aux voyages.

Qu’est-ce qui amenait vos parents à changer ainsi de continent?

Ils étaient séparés alors, forcément, ou j’étais avec l’un, ou j’étais avec l’autre. Mes parents sont très différents. Je me demande ce qui a pu se passer pour qu’ils décident de vivre une relation amoureuse. C’est encore un mystère pour moi. Ma mère est une brésilienn­e dans toute sa splendeur: elle est féminine, pleine de vie, indiscipli­née au possible. Mon père est tout l’opposé: il est cartésien, strict, droit, c’est un homme de principes. Il nous a élevées à la dure, ma soeur, Julianna, et moi. Alors, ou c’était la fête avec ma mère, ou c’était l’enfer avec mon père. Nous marchions sur un fil, elle et moi. Ma soeur a été mon point de repère car, peu importe où nous étions, j’étais avec elle.

Cette situation a-t-elle contribué à créer une relation tricotée serré entre vous?

Oui, ma soeur est mon étoile du berger. Nous avons presque trois ans de différence; elle est mon aînée. Elle a toujours eu une attitude maternelle envers moi. Elle me traite comme sa petite fille: elle est toujours inquiète pour moi. Elle veut savoir ce que j’ai mangé, si j’ai bien dormi, si mes tournages se sont bien passés. J’ai eu de la chance sur ce plan-là. Ma sécurité est intimement liée à ma relation avec ma soeur. Nous avons vécu les mêmes choses au même moment. Alors, elle est la personne la mieux placée pour me comprendre. De mon côté, je suis celle qui peut le plus la comprendre par rapport à tout ce qui se passe dans sa vie.

Comment ces cultures différente­s vous ont-elles enrichie?

Ça n’a pas toujours été facile, car j’ai toujours eu l’impression qu’il fallait que je fasse un choix entre deux cultures opposées. J’ai compris il n’y a pas si longtemps que je n’avais pas à choisir, que je pouvais assumer les deux et que je n’étais pas obligée de les vivre en même temps. Je pouvais être tantôt française, tantôt brésilienn­e, tantôt juste moi, et cesser de me poser des questions. C’est un bon compromis d’être ici: je ne suis ni française ni brésilienn­e. Je suis sans étiquette.

Et comment avez-vous abouti à Montréal?

Ma soeur habite ici depuis une dizaine d’années. Elle est venue faire ses études ici, tandis que moi, je suis repartie au Brésil. Je suis allée lui rendre visite lors du Festival de jazz, car j’adore la musique. C’est mon autre passion, au même titre que le jeu. J’ai rencontré Line Charlebois de Toute la vérité, et elle m’a invitée à passer une audition. Je poursuivai­s alors

«J’ai été plusieurs fois déracinée. Dès mon plus jeune âge, j’ai voyagé énormément; c’est quelque chose que j’ai démystifié.»

mes études de théâtre à Paris. J’ai décroché le rôle et, depuis, je viens ici pour les tournages de la série. Chaque fois que je viens à Montréal, je me sens vraiment en vacances.

Vivriez-vous ici à temps plein?

Je pense sérieuseme­nt à venir habiter ici, au moins une année. J’aimerais m’installer à Montréal éventuelle­ment. Cela me permettrai­t de passer plus de temps avec ma soeur, car, mine de rien, à Paris, je n’ai personne. Il faut avoir du chien pour vivre seule à Paris. Il ne faut pas se laisser abattre par des broutilles.

Vous gardez le contact avec votre famille grâce à Skype...

Oui, ma mère est au Brésil, ma soeur, à Montréal, et moi, à Paris. Toutes trois, nous gardons le contact grâce à Skype, et ce, malgré les décalages horaires. Nous nous sommes habituées au fait qu’il y a toujours une partie de nous qui est au loin. Nous partageons notre quotidien: ma soeur fait la cuisine pendant que je me maquille et que ma mère regarde la télé, comme si nous vivions toutes les trois dans la même «ambiance». Sinon, je vois ma mère deux fois par an et, à chaque occasion, c’est comme si j’avais habité avec elle depuis toujours. Nous nous racontons notre vie privée: elle sait tout ce qui se passe dans la mienne, je sais tout ce qui se passe dans la sienne, comme si nous ne nous étions jamais quittées. On apprend à voir les choses du bon côté; c’est une question de survie.

Êtes-vous célibatair­e? Avez-vous des enfants?

J’ai quelqu’un dans ma vie, mais je n’ai pas d’enfant. Mon copain est brésilien. Il voyage énormément; il est souvent en Europe. J’aimerais avoir des enfants éventuelle­ment. Je sais que j’en aurai un jour, que je serai casée. Je m’organisera­i alors pour tout faire en même temps et que ça se passe bien. Si j’ai plus de travail ici, je viendrai m’y installer. Si j’ai plus de travail en France, je resterai là-bas. On verra.

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Elle aimerait s’installer à Montréal éventuelle­ment.
Lorrah quitte Paris, où elle habite, spécialeme­nt pour les tournages de Toute la vérité. Elle aimerait s’installer à Montréal éventuelle­ment.
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Interprète de Julia dans Toute la vérité
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la vérité.
Lorrah incarne Julia dans Toute la vérité.

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