7 Jours

DES CHOIX DÉCHIRANTS POUR LES COACHS

L’étape des duels est difficile pour les candidats, mais aussi pour les coachs, qui doivent, au cours de cette étape, se départir de la moitié de leur équipe. Attrapés au vol, Jean-Pierre Ferland et Marc Dupré, nous parlent de la tâche ardue qui leur inco

- Patrick Delisle- Crevier PAR

«JE TROUVE ÇA TRÈS DIFFICILE DE LAISSER PARTIR DES GENS QUE J’AI CHOISIS»

— MARC DUPRÉ

Marc, comment parviens-tu à faire le choix déchirant d’éliminer des candidats après les duels? Je trouve ça très difficile de laisser partir des gens que j’ai moi-même choisis... mais je me fie à mon instinct pour me guider. J’ai toujours l’impression que je ne suis pas allé assez loin avec ces personnes-là et que ça se termine trop tôt pour elles. Mais cela fait partie du jeu, c’est un passage obligé. Consultes-tu toujours ton mentor, Annie Villeneuve? Non. Parfois, le choix est clair mais, dans un cas comme celui de Stephan McNicoll et Edi Hysi, la semaine dernière, j’ai eu besoin de me tourner vers Annie avant de prendre une décision. Ce n’est pas toujours évident, et je ne dois pas penser uniquement à la performanc­e des candidats, mais aussi à ce qui s’en vient. Parfois, un des deux concurrent­s est mieux outillé que l’autre pour aller loin dans la compétitio­n. Est-ce que tu te laisses influencer par les commentair­es des autres coachs? Non, pas nécessaire­ment, surtout que leurs commentair­es pourraient être plus stratégiqu­es que sincères. Je pense à Christina Aguilera, qui a été une fine stratège dans la version américaine. Je me fie surtout à mon feeling. Te sens-tu coupable envers certains candidats après l’éliminatio­n? Non, car cela fait partie du jeu, et j’assume complèteme­nt mes choix. J’écoute mon coeur et je ne fais pas de choix stratégiqu­es. Mais c’est certain que j’aimerais retravaill­er avec la plupart des participan­ts éventuelle­ment. Être éliminé de La Voix ne représente pas une fin en soi, bien au contraire. Quels sont tes critères de sélection? J’y vais en fonction des participan­ts qui ont le plus de chances de se rendre loin dans la compétitio­n. Il y a la performanc­e, mais il y a aussi l’attitude, le travail que l’on a fait ensemble et la technique vocale. Je suis vraiment mon feeling. Parfois, un candidat chante mieux qu’un autre, mais ce n’est pas nécessaire­ment celui qui, selon moi, se rendra le plus loin possible dans l’aventure. Qu’as-tu envie de dire aux candidats éliminés? Surtout, de ne pas se décourager, et que La Voix est un beau tremplin. Ils ont été vus par des millions de personnes. Ils doivent continuer et ne pas abandonner leur passion. La Voix n’est qu’un concours; en sortir, ce n’est pas une fin en soi.

«JE DONNE DU BONHEUR À L’UN ET JE DONNE DE LA TRISTESSE À L’AUTRE...»

— JEAN-PIERRE FERLAND

Monsieur Ferland, comment composez-vous avec les choix parfois déchirants que vous avez à faire lors des duels? C’est très douloureux, parce qu’une belle relation d’amitié s’est établie entre mes candidats et moi. Je déteste devoir en retourner un chez lui. En choisir un, ça implique de décevoir l’autre, et ce n’est vraiment pas une situation facile. Je donne du bonheur à l’un et je donne en même temps de la tristesse à l’autre. C’est très difficile. Pour vous, que représente Claude Dubois comme mentor? C’est un honneur de travailler avec Claude. Je l’ai choisi, parce qu’il a, à mon avis, la plus belle voix masculine du Québec, et je savais que j’allais pouvoir compter sur ses judicieux conseils lors de l’étape difficile des duels. Je ne m’en cache pas, je suis très content d’avoir un mentor, car ça me permet de partager le sale boulot avec quelqu’un d’autre. Nous sommes deux à choisir qui sera éliminé. C’est un peu moins lourd à porter, disons. Vous sentez-vous coupable de rejeter un candidat? Oui, c’est terrible, et j’ai beaucoup de regret chaque fois. Il y a aussi dans cet exercice une prétention que je n’aime pas beaucoup. Qui suisje pour dire à des gens qui chantent mieux que moi qu’ils sont éliminés? Je me suis toujours vu comme un auteur-compositeu­r et non comme un interprète, car je ne considère pas que j’ai une belle et grande voix. Alors, devoir dire à un concurrent qu’il est moins bon qu’un autre est difficile pour moi. Qu’avez-vous envie de dire aux candidats éliminés? Notre grand Félix Leclerc a dit un jour: «Il y a plus de courage que de talent dans une réussite», et je ne demande pas mieux que de le croire. Alors, j’ai envie de dire aux candidats éliminés de retrousser leurs manches, et de continuer à avancer et à nous prouver qu’ils ont ce qu’il faut pour faire le plus beau métier du monde: celui de chanteur.

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Eric Myre

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