7 Jours

7 QUESTIONS À... Joël Dicker

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L’AUTEUR DE LA VÉRITÉ SUR L’AFFAIRE HARRY QUEBERT A PRIS LE MONDE LITTÉRAIRE PAR SURPRISE EN REMPORTANT LE GRAND PRIX DU ROMAN DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE ET LE GONCOURT DES LYCÉENS, EN PLUS D’ÊTRE EN LICE POUR LE PRIX DES LIBRAIRES DU QUÉBEC 2013, VOLET HORS QUÉBEC. ET MAINTENANT, ON A ENVIE DE CONNAÎTRE TOUTE LA VÉRITÉ SUR CET ÉCRIVAIN, LE CHARMANT JOËL DICKER...

Joël, comment vivez-vous ce succès littéraire monstre qui vous tombe dessus à seulement 27 ans? C’est énorme, mais c’est très éphémère, j’en suis conscient. Chaque rentrée littéraire est balayée par une autre. Peut-être qu’à 27 ans j’ai déjà connu le sommet de ma carrière littéraire! (rires) Rien n’est acquis. J’ai une chance incroyable, mais ça ne garantit rien. Ça m’a pris huit ans pour en arriver là. Il y a eu beaucoup de sacrifices et de travail acharné, et ce n’est que le début. Si je veux rester, il va me falloir faire mes preuves. Votre personnage principal, Marcus Goldman, est un jeune écrivain célèbre. Aujourd’hui, à 27 ans et avec le succès que votre livre remporte, peut- on dire que La vérité sur l’affaire Harry

Quebert était un peu prophétiqu­e? C’est toujours facile de faire des prophéties après coup. Je raconte simplement l’histoire d’un type dont le livre marche bien. Il se trouve qu’il y a un parallèle avec ma vie. Mais, ce qui m’a poussé à écrire ça, ce n’était pas une projection de moi, seulement l’histoire telle que je voulais la raconter. Si le livre n’avait pas marché, on aurait plutôt dit que je fantasmais. Votre roman est très ancré dans l’histoire américaine. Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet? Je connais bien les États-Unis parce que j’y vais très souvent. Je passe un mois par année dans une maison dans le Maine, la région que je décris dans le livre. Depuis le temps, ç’a suscité chez moi beaucoup d’intérêt pour l’histoire, le fonctionne­ment, la mentalité, bref pour tous les différents aspects de la culture américaine. Pourquoi cette fascinatio­n pour l’Amérique chez les Européens? Il y a une fascinatio­n pour ce que l’Amérique dégage. Je viens de Suisse; c’est tout petit, il y a des frontières partout. En arrivant ici, cette immensité est assez incroyable. On y trouve une impression de liberté. Si la liberté avait une image pour les Européens, ce serait l’Amérique du Nord. Le récit compte plusieurs mises en abyme. Était-ce difficile pour vous de naviguer entre ces différents livres dans le livre? Puisque le narrateur est en train d’écrire un livre, je trouvais intéressan­t qu’on puisse le suivre dans son écriture. Même chose pour le livre de Harry, Les origines du mal. La faiblesse de mon livre réside peut-être dans Les origines du mal, que je présente comme un grand chef-d’oeuvre des lettres américaine­s: dès que j’en inclus un extrait, on se demande si c’est plausible. Évidemment que c’est écrit par moi, et évidemment que ce n’est pas un grand chefd’oeuvre! Mais c’était indispensa­ble d’en écrire des extraits pour résoudre une des énigmes de mon livre. C’est un jeu: le lecteur part du principe que c’est un chef-d’oeuvre. Votre roman possède une écriture très cinématogr­aphique. Aimeriez-vous le voir en film? C’est un très long livre, alors ça pourrait faire un très mauvais film. Faire tenir ce livre en deux heures, c’est le travail d’un scénariste, d’un réalisateu­r. Ça me plairait qu’on en fasse un film pour voir comment mon livre peut inspirer quelqu’un d’autre à lui donner une nouvelle forme, mais je ne me verrais pas impliqué là-dedans. Songez-vous déjà à un nouveau roman? Je commence un peu à mettre des idées en place. On va voir ce que ça donne. La vérité sur l’affaire Harry Quebert m’a entraîné à gauche et à droite. Pour écrire de nouveau, je crois que j’ai besoin d’être de retour au calme. Je n’ai pas encore eu ce moment où je suis vraiment face à ma feuille et où je me dis: «Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant, bordel?» (rires)

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