7 Jours

Isabelle Boulay

- — Isabelle Boulay

Inspirée par une de ses voix préférées, la coach de La Voix s’est gâtée en faisant un disque ne contenant que des chansons du grand Serge Reggiani.

À peine l’aventure de La Voix terminée, Isabelle Boulay sort un tout nouvel album honorant l’oeuvre du grand Serge Reggiani. La chanteuse nous explique ici ce qui l’a amenée à faire ce disque. Elle nous parle aussi de la quarantain­e, de sa vie entre le Québec et la France et de tout ce que cela comporte.

Isabelle, d’où t’est venue l’idée de faire un album avec les chansons de Serge Reggiani?

Ce disque n’était pas du tout prémédité! Même que j’ignorais que cette année était celle du 10e anniversai­re de la mort de Reggiani. Dans ma tête, ça ne faisait pas si longtemps qu’il était décédé. Le printemps dernier, j’étais dans mon atelier et je réfléchiss­ais à la direction que je souhaitais donner à mon nouvel album. J’avais quelques chansons originales, mais celles de Reggiani roulaient sans arrêt dans ma tête. Peu à peu, les planètes se sont alignées et l’idée de ce disque est née.

Pourquoi la musique de Reggiani?

Deux genres musicaux m’ont toujours influencée: le country et la chanson française. Et deux interprète­s m’ont particuliè­rement marquée: Édith Piaf, à l’âge de 16 ans, et Serge Reggiani, que j’ai découvert par l’entremise d’un ami. J’ai eu un coup de coeur pour ses chansons et sa voix, qui ne m’a plus jamais quittée.

Tu as d’ailleurs eu la chance de le rencontrer et même de chanter avec lui!

Oui, en 2003. Nous avions le même producteur de spectacles. Depuis que j’avais 19 ans, j’interpréta­is la chanson

Ma fille dans mes concerts. Un jour, mon producteur m’a demandé si j’aimerais rencontrer Reggiani et peutêtre même chanter avec lui. Le temps de le dire, je me suis retrouvée dans le salon de Reggiani.

Comment s’est passée cette rencontre?

Je savais que le peu de temps que je passerais avec lui serait un peu comme une audition. M. Reggiani avait beaucoup de rigueur. Il m’a défiée du regard, et j’ai senti que je devais être à la hauteur de ses exigences. Finalement, je suis montée sur scène avec lui, au Palais des Congrès, il y a 10 ans.

Quel souvenir gardes-tu de l’homme?

Sa fureur de vivre, sa recherche de la beauté et sa rigueur en ce qui a trait au métier. C’est quelqu’un qui exerçait le métier à l’ancienne, avec beaucoup de noblesse. Je garde aussi le souvenir de la complicité entre sa femme, Noëlle Adam, et lui. Elle le regardait constammen­t pendant qu’il était sur scène, elle le protégeait des coulisses. Il y avait une telle intensité dans leurs regards, tellement d’amour dans ce couple...

Avant de faire l’album, tu as d’ailleurs tenu à la rencontrer. Pourquoi?

J’ai aussi tenu à rencontrer Jean-Loup Dabadie, qui est le principal auteur de Serge Reggiani. Je voulais avoir leur approbatio­n. C’était important pour moi que ces gens-là soient d’accord avec mon projet. De mon côté, je me sentais prête, j’avais enfin l’impression d’avoir l’âge et l’expérience nécessaire­s pour faire ce disque.

Tu en es maintenant à plus de 25 de carrière... Quel bilan en fais-tu?

Ce dont je suis le plus heureuse par rapport à ma carrière, c’est que j’ai encore envie de faire plein de choses même si le milieu a changé. Ça n’a pas tari mon désir d’exercer ce métier. Cet hiver, je terminais ma tournée, j’enregistra­is mon album et j’étais coach à

La Voix, mais tout est arrivé au bon moment. Je ne crois pas que j’aurais pu faire partie de La Voix avant cette année. J’ai l’impression que je suis exactement là où je devais me trouver.

À 42 ans, es-tu là où tu l’avais imaginé à tes débuts?

Je n’ai jamais été très ambitieuse,

mais je suis très volontaire. Ce que j’aime dans mon parcours, c’est que j’ai toujours réalisé des rêves que j’avais. Je désire depuis un moment faire un album avec le producteur américain T-Bone Burnett. Et plus ça va, plus je m’approche de cette possibilit­é. Mais je prends mon temps et je travaille fort.

Comment vis-tu la quarantain­e?

Vieillir ne me dérange pas trop, même si les exigences envers les femmes du milieu artistique sont importante­s. Humblement, je pense que mes atouts de chanteuse ne sont pas d’ordre physique. Vieillir me chicote un peu, mais ça fait partie de la vie. Je n’ai pas encore ressenti le besoin d’intervenir,

Je suis plus souvent au Québec que les gens le

pensent. Mais dernièreme­nt, j’ai décidé d’avoir un pied-à-terre

à Paris.

et ça me ferait un peu peur, car on perd un peu nos traits en retouchant notre visage. Je n’ai pas envie de ça.

Qu’aimerais-tu accomplir durant ta quarantain­e?

J’espère continuer en conservant ce bel équilibre entre ma vie personnell­e et ma carrière. J’ai un petit garçon de six ans formidable, avec qui j’ai envie de passer le plus de temps possible. Ça va si vite! Je me sens comblée en tant que maman, femme et chanteuse, et j’espère toujours être en mesure de m’adapter aux dimensions nouvelles que m’apportera la vie.

Tu vis sur deux continents. Est- ce difficile pour toi de tout concilier?

Je suis plus souvent au Québec que les gens le pensent, même si je vais régulièrem­ent en France. Mais dernièreme­nt, j’ai décidé d’avoir un pied-à-terre à Paris. Sans cela, je crois que j’aurais perdu toute envie d’y retourner aussi régulièrem­ent. J’ai besoin de me faire un nid là-bas, aussi petit soit-il. Et ça facilite les choses pour mon fils, qui a besoin, lui aussi, d’avoir des repères et son chez-lui.

Que se passera-t-il pour toi d’ici la fin de l’année?

Dans quelques jours, je partirai en France pour faire la promotion de mon album. Après je donnerai deux concerts en Suisse, puis je reviendrai ici pour les Francofoli­es de Montréal, où je présentera­i mon spectacle Merci

Serge Reggiani, le 21 juin. Ensuite, il y aura le Mondial Choral de Laval, le 25 juin. Et je prendrai des vacances en famille. Par la suite, l’automne sera

chargé, avec la tournée de l’album.

Reprendras-tu place dans ton fauteuil rouge de La Voix, l’an prochain?

Ce fauteuil m’attire! J’ai vécu une expérience profession­nelle et humaine formidable. Ça m’a permis de me reposer de moi-même et de consolider mon envie de faire ce métier. Il est donc fort possible que je reprenne possession de mon fauteuil...

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Serge Reggiani en 1974, à Milan. MERCI SERGE REGGIANI
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