Sophie Nélisse
À 14 ANS, DÉJÀ DANS LA COUR DES GRANDS!
À l’aube de l’adolescence, Sophie Nélisse reçoit éloges et récompenses du milieu cinématographique international. Des réalisateurs réputés s’intéressent à cette actrice douée qui rêvait plus de participer aux Jeux olympiques que de jouer au grand écran...
En octobre dernier, aux Hollywood Film Awards, Sophie a reçu un prix récompensant les jeunes talents prometteurs et, en mars, au gala des Satellite Awards à Los Angeles, elle a gagné celui de la révélation de l’année. En mai, elle a aussi remporté le prix de la meilleure actrice principale dans un long métrage au gala annuel des jeunes talents Young Artist Awards, présenté à Los Angeles. C’est son rôle de Liesel dans le film
La voleuse de livres qui lui a valu cette distinction, la plus haute attribuée aux jeunes acteurs. Mais tous ces honneurs n’empêchent pas l’actrice de garder les pieds sur terre. Sophie Nélisse est reconnaissante et enchantée de ce qui lui arrive, mais être comédienne n’a jamais été son plus grand souhait: sa véritable ambition était de se rendre aux Jeux olympiques, en gymnastique. Pourtant, c’est sur les grands écrans du monde entier qu’elle se retrouve, et elle ne le regrette pas.
Sophie, c’est fou, tout ce qui se passe dans ta vie en ce moment! Une des agences artistiques les plus importantes de Hollywood, qui représente des stars comme Jennifer Lawrence, George Clooney et Nicole Kidman, t’a recrutée! Ça va vite! L’année dernière, lorsque je suis revenue à Montréal après La
voleuse de livres, un agent de la CAA (Creative Artists Agency) m’a rendu visite: il voulait me représenter. Peu de temps après, la plupart des agences des États-Unis se sont montrées intéressées. Mais j’ai choisi la CAA parce qu’elle a été la première à se manifester et à croire en moi. Tu viens juste de terminer la promo
tion du film La voleuse de livres. Une tournée qui a pris beaucoup de ton temps… Ç’a l’air agréable, une grande tournée de promotion, mais les journées sont très longues! On se présente à 6 h du matin pour se faire maquiller et coiffer, puis les entrevues se suivent les unes après les autres. Je passais des journées assise à répondre aux mêmes questions. Le soir, j’étais complètement vidée. En plus, je devais souvent prendre l’avion et faire mes devoirs. Mes amies me trouvaient chanceuse, mais c’était beaucoup de travail. Heureusement, il y a de bons côtés aux tournées de promotion. Cet automne, j’ai pu visiter Jérusalem, Rome et Berlin.
Qu’aimes-tu dans le cinéma? Plein de choses: la lecture des scénarios, l’apprentissage d’un rôle et les journées de tournage. Par contre, les auditions sont stressantes. Alors, quand je décroche un rôle, je suis très heureuse. Jusqu’à présent, j’ai eu beaucoup de chance. J’ai travaillé avec de bons réalisateurs. Parfois, un réalisateur difficile, ça peut impressionner… J’ai déjà été dirigée par un réalisateur qui travaillait très vite. Il ne nous laissait pas vraiment le temps de refaire les scènes. Dès qu’on devait en reprendre une plus de trois fois, il s’impatientait. Par ailleurs, quand on me demande de pleurer, je préfère me préparer dans mon coin. Je ne tiens pas à ce que le réalisateur m’énerve au point d’avoir de la peine à cause de lui. Y a-t-il des réalisateurs avec lesquels tu aimerais collaborer un jour? Plein! J’adorerais tourner avec Denis Villeneuve. Je rêve de le rencontrer, tout comme Jean-Marc Vallée et Xavier Dolan. Et je souhaite refaire des films avec Philippe Falardeau
(Monsieur Lazhar) et Luc Picard (Ésimésac). Je les adore! Bientôt, tu partiras tourner The Great
Gilly Hopkins, à New York, dans lequel tu joueras aux côtés de Glenn Close et de Kathy Bates. Es-tu stressée?
J’adorerais tourner avec Denis Villeneuve. Je rêve
de le rencontrer, tout comme Jean-Marc Vallée
et Xavier Dolan.
C’est sûr que, les premières semaines, c’est intimidant et impressionnant. Mais ça finit par passer. Après quelques jours, les grandes stars deviennent un peu mes amies, et je n’y pense plus. Pendant le tournage
de La voleuse de livres, tous les acteurs s’assuraient que j’étais bien. Dans The Great Gilly Hopkins, tu interprèteras Gilly, une jeune fille qui va de foyer d’accueil en foyer d’accueil. Comment te prépares-tu pour ce rôle? J’ai de la facilité à saisir les émotions de mes personnages. Je ne fais pas de grandes recherches. Je lis le scénario et je m’imagine à quoi ressemble la vie de mon personnage. Et puis, le soir, en rentrant à la maison ou à l’hôtel, j’oublie vraiment tout. Je décroche facilement. Mais je choisis mes rôles. Tu n’acceptes pas tout ce qu’on te propose...
S’il y a trop de violence ou si je ne me sens pas à l’aise, je refuse. On m’a proposé de jouer un personnage qui se faisait agresser, et j’ai dit non. C’était inapproprié pour mon âge. Mon agent lit tous les scénarios et fait parvenir les meilleurs à ma mère. Si elle juge qu’ils sont bons, je les lis. Finalement, on décide ensemble, tous les trois. Je veux poursuivre mes études et avoir des vacances pendant l’été pour me relaxer avec mes amis. Étant donné ton horaire bien rempli, arrives-tu à aller à l’école? J’y vais quand je n’ai pas de tournage. Lorsque je suis à l’étranger, je fais mes travaux à distance. Je suis un programme de sport-études en gymnastique. J’ai mes cours le matin. L’après-midi, je peux travailler. C’est important, l’école. Pour être une meilleure actrice, j’ai besoin d’étendre mes connaissances. Et c’est toujours bon d’avoir un plan B, si jamais ma carrière d’actrice fonctionne moins bien. Je veux aller à l’université. Le regard des autres sur toi a-t-il beaucoup changé? Non, pas vraiment. La plupart des étudiants me connaissent. C’est sûr qu’il y a quelques gars immatures qui disent, en me voyant: «Attention, la star arrive!», mais ça ne me dérange pas. J’ai gardé le même groupe d’amis et je suis restée la même.
Et dans ta famille? Pas du tout! Nous sommes trois enfants et nous sommes traités également. Ce n’est pas parce que je fais des films que je suis meilleure que mon frère ou ma soeur. D’ailleurs, ma soeur, Isabelle, qui a 10 ans, fait du cinéma aussi. Je l’aide à répéter... même si ça l’énerve!
À quoi a ressemblé ton enfance? Elle était toute simple. Je suis née à Windsor, en Ontario. Quand j’avais quatre ans, nous avons déménagé dans la maison de ma grand-mère à Ahuntsic, à Montréal. J’adore ce quartier. Mon enfance a surtout tourné autour de la gymnastique! Jusqu’à récemment, ç’a occupé beaucoup de place dans ma vie. J’en fais depuis que j’ai quatre ans. J’ai cessé l’entraînement l’an dernier seulement. Ç’a été un choix difficile.