7 Jours

Une pensée pour vous...

Les inondation­s ont fait réagir le Québec. Personne n’a été insensible face aux sinistrés… et un élan de solidarité s’est fait sentir. Dans l’adversité, l’humain démontre un certain courage qui, parfois, était encore méconnu. Je ne peux que lever mon chap

- Par Josée Boudreault

Depuis plusieurs semaines, je suis attristée de voir les eaux monter dans plus de 160 villes et municipali­tés du Québec, détruisant les maisons et forçant quelque 3800 personnes à être évacuées. J’ai une pensée, chaque jour, pour eux.

Face à l’angoisse

Imaginez l’angoisse qu’ils ont vécue ou vivent encore, en regardant l’eau inonder leur maison, pourrir leurs murs et tous leurs biens, voler une partie de leur vie et de leurs précieux souvenirs... Devant leurs yeux, et dans l’impuissanc­e totale. Certains ont tenté de détourner les flots destructeu­rs, sans succès. Et du jour au lendemain, ces gens se trouvent dans l’obligation de tout laisser derrière eux, de monter à bord d’une chaloupe et de regarder autour d’eux leur ville engloutie, tout comme leur foyer. Mais pour aller où?

On lâche pas!

J’ai beaucoup d’admiration pour cette foule de Québécois laissés à eux-mêmes, et pourtant si solidaires dans leur malchance. Je vois des centaines d’images défiler où ils se prennent par la main pour se guider dans les débris, où ils unissent leurs forces pour repousser les eaux déferlante­s et où ils rassurent leurs enfants et ceux des familles voisines. Ils font tous preuve de pure résilience, et je trouve ça beau. La nature leur fait traverser une épreuve difficile qui les pousse en dehors de leur zone de confort, de leur nid familial. Et sans vraiment avoir le choix, ils relèvent le défi en se serrant les coudes. Je n’ai pas beaucoup de mots, mais si j’avais une chose à leur dire, ce serait simplement: «On lâche pas!» Parce que la seule façon de s’en sortir, c’est en gardant la tête haute. Mais je sais que mes paroles seraient vaines, car ils ont déjà compris.

Un souvenir pas si lointain...

Je me souviens des longues conversati­ons téléphoniq­ues que j’avais avec ma mère, en 1996, année marquante où le Saguenay a été gravement inondé. Je pouvais sentir l’angoisse dans sa voix lorsqu’elle m’exprimait ses craintes de voir la demeure de mon enfance ensevelie sous l’eau. Et mon père, stressé comme il est, posait encore plus de questions qu’à l’habitude tout en guettant la rue par la fenêtre du salon: «Comment dormir la nuit en sachant qu’on peut se réveiller un matin et découvrir notre sous-sol submergé?» «Où partir si jamais nos meubles, nos planchers, nos objets baignent dans une immense flaque qu’on ne pourra nettoyer?» «Comment va-t-on s’en sortir?» Heureuseme­nt, rien n’est arrivé, mais chaque année, quand le mois de juillet approchait, ils redoutaien­t à nouveau de perdre la maison. Je ne peux donc pas imaginer la détresse de ces 3800 personnes qui ont réellement vécu les inondation­s et qui les craindront encore pendant plusieurs années. J’espère seulement qu’ils s’en sortiront, solidaires et forts. «On lâche pas!»

Chaque semaine, Josée Boudreault, avec la collaborat­ion de sa fille Chloé, partage avec nous ses réflexions sur les petits et grands moments de sa vie. «Je pouvais sentir l’ angoisse dans la voix de ma mère lors qu’ elle m’ exprimait ses craintes devoir la demeure de mon enfance ensevelie sous l’eau.»

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