7 Jours

Découvrez sa chronique d’humeur

Vendredi dernier était pour moi la date d’une fin et d’un départ à la fois. C’était ma dernière séance d’apprentiss­age avec Anne-Marie Delmas, une orthophoni­ste merveilleu­se avec laquelle j’ai passé une heure, trois fois par semaine, pendant 10 mois. Une

- JOSÉE BOUDREAULT

Avec elle, j’ai doucement réappris à communique­r, en débutant par des syllabes, des consonnes, et puis des mots, des tonnes et des tonnes de mots. Jamais Anne-Marie n’a manqué de patience lors de nos rencontres, même lorsque les journées me paraissaie­nt plus longues et que la fatigue faisait taire ma parole fragile. Elle m’a accompagné­e du début à la fin, dans la bonne humeur et l’écoute. Vraiment, je suis fière d’avoir fait ce grand bout de chemin avec elle, mais j’ai décidé que je devais poursuivre seule.

Espérer malgré la peur

Anne-Marie m’a guidée, outillée, appris… Que pourrait-elle faire de plus pour m’aider? Je dois poursuivre ma route par moi-même. Peut-être que j’ai déjà atteint le maximum, le palier infranchis­sable, mais j’ose rêver, espérer m’améliorer encore, parler, parler, toujours parler plus fort. Parce que, oui, j’ai peur. Peur d’avoir perdu mes mots à jamais dans les abysses de mon cerveau, peur de ne plus me faire comprendre par les gens qui me font tant de bien, peur qu’on oublie la place que je me suis forgée dans le milieu, avec mes paroles, au fil des années, ou même qu’on oublie pourquoi je suis ici aujourd’hui, parce que la vie m’a dépouillée de mon don et de ma passion à la fois. Mais, même si j’ai peur, j’avance et je garde espoir.

Croire en soi!

Il n’y a rien de pire que de vivre dans la crainte, tous les jours, et de stagner en s’imaginant des limites qui n’existent qu’en nous-mêmes. Je vais tout faire pour m’aider et pour, peut-être, concrétise­r mes espoirs. Et surtout, je n’oublierai jamais qui je suis: une femme honnête, heureuse, drôle, vraie, qui a du fun et qui est bien trop orgueilleu­se pour se laisser avaler par les obstacles sur le chemin de la vie! Tout ça, AnneMarie me l’a bien rappelé: comme cadeau d’au revoir, elle a écrit toutes les qualités qu’elle retrouve en moi sur des bouts de papier, qu’elle a tendrement glissés dans une enveloppe. Inutile de dire que j’en ai été émue aux larmes!

Ralentir pour mieux découvrir

Après 10 mois d’orthophoni­e, je peux dire que j’en ai appris des choses, et pas juste des mots. La patience, par exemple. J’ai appris, malgré moi, à ralentir le cours de ma vie, dans mes apprentiss­ages comme dans mes activités, et honnêtemen­t, j’haïs pas ça! On dirait que les gens aussi sont plus patients avec moi. Ils m’écoutent avec une attention si particuliè­re, si empathique; ils vont même jusqu’à compléter mes phrases. C’est la première fois en presque 30 ans de carrière que je me sens aussi proche d’eux. J’ai appris à observer les détails, à découvrir des beautés du quotidien que je n’avais jusque-là pas remarquées. Je savais déjà que la vie est simple et belle, mais maintenant, ça me saute aux yeux. Je suis simplement heureuse de poursuivre ma route.

«Je dois poursuivre ma route parmoi-même. Peut-être que j’aidéjà atteintle maximum, mais j’oserêver...»

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