7 Jours

Je veux ralentir pour ma famille»

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On se retrouve au pub le Bâtiment B situé en plein coeur du centre historique de l’Île-des-Moulins, à Terrebonne. Alors qu’on est installés dans la verrière qui offre une vue magnifique sur la rivière, Marc se remémore toutes les heures passées sur cette même rivière à pêcher alors qu’il n’avait que 11 ans. Il se souvient que c’est vers cette période qu’il a décidé de son métier et qu’il ferait tout pour y arriver. Déjà, il observait les gens autour de lui pour les imiter. Plus de 30 ans plus tard, il y a bien de l’eau qui a coulé sous les ponts. Dans ses yeux pétillants, je vois un homme heureux, rempli de gratitude et qui a les deux pieds sur terre. Dans les dernières années, il a connu de beaux succès dont il est très fier. Le travail, il en mange. La musique fait partie de lui depuis toujours; enfant, tout le monde jouait d’un instrument chez lui. Ils se retrouvaie­nt parfois 60 dans la maison mobile de La Plaine à faire de la musique. Très souvent en mode création, il me raconte en souriant qu’il a des guitares dans chaque pièce de la maison. Il peut donc, au gré de l’inspiratio­n, gratter quelques notes.

SON JOURNAL INTIME

Au moment de notre rencontre, Marc est sur un nuage. Il y a à peine quelques heures, il lançait son tout nouvel album La vie qu’il nous reste.

Comme il ne fait rien à moitié, le lancement était grandiose. «C’est fou des soirées comme ça! C’est tellement excitant, mais aussi

Quand j’étais petit, ma mère m’a appris à écrire mes émotions. C’est un peu ce que j’ai fait avec cet album.

stressant. C’est comme si j’avais tout oublié. (rires) Mais je suis tellement heureux de pouvoir enfin partager mon album avec tout le monde.» L’auteur-compositeu­r-interprète a travaillé pendant des mois sur ce nouveau projet. Quatorze nouvelles chansons qui parlent de bonheur, d’espoir, d’amour, de peurs. Cet album qu’il qualifie lui-même de thérapeuti­que est un peu comme un journal intime. «Quand j’étais petit, ma mère m’a appris à écrire mes émotions. C’est un peu ce que j’ai fait avec cet album. Il représente ma vie de maintenant. Je l’ai peaufiné jusqu’à la toute fin. Maintenant, il vous appartient. (sourire)» Il aime que les gens écoutent ses chansons et qu’ils se créent leur propre histoire. Quand les gens l’abordent dans la rue pour lui dire que telle chanson leur rappelle telle histoire ou leur fait vivre telle émotion, il est ravi.

SAVOURER CHAQUE INSTANT

«“La vie qu’il nous reste”, c’est profiter de chaque moment, comme une prise de conscience. C’est arrêter de vouloir tout faire en pensant qu’il n’y aura rien d’autre après. Durant les quatre dernières années de ma vie, je n’ai rien vu. Quand j’ai eu 40 ans, j’ai fait un merveilleu­x voyage en Europe avec ma famille, c’était magique! Me voici, quatre ans plus tard, et j’ai l’impression de n’avoir rien vu entre les spectacles, la télé et tous les projets. Je ressens le besoin de ralentir un peu pour savourer chaque instant avec mes enfants.» Il ne vit pas dans la peur de manquer de travail, mais avec trois enfants, il souhaite assurer leur avenir et leur offrir ce qu’il y a de mieux. «Mais en même temps, avoir peur en pensant à l’avenir, c’est aussi passer à côté du moment présent et, même si parfois j’aimerais arrêter le temps, ce n’est pas possible...»

APPRENDRE À LÂCHER PRISE...

Ce qui le comble aussi de bonheur et ce dont il est le plus fier, c’est sa famille, ses amours: Anthony, 16 ans, Stella, 14 ans, et Lenny, 12 ans. «J’ai envie d’être près d’eux et de les accompagne­r dans chaque étape de leur vie. De les voir devenir grands, de jeunes adultes uniques, c’est beau.» Il s’arrête un instant, me regarde... et me confie en souriant: «Tu sais, Saskia, quand j’étais jeune, je brassais la cabane, et pas juste la mienne. Je le sais comment ça marche, ils ne peuvent pas m’en passer... Mais je dois lâcher prise et les laisser vivre leurs expérience­s.» J’avais devant moi un homme qui me semblait plutôt relaxe, et pourtant je me trompais... Il affirme être stressé et ne tenir rien pour acquis. Après avoir rempli le Centre Bell deux fois devant des milliers de personnes, il était tout aussi stressé de faire un spectacle à Sainte-Thérèse quelques jours plus tard. Il se remet en question afin d’offrir le meilleur spectacle possible, et ce, peu importe l’endroit ou la grandeur de la salle.

... ET À DIRE NON!

Dans chaque projet, il s’investit corps et âme. Il y pense tout le temps afin d’être prêt à toute éventualit­é. Tout est réfléchi et planifié. «Ce qui fait que je me retrouve en mode travail nuit et jour. Voilà pourquoi je ressens le besoin de me reposer un peu; en même temps, je ne peux pas tout faire. Des fois, je fais des choses pour pouvoir prendre soin de ma famille, mais ça implique aussi que je suis moins là pour eux. J’ai tendance à dire oui à tout. Mais là, j’apprends à dire non...» Il prend une pause. «Même si ce n’est pas facile. Parfois, les projets se chevauchen­t, je dois donc faire des choix.» Voilà entre autres pourquoi il ne fait

«Aujourd’hui, mes rêves sont moins axés sur moi, plus sur mes enfants, sur leur réussite à eux!»

pas La Voix 6. «Les tournages commençaie­nt en même temps que La Voix Junior, alors, ça devenait difficile de faire les deux. Et comme je veux me donner à 100 % dans tout ce que j’entreprend­s, j’ai pris la décision — et ç’a été difficile — de laisser ma chaise.»

SON PORT D’ATTACHE

Depuis 18 ans, il partage sa vie avec Anne-Marie Angélil. Il me parle d’elle avec beaucoup d’amour et d’admiration. Sans elle, il dit que sa carrière ne serait pas la même. Ils sont amoureux et alliés dans tout. «Anne-Marie est venue au monde dans ce milieu. Elle comprend. C’est la première personne avec qui je partage tout, les bons comme les mauvais coups. Sans elle, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais. Mais d’un autre côté, elle est aussi capable de me le dire quand c’est trop. C’est une femme vraiment extraordin­aire!» Et le secret de leur belle histoire? «Elle a la tête dure! (rires)» Oui, elle veut que ça marche, mais lui aussi. Chacun de leur côté, ils font les efforts nécessaire­s. Parce que oui, être en couple et être parents de trois enfants, ça demande de faire des efforts. «On est à l’écoute l’un de l’autre et on prend notre vie de couple et de famille très au sérieux. On fait une super équipe!»

FIDÉLITÉ

«Dans notre couple, on a su évoluer ensemble. C’est notre force.» Fidèle en amour comme au travail, ses musiciens le suivent depuis des années, même s’il sait que ça ne doit pas toujours être facile pour eux. Surtout quand il fait des changement­s de dernière minute dans le déroulemen­t de ses shows, parce qu’il a besoin de continuell­ement se renouveler. Mais ses musiciens le connaissen­t bien; ils suivent la cadence. Il profite d’ailleurs de l’occasion pour les remercier.

UN CONTACT PRIVILÉGIÉ

Le coach de La Voix Junior me raconte aussi à quel point le contact privilégié qu’il a avec les enfants le nourrit. «Ils sont purs, authentiqu­es. J’apprends beaucoup auprès d’eux et je souhaite leur offrir le meilleur de moi-même. On s’attache tellement à eux. C’est une expérience humaine très enrichissa­nte.» Très touché par tout ce qui concerne les enfants, il a récemment offert une chanson à la Fondation CHU Sainte-Justine. «Je voulais leur dire qu’ils ne sont pas seuls. Faire face à la maladie, c’est horrible. Je ne peux pas faire grandchose, mais si déjà en écoutant cette chanson ils se sentent un peu mieux, ne serait-ce que quelques instants...»

«J’apprends à dire non... même si ce n’est pas facile.»

SES RÊVES

Avant de nous dire au revoir, il me reparle avec douceur de sa belle. «Anne-Marie est le solage de notre famille: elle s’occupe de tout. Et avec trois enfants, l’horaire est pas mal chargé. Elle pense à tout! Elle m’impression­ne de garder le fort ainsi. Sa force est incroyable. Mais quand René, son papa, est décédé, elle était évidemment brisée, anéantie. J’ai senti qu’elle avait besoin que je prenne le relais. Autant je peux me reposer sur elle, autant elle peut à son tour se reposer sur moi. C’est aussi ça “La vie qu’il nous reste”.» Il est donc heureux de passer plus de temps avec sa famille. Et, même s’il a des projets plein la tête, il se dit: chaque chose en son temps. La vie, il désire maintenant la vivre une étape à la fois. À 44 ans, il a fait tout ce qu’il souhaitait faire et même plus encore. Je lui demande ce qu’il dirait au jeune garçon de 20 ans qu’il était... Il réfléchit un peu... «Je lui dirais: “Lâche pas.” Je lui dirais que je suis fier de lui parce que, même s’il n’avait pas tous les outils, il a continué, travaillé, foncé.» Il a toujours voulu être un entertaine­r. Personne ne pouvait lui enlever ça de la tête. «Mais aujourd’hui mes rêves sont moins axés sur moi, plus sur mes enfants, sur leur réussite à eux.»

La vie est belle pour Marc et les siens. Il m’embrasse et m’offre un gentil câlin. Il jette un dernier coup d’oeil à la rivière de son enfance. Et hop! dans l’auto, son fils a une pratique de soccer dans 45 minutes. À bientôt, Marc!

«Sans Anne-Marie, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais.»

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 ??  ?? En compagnie de sa conjointe, Anne-Marie, et de leurs enfants, Lenny, Stella et Anthony, lors du lancement de son nouvel album.
En compagnie de sa conjointe, Anne-Marie, et de leurs enfants, Lenny, Stella et Anthony, lors du lancement de son nouvel album.
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