Gabriel Sabourin et Geneviève Rioux
d’amour! 20 ans
Depuis leurs débuts, Geneviève Rioux et Gabriel Sabourin ont souvent partagé la scène et les plateaux de tournage. C’est d’ailleurs au théâtre que tout a débuté pour eux, il y a 20 ans. Le temps ne semble pas compter pour ce couple qui a choisi d’entretenir un flou sympathique sur sa pérennité. Inspirés des parents de Gabriel, les amoureux se choisissent à nouveau régulièrement. Alors qu’on les a réunis dans Au secours de Béatrice, Geneviève et Gabriel ont, pour une rare fois, consenti à nous accorder une entrevue à deux.
«Geneviève est belle, fine, intelligente. Elle a tout ce que j’aime!» — Gabriel
Geneviève et Gabriel, on vous a vus ensemble dans Au secours de Béatrice. Gardez-vous de bons souvenirs de cette expérience de tournage?
Geneviève: Ç’a été bref, mais j’ai beaucoup apprécié. Je retrouvais Alexis Durant-Brault, que j’ai appris à connaître sur le film C’est le coeur
qui meurt en dernier, dans lequel je jouais la soeur de Gabriel. Alexis est un être généreux, exubérant, lumineux et drôle. Il donne beaucoup de place aux acteurs. C’était la première fois que je jouais avec Sophie (Lorain), une actrice et une femme que j’admire. J’interprétais le personnage d’une femme que personne ne croyait malade, même si elle s’était rendue dans plusieurs urgences. Ce que je devais jouer, c’était de l’émotion pure. Nous avons beaucoup joué ensemble, Gabriel et moi. Nous n’étions pas gênés d’être collés l’un sur l’autre. Durant le tournage, sa belle voix me rassurait comme dans la vie.
Certains couples n’arrivent pas à travailler ensemble. Manifestement, ce n’est pas votre cas...
Gabriel: Non, pour nous, c’est agréable. Il faut dire que nous nous sommes connus au théâtre. Quand on joue avec des gens qu’on connaît bien, il y a une espèce de complicité. De la même manière, j’ai souvent joué avec mon père (Marcel Sabourin). Geneviève et moi avons été tous deux de Chartrand et Simonne alors que j’étais un jeune acteur. Au cinéma, j’ai été son médecin dans La vérité. Dans Les gymnastes de l’émotion, une pièce sur Diderot que j’ai écrite, Geneviève était ma domestique.
Gen: C’est une question de confiance. Nous avons aussi joué au Rideau vert et en tournée dans une pièce sur la vie de Feydeau que Gabriel a écrite.
Quand on est du même projet, le travail peut-il devenir envahissant?
Gen: Il nous arrive de rentrer d’une répétition et d’échanger pendant une demi-heure sur ce que nous aurions dû dire ou faire. Par contre, à un certain moment, il faut s’entendre pour ne plus parler du travail. Il faut décrocher. Nous, les acteurs, nous sommes un peu obsessifs...
Gab: C’est un métier d’angoisses. Normalement, la maison est l’endroit où on décroche du travail. Le problème, quand on est deux acteurs, c’est qu’il faut y parvenir. Je présume que ce doit être la même chose pour les couples qui ont une entreprise. À certains moments, ça doit être difficile de trouver une façon de ne plus parler de travail.
Gen: Il faut dire aussi que nous n’avons pas les mêmes horaires. Je me lève beaucoup plus tôt que lui. Mais
«Notre histoire d ’amour a débuté dans une pièce de Marivaux qui s’appelle Le jeu de l ’amour et du hasard. C ’était prédestiné.» — Geneviève
depuis des années, nous louons un bureau où nous travaillons. C’est un lieu pour écrire ou pour apprendre des textes. Et dernièrement, nous avons écrit ensemble une minisérie web. Ceci étant dit, je ne voudrais pas faire uniquement des projets avec Gabriel. Nous avons besoin aussi de travailler sur d’autres projets.
Gab: C’est justement parce que nous ne travaillons pas toujours ensemble que c’est agréable de le faire.
Ne dit-on pas que la relation de couple repose sur une saine gestion de la distance?
Gab: C’est vrai, et il n’y a pas de formule établie. C’est en constant changement. Mes parents m’ont dit un jour que, lorsqu’ils se sont mariés, ils ont décidé de le faire pour un an. Ils voulaient voir comment les choses allaient se dérouler pour eux. C’était dans les années 1960. Ils sont ensemble depuis une cinquantaine d’années. Une relation repose sur deux personnes qui essaient d’évoluer et de se charmer à nouveau.
Est-ce un avantage de pratiquer le même métier et de bien vous comprendre l’un l’autre?
Gen: Oui. Et lorsque je sais qu’une première s’en vient, je n’embête pas Gabriel avec des décisions importantes. Nous n’avons pas besoin de nous expliquer là-dessus.
Gab: Et les couples d’acteurs savent aussi que les scènes d’amour ne sont pas agréables à tourner... (sourire)
Dans quel projet votre histoire d’amour a-t-elle débuté?
Gen: Dans une pièce de Marivaux
«Pouvoir échanger avec Geneviève, c’est précieux.» — Gabriel
qui s’appelle Le jeu de l’amour et du hasard. C’était prédestiné... (rires) Ça fait 20 ans.
Gab: C’est devenu un jeu entre nous: nous n’avons jamais calculé le nombre d’années. Nous avons prétendu que nous étions un jeune couple pendant très longtemps. Notre gag récurrent, c’était de nous demander mutuellement: «Ça fait combien de temps que nous sommes ensemble? Deux ans? Trois ans?»
Geneviève avait à l’époque deux jeunes enfants issus de sa relation avec Vincent Graton. Comment le tout s’est-il déroulé?
Gen: Gabriel est le beau-père de mes deux enfants qui ont 21 et 25 ans aujourd’hui. Il est présent, il est fin pour eux, il les gâte. Ils ont une belle relation. Tout est harmonieux.
Gab: Mes frères n’avaient pas encore leurs enfants. Ils ont donc été les premiers petits-enfants de mes parents.
Nous formons une famille élargie harmonieuse. Je viens d’une toute petite famille: mon père est fils unique, ma mère a un frère. J’ai deux cousines. Je trouve ça intéressant que les enfants puissent compter sur une famille élargie.
Qu’est-ce qui vous a séduit l’un l’autre?
Gab: C’est un ensemble. Certains théoriciens évoquent le choc amoureux: c’est une reconnaissance chez l’autre de tout ce dont on a besoin. Certains ne le vivent jamais, car il faut que ce soit réciproque. On reconnaît en l’autre des choses qu’on aime. C’est facile, on a l’impression d’être dans le même univers. Geneviève est belle, fine, intelligente. Elle a tout ce que j’aime! En vieillissant, on change. Avec le temps, certains couples communiquent moins, n’arrivent plus à se retrouver. Il faut s’adapter.
Gen: Gabriel et moi, nous nous réservons deux semaines par année pour voyager en tête-à-tête. Nous avons beaucoup voyagé ensemble par le passé. Nous avons fait notamment un road trip en Islande, nous sommes allés deux semaines en sac à dos en Tunisie. Nous aimons le dépaysement.
Gab: Nous avons beaucoup voyagé avec les enfants, mais depuis qu’ils ne veulent plus nous accompagner parce qu’ils ont leur vie, nous avons continué de le faire ensemble. Ça se passe bien pour nous en voyage. Nous formons une belle équipe. Depuis deux ans, mes trois frères, nos parents et moi louons une maison au bord de la mer.
Comment arrive-t-on de nos jours à traverser le temps?
Gen: L’écoute est primordiale. Il faut écouter l’autre et s’écouter soi-même. Gabriel est très généreux, investi, il fait sa part. Nous partageons les tâches 50-50. Lorsque nous nous sommes connus, il n’était pas habitué à ce rythme. Je ne voulais pas cuisiner tous les repas. Avec le temps, il est devenu un cuisinier hors pair! Et nous avons du plaisir à le faire ensemble. Et voyager nous fait sortir du quotidien et nous permet de rompre avec les habitudes.
Gab: Vivre en famille demande de trouver un équilibre entre ce que nous voulons et ce dont les autres ont besoin. Il faut faire de son mieux.
Y a-t-il encore de l’admiration entre vous?
Gen: Oui, j’ai une réelle admiration pour Gabriel.
Gab: C’est réciproque. J’aime avoir cet autre angle. J’en ai besoin. C’est un grand plaisir et une grande force de pouvoir échanger au quotidien sur le déroulement de la vie. Les gens qui sont seuls n’ont pas ce privilège. Pouvoir échanger avec Geneviève, c’est précieux.
Quels sont les projets professionnels qui vous occupent?
Gab: Je suis en tournée à travers le Québec avec Race, de David Mamet, une reprise d’une pièce jouée chez Duceppe l’année dernière. En plus d’être dans Au secours de Béatrice, je suis aussi dans District 31, série dans laquelle je joue un pas gentil.
Gen: Gabriel et moi avons aussi écrit une minisérie web dont nous reparlerons en temps et lieu. (sourire)
Au secours de Béatrice, mercredi
20 h, à TVA.
District 31, du lundi au jeudi 19 h, à Radio-Canada.
Race, en tournée jusqu’à la fin mars: duceppe.com.
Nos remerciements au restaurant Lov où cette séance photo a été réalisée. 1232, rue de la Montagne, Montréal.
«J ’ai une réelle admiration pour Gabriel.» — Geneviève