7 Jours

Geneviève Brouillett­e

En 2001, l’actrice a pris une décision qui allait changer sa vie: elle a arrêté de fumer. Parce qu’elle est fière d’avoir écrasé pour de bon, qu’elle aime sa vie sans fumée et qu’elle encourage les fumeurs à s’offrir la santé en cadeau, elle a accepté d’ê

- PHOTOS: DOminic GOuin • maquillaGe-cOiffure: Valérie queVillOn

Geneviève, tu es porteparol­e de la Semaine pour un Québec sans tabac 2018. Tu es une ancienne fumeuse, n’est-ce pas? Malheureus­ement, oui... J’ai commencé à l’âge de 14 ans, avec mes amis, pour plein de mauvaises raisons. À l’époque, je me sentais mature, libre et indépendan­te avec une cigarette à la bouche. Pendant presque 20 ans, fumer a fait partie de mon quotidien.

As-tu essayé d’arrêter?

Pas vraiment. À l’époque, on pouvait fumer dans les endroits publics, les restaurant­s, les salles de spectacle... Je me disais que si fumer était si dangereux que ça, ce serait interdit! Je me suis menti à moi-même durant de nombreuses années. Lorsque j’avais une quinte de toux le matin, je me disais que je devais être allergique à quelque chose, je ne l’attribuais jamais à la cigarette, et je continuais à consommer ma petite dose de poison au quotidien.

Quand as-tu arrêté?

En 2001, et c’est de loin le plus beau cadeau que je me suis jamais fait! Lorsqu’on est pris avec cette dépendance, écraser peut sembler une montagne. Je ne vous cacherai pas que ça ne se fait pas sans effort. La pilule magique pour arrêter de fumer, elle n’existe pas. Il y a un bout tough, qui dure environ trois jours. Ensuite, il faut se parler régulièrem­ent et se rappeler pourquoi on a pris la décision de ne plus jamais fumer.

Et toi, pourquoi as-tu pris cette décision?

Ma belle-maman souffrait d’un cancer de la gorge. Un jour, alors que j’étais avec elle à l’hôpital, elle a éclaté en sanglots et m’a dit: «J’ai toujours su que fumer n’était pas bon pour la santé, mais j’ai quand même continué et je suis rendue à l’hôpital, avec une tumeur. Je ne peux pas croire que je me suis moi-même infligé ça, je vais crever et c’est uniquement de ma faute!» Cette conversati­on m’a complèteme­nt chavirée.

As-tu arrêté immédiatem­ent?

Non, mais j’ai pris rendez-vous dans

un centre pour arrêter de fumer, grâce à une technique au laser. J’avais besoin d’une date, d’une heure précise, d’un rendez-vous avec moi-même, pour arrêter une bonne fois pour toutes. Lorsqu’on prend une décision aussi importante, la vie fait bien les choses: elle nous envoie des messages, comme pour confirmer notre démarche. Quelques jours avant de me rendre à ce centre, j’ai croisé une connaissan­ce, une fumeuse.

Et qu’est-il arrivé?

Cette femme avait le teint gris, les dents jaunes, la voix éraillée par la fumée et elle était malade. Ça m’a subitement sauté aux yeux: j’ai réalisé que, dans quelques années, cette femme, ce serait moi! J’étais plus décidée que jamais à arrêter de fumer. Dans la vie, il y a plein d’affaires que tu ne peux pas contrôler, et la maladie en fait partie. Par contre, il y a une chose qu’on peut faire pour éviter la maladie: ne pas fumer. C’est avec cette pensée que je me suis présentée au centre pour arrêter de fumer.

Est-ce le laser qui t’a aidée à écraser?

Je l’ignore, puisque deux amis fumeurs qui m’accompagna­ient ont recommencé à fumer, alors que moi, je n’ai jamais retouché à la cigarette. Certains ont essayé d’arrêter en diminuant graduellem­ent la nicotine. Pour ma part, j’ai préféré y aller d’un coup, comme lorsqu’on enlève un diachylon. (rires) Je crois que la volonté fait toute la différence. La seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir arrêté avant.

Pourquoi donc?

Parce que si je souffre d’un cancer du poumon à l’âge de 60 ans, je sais pertinemme­nt que la cigarette y sera pour quelque chose.

Ça fait maintenant presque 17 ans que tu as arrêté. T’arrive-t-il d’y penser?

La cigarette est une drogue très forte, aussi puissante que l’héroïne, paraît-il... Je sais qu’il m’est impossible d’y retoucher, ne serait-ce qu’une puff, sans retomber. Dans la série Apparences, mon personnage fumait. Même si j’utilisais de fausses cigarettes qui avaient mauvais goût, à la fin de la journée, je combattais une envie de fumer pendant quelques secondes. Lorsque je suis avec des amis qui fument, jamais je ne me laisse tenter. J’aime trop ma vie sans fumée.

Tu es porte-parole de la Semaine pour un Québec sans tabac. Comptes-tu profiter de l’occasion pour convaincre tes amis fumeurs d’arrêter?

(Geneviève réfléchit longuement.) J’ai fumé assez longtemps pour savoir que seule la personne qui souffre d’une dépendance peut la combattre. Une amie «gossante» qui te met plein d’horribles statistiqu­es liées à la cigarette dans la face n’aura aucun effet si tu n’as pas la volonté profonde d’arrêter. J’adopte donc la stratégie du soutien, c’est-à-dire que je répète souvent à mes amis fumeurs que je serai là pour eux, que je serai disponible pour les aider lorsqu’ils seront prêts à arrêter.

En terminant, que conseiller­ais-tu à quelqu’un qui désire écraser la cigarette après avoir lu cet article?

Visitez le site quebecsans­tabac.ca pour faire le plein d’outils qui vous aideront à arrêter. Les centres d’abandon du tabagisme représente­nt aussi une excellente option. Les gens qui y travaillen­t sont des profession­nels qui pourront vous proposer plein de trucs pour arrêter. Oui, arrêter de fumer exige un effort. Mais en fin de compte, les répercussi­ons ne sont que positives!

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