7 Jours

Éric Bruneau

PAPA AU PRINTEMPS

- PHOTOS: GUY BEAUPRÉ

Éric, que peut-on dire de ton personnage de Milan dans le troisième volet de la série?

L’action se situe sept mois après les événements de la deuxième saison. Milan est isolé. Il ne sait pas si Justine (Karine Vanasse) est toujours vivante. C’est un véritable jeu du chat et de la souris qui aura lieu tout au long de la saison entre ces deux personnage­s, qui se livrent un véritable duel. Un troisième personnage devient aussi central, et c’est celui de Vincent Morel, interprété par David La Haye. Il va se servir de l’un comme de l’autre pour mener à bien sa mission, qui est de protéger l’eau au Canada. Cette troisième saison est un véritable jeu d’échecs entre les personnage­s.

Qu’est-ce que ça représente pour toi de jouer dans une telle série?

C’est un cadeau hallucinan­t que de jouer cet ange noir. Je l’ai toujours joué comme si c’était un héros et je tente de justifier toutes ses actions, même s’il a un côté psychopath­e et qu’il va tout faire pour arriver à ses fins. Pour moi, Milan n’a pas de limites. Il a un côté sympathiqu­e, mais il a aussi un côté sombre. Il est inattendu, impulsif, charmeur, et il peut être violent et doux à la fois. Ce personnage a plusieurs facettes, c’est tripant de jouer ça!

Où vas-tu puiser ton inspiratio­n pour nourrir ce personnage?

Je ne sais pas trop. J’ai quelques petits traits qui peuvent s’apparenter à ceux Milan, mais qui sont poussés à l’extrême chez lui. Je n’ai heureuseme­nt pas son côté obscur. Je tente de le rendre sympathiqu­e, puisque je suis moi-même sympathiqu­e dans la vie. Ce personnage me permet d’explorer un côté très noir que je n’ai pas en moi. Jouer les textes de Luc Dionne, c’est du bonbon pour un acteur.

Quel genre de préparatio­n exige un tel rôle?

Disons que pour la première saison, il y a eu beaucoup de préparatio­n sur le plan physique. Pour cette saison, on est moins dans les cascades; il y a beaucoup plus de mind games. Cependant, il faut tout de même se garder en forme pour

«Je veux bâtir quelque chose avec ma blonde, Kim. Je me sens prêt à être père.»

jouer un tel rôle, car c’est assez exigeant sur le plan physique. Le plus grand défi, dans cette saison où tout le monde semble vouloir planter un couteau dans le dos de tout le monde, c’est de bien comprendre le scénario et les enjeux de chacun des personnage­s. C’est comme essayer d’orchestrer et de comprendre un méga jeu d’échecs.

Tu as de beaux rôles au cinéma, au théâtre et à la télévision. Tu es hyper choyé. En es-tu conscient?

Oui, je le réalise beaucoup, et encore plus en vieillissa­nt. Ça fait 11 ans que je suis sorti de l’école. Je me souviens m’être dit, à l’époque, que je voulais réussir autant sur scène qu’à la télévision et au cinéma. Je ne pourrais pas demander plus de ce métier, qui m’amène à travailler sur des projets et avec des gens incroyable­s. Je suis très choyé et j’en suis conscient, mais je ne tiens jamais rien pour acquis. Je profite de chaque instant.

De quoi es-tu le plus fier jusqu’à maintenant?

Je suis fier de voir que mon travail touche les gens. On m’aborde, on vient me parler de tel ou tel personnage, et c’est ce qui rend mon métier fantastiqu­e.

Il y a eu une période où tu étais incapable de dire non. Est-ce toujours comme ça, aujourd’hui?

Maintenant, je dis non quand le projet ne m’allume pas. Je ne regrette rien de mon parcours, et encore moins d’avoir dit oui à un moment ou un autre de ma

carrière. Mais quand on travaille sur une série, puis une autre qui perdure dans le temps, à un moment donné, il faut dire non à d’autres projets, par manque de temps et par conflit d’horaire.

D’où est née cette envie d’être comédien?

Le déclic, je l’ai eu très jeune. J’ai fait de l’improvisat­ion au primaire et j’ai adoré ça; j’ai continué d’en faire au secondaire. J’étais quelqu’un de plutôt timide, mais je me rappelle que, quand j’étais sur scène, quelque chose s’ouvrait en moi et me permettait d’être moins dans ma coquille. Je me souviens de la première fois que j’ai fait rire la salle; je me suis dit que c’était un feeling le fun. C’est devenu clair pour moi que j’allais essayer de faire ça dans la vie. Je devais écouter ce désir. J’ai donc proposé ma candidatur­e à des écoles de théâtre, et ç’a marché.

Est-ce que ç’a été difficile, pour toi, de décrocher des rôles après tes études?

Non, même que pendant que j’étais à l’école de théâtre, j’ai tourné dans le film Les États-Unis d’Albert, d’André Forcier. Habituelle­ment, quand tu étudies dans une école de théâtre, tu n’as pas le droit de travailler profession­nellement en tant qu’acteur, mais j’ai réussi à avoir une dérogation pour pouvoir faire ce film. Forcier cherchait un jeune qui voulait devenir acteur; il m’a invité à auditionne­r, et j’ai eu un rôle.

As-tu déjà eu une période creuse dans ce métier?

Oui, après le film, je me souviens n’avoir rien eu pendant un an. Puis, j’ai décroché un rôle dans la série Annie et ses hommes, et tout s’est enchaîné. Il y a eu Musée Éden, le film Les pieds dans le vide... Depuis, je n’ai jamais manqué de travail ou presque.

Ta belle gueule y est-elle pour quelque chose ou t’a-t-elle plutôt déjà nui?

C’est certain que ça peut permettre de décrocher des rôles, mais ça peut aussi avoir l’effet contraire. On m’a déjà refusé un rôle parce que j’étais trop beau. Au début, je trouvais ça difficile. Mais, en même temps, on est tous trop ou pas assez quelque chose en audition. C’est juste normal, et ça fait partie du métier. Mais je dois dire que je ne me

«Je voulais montrer que je pouvais aller dans d ’autres zones et jouer autre chose qu’un gars avec une belle gueule.»

trouve pas particuliè­rement beau. Après Toute la vérité, on m’a souvent offert des personnage­s de jeunes premiers, et j’ai volontaire­ment dit non à ce type de rôle. Je voulais montrer que je pouvais aller dans d’autres zones et jouer autre chose qu’un gars avec une belle gueule. J’ai voulu casser cette image qu’on m’avait donnée.

Tu as maintenant 34 ans. Trouves-tu difficile de vieillir?

On vieillit tous, et je vois bien que certaines rides apparaisse­nt. Mais je pense que vieillir, ça offre aussi plein d’autres possibilit­és. Je ne voudrais pas retourner à mes 20 ans; j’aime l’homme que je deviens. Je n’ai jamais eu de plan de carrière, donc je ne peux pas dire que je suis là où je voulais être, mais je suis fier du chemin parcouru. J’aime où je suis en ce moment en tant qu’acteur et en tant que personne.

Comment vois-tu le reste de la trentaine? Aimerais-tu être papa?

(Rappelons que nous avons rencontré Éric Bruneau avant que sa conjointe, Kim Lizotte, annonce la bonne nouvelle sur les réseaux sociaux qu'ils seront parents ce printemps.)

Oui, je ne veux pas me concentrer uniquement sur moi dans la vie. J’ai travaillé fort pour exister et prendre ma place, mais je ne veux pas juste être ça. J’ai envie de ralentir un peu et d’équilibrer les choses. Je veux avoir un ou des enfants, je veux bâtir quelque chose avec ma blonde, Kim. Je me sens prêt à être père. Je veux aller plus loin en tant qu’homme, et non seulement dans mon métier. Marc Messier me disait dernièreme­nt que le plus beau arrive entre 35 et 50 ans, et je pense qu’il dit vrai. J’ai plus d’expérience, j’ai une énergie différente et je suis assurément plus heureux qu’avant. Je veux continuer d’oser, je veux continuer à prendre des risques.

As-tu déjà voulu faire carrière en Europe ou à Hollywood?

J’y ai déjà pensé. Je ne ferme pas la porte à ça, mais je n’ai pas envie de mettre aux poubelles tout ce que j’ai bâti ici pour aller jouer un rôle de serveur dans un film américain. Je suis comblé par mon métier ici, alors je ne suis pas prêt à tout mettre en péril pour ça. Je ne vais pas tout faire pour percer ces marchés, mais c’est certain que si une porte s’ouvre, je vais y aller, tout en continuant ce qui est établi ici. J’ai surtout envie de travailler avec de nouvelles personnes, de découvrir d’autres réalisateu­rs...

Avec qui aimerais-tu travailler?

J’aimerais tourner avec des réalisateu­rs comme Podz et Denis Villeneuve. J’aime jouer des choses différente­s, rencontrer d’autres gangs, explorer d’autres univers, et c’est ce qui me fait triper de ce métier.

Blue Moon 3 est actuelleme­nt présenté en exclusivit­é sur Club illico.

Prémonitio­ns, mercredi à 21 h, à TVA.

Mensonges sera de retour pour une 4e saison le mercredi, à 21 h, à addikTV, dès le 11 avril.

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 ??  ?? Aux côtés de son amoureuse, Kim Lévesque Lizotte.
Aux côtés de son amoureuse, Kim Lévesque Lizotte.
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Par Patrick Delisle-Crevier
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 ??  ?? Dans Blue Moon, aux côtés de Karine Vanasse.
Dans Blue Moon, aux côtés de Karine Vanasse.

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