JOSÉE BOUDREAULT
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Découvrez sa chronique d’humeur
Dernièrement, j’ai découvert Fugueuse, une émission peignant le portrait réaliste et choquant d’un problème qui peut frapper n’importe quand: les mauvaises influences et la manipulation qui poussent les jeunes filles vers la prostitution.
Fugueuse m’a ébranlée comme, je crois, le reste du Québec. En voyant les acteurs incarner les membres d’une famille comme la mienne — une famille équilibrée, heureuse et ayant de belles valeurs —, puis en constatant que l’aînée était poussée vers le sombre univers de la prostitution, j’ai réalisé que ce genre de situation pouvait survenir n’importe quand. Que ce ne sont pas seulement les jeunes filles qui sont sous l’influence de la drogue ou qui ont une vie difficile qui sont à risque. Oui, ébranlée, parce qu’on ne parle pas souvent de cette réalité-là. Et pourtant, des jeunes filles sont portées disparues chaque jour. L’émission sensibilise, ouvre les discussions, démontre avec réalisme ce que nous craignons tous. En visionnant les épisodes, j’ai pris conscience du danger des mauvaises influences: l’adolescente tombe amoureuse d’un pimp cachant sous son charme ses mauvaises intentions. Puis elle est amenée sournoisement à s’éloigner de sa famille et à vivre des expériences traumatisantes.
LA RÉACTION DE MA FILLE
J’aurais aimé visionner Fugueuse avec ma fille de 17 ans, Chloé, mais ça ne l’intéressait pas tant que ça. Elle en a quand même entendu parler sur les réseaux sociaux et elle a, elle aussi, été ébranlée d’une certaine façon. «Je n’imaginais pas cette réalité comme ça, nous a-t-elle dit. Je pensais que seulement des jeunes filles naïves se faisaient manipuler par des proxénètes, des pauvres filles aveuglées par l’amour ou l'argent. L’émission Fugueuse m’a poussée à me questionner. J’ai réalisé que personne n’est à l’abri de la prostitution. Pas même moi.»
ÊTRE À L’ÉCOUTE
Chloé me parle rarement de ce qu’elle vit ou comment elle se sent, ce qui m’inquiète parfois, mais ce qui me semble normal aussi. Dans les rares moments où elle me raconte ses histoires, cependant, je tends l’oreille. C’est dans ces moments précieux que je peux lui glisser peut-être une phrase, un conseil ou un petit mot qui restera collé dans son inconscient. Il est souvent difficile de communiquer avec nos ados, mais je pense que ce qui est important, c’est d’être à l’écoute et ouvert, de leur transmettre nos valeurs au fil du temps et de les laisser s’envoler. On ne peut simplement pas croire qu’en ayant une seule discussion avec eux ils comprendront tout et sauront exactement comment éviter les erreurs. Ça, c’est une utopie. Cependant, en les écoutant et en leur glissant, une fois de temps en temps, quelques conseils, nous finirons sûrement par entendre: «T’avais raison, maman», et tout ira bien.
«Il est souvent difficile de communiquer avec nos ados, mais je pense que ce qui est important, c’est d ’être à l ’écoute et ouvert.»