7 Jours

ANNIE-SOLEIL PROTEAU

SOPHIE PELLETIER

- PAR ANNIE-SOLEIL PROTEAU • MAQUILLAGE: JOANIE LECLERC • PHOTOS: AURÉLIE GIRARD

Sa rencontre avec la chanteuse Sophie Pelletier

On a connu Sophie Pelletier à Star Académie, où elle s’est rendue jusqu’en finale. À la suite de l’émission, Sophie a choisi de suivre sa propre voie. Aujourd’hui, elle gère elle-même sa carrière et sa maison de production, et elle a des projets plein la tête. Elle réalise ses rêves tout en gardant les deux pieds bien ancrés sur terre. Rencontre avec une fille vraie.

Sophie, tu m’as donné rendez-vous à Québec, au restaurant Soupe et Cie. Pourquoi aimes-tu cet endroit?

Je trouve ce restaurant charmant. Je suis déjà venue dîner avec un ami, et j’ai adoré le lieu et les propriétai­res, qui sont d’une grande gentilless­e. Le décor est beau, chaleureux et propice à la discussion.

Tu viens de Rivière-Ouelle, dans le Bassaint-laurent. Quand tu as quitté ta région pour t’installer à Montréal, as-tu trouvé difficile de te déraciner?

Avant de faire moi-même ce changement, je ne pouvais pas concevoir d’habiter ailleurs que chez moi. Je questionna­is énormément tous ceux qui avaient quitté leur lieu d’origine pour aller s’installer en ville. Ça me stressait beaucoup. Puis quand j’ai participé à Star Académie, j’ai rencontré des gens, et la transition s’est faite en douceur. Je me suis mise à triper sur ce nouveau monde qui s’ouvrait à moi, et j’ai vu que j’angoissais pour rien.

Souvent, Montréal est liée à l’idée de party perpétuel! C’est ce que tu as vécu?

Je suis une foodie, j’ai donc passé beaucoup de temps dans les restaurant­s. J’essaie de me calmer, parce qu’on ne peut pas vivre la grande vie sans arrêt! (rires) Le party dans les bars, je l’ai plus ou moins fait. Ma vie m’amène partout en spectacle, c’est là où le party a lieu. Quand je retourne chez moi, j’en profite pour rester à la maison, cuisiner... J’ai travaillé dans les bars quand je vivais à Québec; j’avais déjà vécu le côté fête rock’n’roll avant mon arrivée à Montréal.

D’où te vient ton envie d’être chanteuse?

La musique me vient de mon grandpère paternel. Jeune, il avait trouvé un violon dans les poubelles. Sa famille était très pauvre, alors ce violon, c’était quelque chose d’important. Quand il a eu des enfants, il leur a tous montré à jouer d’un instrument. Ils ont formé un groupe et gagnaient leur vie comme ça. Quand je suis née, mon père s’est trouvé un autre emploi, mais j’ai grandi dans des fêtes familiales remplies de musique. Pourtant, mon père ne voulait pas m’encourager à faire de la musique et a même refusé de m’enseigner: j’ai dû apprendre par moi-même. Il ne voulait pas que je vive pauvre, dans l’insécurité. Très têtue, j’ai quand même suivi mon instinct, et je sais qu’il est fier de moi.

Quand tu as participé à Star Académie, tu savais où tu voulais aller, mais tu ne cherchais pas les coups d’éclat. Avec le recul, es-tu heureuse de ce que tu as fait à l’Académie?

Je suis restée fidèle à moi-même. Je n’explose pas pour rien, et je prends ma place quand c’est le temps. Je suis fière et reconnaiss­ante de ce parcours, et je poursuis dans le même sens.

Quand je vous regardais tous à Star Académie, je vous trouvais tellement chanceux d’être là! Tout était grandiose, très glamour. Comment s’est passé l’après-Star Académie?

J’étais consciente que ce n’était pas la réalité. J’en profitais au maximum tout en sachant qu’après le Centre Bell, je jouerais dans des salles intimes. Je n’avais pas de grandes attentes, je voulais seulement vivre de ma passion. Je suis proche des gens, alors j’aime quasiment mieux la façon dont je vis ça maintenant. Ça ne me dérange pas d’aller à l’épicerie sans nécessaire­ment être toujours reconnue!

L’industrie musicale et le milieu des médias sont en plein changement. Dans le quotidien, comment ça se reflète?

Je pense que la clé pour gagner sa vie dans la musique en ce moment, c’est de tout faire soi-même. C’est ma solution pour être capable d’en vivre, et ça va de mieux en mieux. Mes deux albums qui tournent sur les radios par satellite m’offrent un revenu et un petit coussin. Je trouve que les artistes aujourd’hui doivent être des Superman; on ne peut pas juste chanter. On doit à la fois être une personnali­té publique et être capable d’avoir un impact dans d’autres sphères. Puisque je suis travailleu­se sociale, j’ai aussi investi un créneau qui lie mes deux métiers, grâce à mon Projet Victoire Musique.

«À 20 ans, une grosse peine d ’amour m’a ébranlée solidement. C ’était trop d ’émotions dans un petit corps. Je les ai canalisées dans la chanson.»

Avec ce projet, tu te promènes dans les écoles, où tu offres des ateliers de compositio­n de chansons. Qu’est-ce que tu en retires?

Je vis de beaux moments pleins d’humanité. Je vois des jeunes qui s’ouvrent grâce à la musique et aux textes. Des centres jeunesse, des écoles primaires et secondaire­s me demandent d’y offrir mon atelier. J’adapte mon travail à la clientèle. Quand j’arrive sur place, souvent les intervenan­ts vont me dire quels élèves ont le plus de difficulté­s, mais ce sont parfois ceux qui collaboren­t le mieux à mon atelier! Je leur répète qu’ils ont le droit de dire tout ce qu’ils veulent, sans se censurer, et cette liberté les accroche. Ils surpassent les attentes du milieu. Ils racontent des moments émotifs de leur vie, se consolent entre eux... J’ai aussi rencontré une jeune autiste très renfermée, qui s’est déployée comme un papillon. Ça m’a émue de voir le bien que ça lui faisait.

En quoi la musique a été bénéfique pour toi aussi?

J’ai vécu des difficulté­s, et j’ai dû apprendre à gérer mes émotions.

À 20 ans, une grosse peine d’amour m’a ébranlée solidement. C’était trop d’émotions dans un petit corps. Je n’avais pas l’habitude de vivre des échecs, alors le choc a été brutal. C’est dans la chanson que j’ai canalisé ma peine, et à présent j’ai envie d’aider d’autres personnes là-dedans. Ma famille m’a aussi beaucoup aidée à l’époque. Je me suis retrouvée grâce au plein air, aux promenades en forêt et à un album des grands succès de Bob Marley. (rires)

Tu proposes également un nouveau concept pour mettre en valeur tes passions, qui s’appelle Fun, bouffe, musique. De quoi s’agit-il exactement?

«Pour me détendre, je cours. Je fais aussi de la natation et du vélo. Et j’aime faire de la raquette. Je pars seule en forêt, avec mon sac à dos.»

Ma mère est traiteure et je suis une passionnée de bouffe. Je pense toujours à manger! Je mijotais depuis longtemps une façon de combiner les choses que j’aime. Je ne voulais pas faire un livre de recettes, car il en existe déjà plusieurs. L’idée m’est venue après avoir réalisé qu’en ce moment les gens veulent vivre des expérience­s spéciales, se créer de beaux souvenirs. J’ai mis sur pied la formule «une chef à la maison accompagné­e d’une artiste» J’ai demandé à la chef Mélanie Marchand de se joindre à moi pour proposer une formule tapas: on arrive chez les gens, on cuisine, on jase, on mange, je joue les demandes spéciales et on s’amuse!

Ton horaire est chargé. As-tu le temps de te détendre parfois?

Je suis une fille très organisée. Mes rendez-vous sont planifiés, mes séances de gym, la préparatio­n de mes lunchs... Depuis que je vis à Montréal, je cours. Je fais aussi de la natation et du vélo. Cette fin de semaine, par exemple, je vais aller dans ma famille, à SaintOnési­me. Là-bas, je pars seule en forêt, avec mon sac à dos et mes raquettes. J’aime aussi me faire faire des pédicures dans un endroit spécialisé. Les manucures, ce n’est pas possible parce que je joue de la guitare.

Avec la tournée, tu es dans tes valises depuis longtemps. Comment vis-tu le fait d’être toujours en déplacemen­t?

J’ai l’impression de partir avec toute ma vie dans ma caravane, et ce n’est pas ce que j’aime le plus. J’apprécie le fait de pouvoir visiter plusieurs endroits, mais j’aime revenir chez moi. Me poser quelque part me fait du bien, même si ça n’arrive pas si souvent!

Avec cette vie sur la route, as-tu un amoureux?

Non... Je n’ai pas de fins de semaine libres, pas beaucoup de soirées, et les personnes que je rencontre ont souvent de la difficulté avec ça. J’essaie de faire de la place dans mon horaire, mais c’est tellement difficile... J’aimerais réussir à faire concorder ma vie personnell­e avec mes engagement­s.

L’été prochain, tu partiras en France pour jouer plusieurs jours dans un festival. C’est un projet qui t’emballe?

C’est plus exotique que de me promener en voiture sur les routes du Québec, et ça me fera changer d’air! Je me sens presque en vacances quand je voyage là-bas, même si c’est pour le travail.

As-tu de grandes visées en Europe?

J’y crois vraiment, oui. Lorsque j’ai gagné Cégeps en spectacle, ça m’a permis de me produire dans un festival en France, et c’est là où j’ai signé mes premiers autographe­s, avant même de participer à Star Académie. J’ai aimé l’ambiance en France, les soupers qui n’en finissent plus, la culture qui est partout. Mon objectif, c’est simplement d’étendre mon territoire pour faire entendre ma musique.

Sophie poursuit sa tournée

Les météores. Pour info: sophiepell­etier.ca

Elle sera de passage au festival Pause Guitare d’Albi, en France, du 3 au 8 juillet prochain. Pour en connaître plus sur son projet Fun, bouffe, musique: funbouffem­usique.com

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? «Il n’y a pas d’artifice chez Sophie. C’est une fille vraie, qui parle sans calcul et tient à ses valeurs. Cette sincérité la rend d’autant plus attachante.» – Annie-Soleil
«Il n’y a pas d’artifice chez Sophie. C’est une fille vraie, qui parle sans calcul et tient à ses valeurs. Cette sincérité la rend d’autant plus attachante.» – Annie-Soleil

Newspapers in French

Newspapers from Canada