7 Jours

En mode enfants!

En vieillissa­nt, je me rends compte que deux switches évoluent en moi: le mode enfant et le mode amoureux. Les deux modes alternent sans se chevaucher et sans jamais tomber à off.

- Par Josée Boudreault

Pour la semaine de relâche, mon chum, Anabelle, Flavie et moi sommes allés à un chalet à Mont-Tremblant. Les filles avaient leur propre chambre, et LouisPhili­ppe et moi, la nôtre. Je m’étais dit qu’on aurait ainsi un peu d’intimité pour faire l’amour. Après tout, c’était les vacances... Eh bien, non! La switch était en mode enfants, autant pour mon chum que pour moi. J’ai alors eu une réflexion qui m’a fait réaliser la chance que j’ai de ne pas être la seule à avoir cette switch... Avec le temps, LP en a vu apparaître une en lui, lui aussi.

LA FATIGUE GAGNE

En famille, on a fait du ski, glissé, mangé des queues de castor sucrées — ou plutôt observé Anabelle et Flavie déguster les leurs en espérant qu’il y ait des restes! Les filles se couchaient tard, exténuées par les activités, et quand elles dormaient enfin, j’en profitais pour parler de la journée avec mon chum. On se remémorait les moments drôles, les meilleures activités, les fous rires, la bonne bouffe, les trucs à refaire. On se disait qu’on avait sûrement créé des souvenirs colorés dans la tête de nos belles enfants. Puis, on allait se coucher, tout simplement. La fatigue nous gagnait avant le désir. La switch était en mode enfants. On avait beau se dire, le matin: «Ce soir! Ce soir!», quand la soirée pointait le bout de son nez, le sommeil nous caressait avant que la switch se retrouve en mode amoureux.

SAVOIR ÉCOUTER

Ce que j’aime, c’est que LP et moi sommes pareils. On a la même switch, on est à l’écoute des sentiments et des envies de l’autre. On sait que d’être en mode enfants pour un bon bout de temps n’est pas alarmant. On sait aussi qu’on s’aime et que le mode amoureux n’est jamais bien loin. Ça, on l’a su quand j’ai eu mon AVC. Les événements ont mis la switch en mode enfants — ou plutôt en mode adaptation — et pas juste pour quelques jours, mais bien des mois! Pour nous, ce n’était pas prioritair­e. J’étais paralysée du côté droit et j’avais beaucoup de travail de réadaptati­on à faire pour retrouver ma santé et mes facultés. Tous les deux, on travaillai­t fort là-dessus. L’idée de faire l’amour semblait reportée à des millénaire­s, mais c’est revenu tranquille­ment. Durant cette période-là, notre switch était plutôt un gradateur qui s’ajustait lentement. Je ne me souviens même pas du moment où l’idée de faire l’amour a effleuré mon esprit à nouveau. Il fallait qu’on apprivoise mon corps, qu’on prenne le temps. Je ne me sentais pas comme avant, ce qui rendait les choses difficiles. Je redoutais surtout de perdre le plaisir d’être intime avec mon chum. La première fois après l’AVC, c’était bizarre, maladroit, mais on a trouvé une routine bien à nous.

S’AIMER AUTREMENT

Je suis bien avec Louis-Philippe parce qu’aucun de nous deux ne se sent mal quand l’autre n’est pas en mode amoureux. Il n’y a pas d’angoisse à avoir; on sait qu’on s’aime et que ça reviendra. Pendant la semaine de relâche, on était en mode enfants et on a franchemen­t aimé ça. Rendre nos filles heureuses est notre plus beau projet de couple. Et à partir du moment où elles dormaient enfin, je pense qu’on atteignait le septième ciel juste à se résumer notre journée avec nos verres de vin et à se trouver bons d’avoir accompli tout ça. Des moments intimes, il y en aura d’autres!

Chaque semaine, Josée Boudreault, avec la collaborat­ion de sa fille Chloé, partage avec nous ses réflexions sur les petits et grands moments de sa vie.

«Le sommeil nous caressait avant que la switch se retrouve en mode amoureux.»

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