La jeune femme
On a appris à aimer Céline alors qu’elle était une jeune prodige, il nous restait à découvrir la femme qu’elle allait devenir. Elle a d’ailleurs fait un grand virage dans cette direction avec une pause de 18 mois entamée en 1986: elle change complètement son image — autant sa coiffure que ses vêtements — et adopte un nouveau style musical qualifié de «adulte contemporain». En plus, elle suit des cours d’anglais intensifs en vue de conquérir le marché américain. À son retour, en 1987, elle confiera à Jean-Luc Mongrain: «Les gens me voyaient comme une petite fille, c’est pour ça que j’ai arrêté. Maintenant, à 19 ans, je ne me considère plus comme une petite fille. Je me considère comme une femme et je me sens bien dans ma peau.» En ce sens, la chanson Lolita lui fait proclamer haut et fort: «Lolita n’est pas trop jeune pour aimer.» Mais Céline avait encore à parcourir beaucoup de chemin et à conquérir de plus en plus son indépendance. Elle a d’ailleurs plusieurs fois expliqué que, pendant longtemps, elle n’avait qu’à chanter puisque René s’occupait de tout. La chanteuse savait que rien ne serait laissé au hasard, car elle s’était entourée des meilleurs. À l’aube de ses 30 ans, elle avouera à Larry King: «Quand on a 18, 21 ou 22 ans, on s’accroche à un rêve, mais quand on devient plus vieille et plus expérimentée... Je ne veux plus m’accrocher à un rêve. J’ai besoin de laisser parler mon coeur et mon âme. J’ai besoin de devenir une femme... Pendant 18 ans, j’ai été une personne très disciplinée: j’ai travaillé sur ma voix et seulement sur ma voix...»
En 2017, étant maintenant seule à tenir les rênes de sa destinée, Céline a d’ores et déjà franchi une nouvelle étape: maintenant, au-delà du deuil de son mari et gérant, elle est seule à contrôler son destin. Elle est plus libre, émancipée et audacieuse que jamais. «Pourquoi ai-je l’air plus libre? C’est parce que je me sens plus libre, a-t-elle souligné lors de son passage à Montréal l’été dernier pour le lancement de sa ligne de sacs à main. J’ai toujours fait partie du processus de création mais, en même temps, on me disait tout le temps quoi faire. Tout était déjà préparé. Maintenant, on s’assoit ensemble, que ce soit au sujet du spectacle ou des sacs à main... C’est moi le boss!»