L’enfance d’une rêveuse

«Je pense toujours à mon enfance et à ma famille. C’est ce qui maintient mon équilibre, ma concentration et me garde les pieds sur terre. Je ne veux pas perdre ma fondation. C’est la chose dont je suis le plus fière», dira Céline en entrevue. Et pourtant, cette famille nombreuse dans laquelle elle est née et où elle sera choyée aurait pu ne jamais être. En effet, lorsque Thérèse Tanguay a épousé Adhémar Dion, en 1945, un grand choc attendait celle qui allait devenir Maman Dion: son nouveau mari ne voulait pas d’enfants, car il trouvait que «les bébés, ça pue!» Malgré ces réticences, le couple a son premier enfant, Denise, en 1947. Adhémar s’est alors exclamé que, curieusement, sa fille «sentait bon», ce à quoi Thérèse lui a répondu: «Ben oui, elle sent l’amour.» En 1967, la famille Dion compte déjà 13 enfants et est dans une situation économique difficile. Au grand soulagement de leur maman surmenée, qui a maintenant 40 ans, ses deux plus jeunes commencent l’école. Cela devrait lui permettre d’avoir un peu de temps pour elle. Hélas, le destin en a décidé autrement: elle tombe enceinte de nouveau, ce qui la précipite dans une dépression qui durera pendant toute sa grossesse. C’est dans ce contexte que, le 30 mars 1968, Céline voit le jour. Heureusement, Thérèse est aussitôt séduite et retrouve sa bonne humeur. Elle dira plus tard: «C’est comme ça que la vie a repris.»