7 Jours

ANNIE-SOLEIL PROTEAU

- PAR ANNIE-SOLEIL PROTEAU • MAQUILLAGE: VALÉRIE QUÉVILLON • PHOTOS: GUY BEAUPRÉ

Sa rencontre avec Benoît Gagnon à lire

Partout où il est passé, cet animateur hors pair a su mettre du piquant. En plus d’égayer les fins de semaine au micro de Rouge FM, Benoît est aussi un homme d’affaires qui vise l’internatio­nal avec ses projets. Mais d’abord et avant tout, il est le père de Mathieu, de Sophie et de Charles, et l’amoureux de Jenna. Confidence­s d’un bon vivant qui sait où trouver son bonheur.

Benoît, tu m’invites au restaurant Chez Lionel aujourd’hui. Qu’est-ce que tu aimes particuliè­rement ici? C’est comme ma cafétéria! J’habite juste à côté, ça fait partie de ma vie de quartier. Sur la carte, il y a même un cocktail qui porte mon nom! Je suis un épicurien, au point où j’ai fait des voyages à l’étranger uniquement pour aller manger dans certains restaurant­s. J’ai besoin de goûter et de découvrir. Quand on vient ici, même mes enfants savent ce qu’ils veulent dans le menu.

Tu étais déjà père de deux adolescent­s quand tu as rencontré ta blonde, Jenna. Comment ta famille s’est-elle adaptée à l’arrivée du petit Charles, l’enfant que tu as eu avec Jenna?

C’est dans mon ADN d’être père; c’est quelque chose que j’ai toujours voulu. Quand j’ai annoncé à mes amis que je voulais un autre enfant, ils m’ont dit: «Es-tu fou?» Ils ne concevaien­t pas que je veuille un bébé à 46 ans. Mes enfants étaient grands, c’était facile de partir ensemble pour une fin de semaine, puisqu’ils étaient déjà autonomes. Cependant, c’est tellement facile pour moi de jouer mon rôle de père. Ainsi, au début de ma relation avec Jenna, il était important d’aborder la question des bébés tout de suite, puisqu’on a une bonne différence d’âge... 17 ans. Je ne voulais pas lui enlever son droit de devenir mère si jamais, par exemple, on se quittait après cinq ans sans en avoir parlé. Et les rôles sont clairs: Jenna n’est pas la mère de Mathieu et de Sophie; elle est leur belle-mère. Ce n’est pas un rôle toujours facile, mais elle est extraordin­aire avec eux. Ils se confient à elle, ils lui disent des choses qu’ils ne me diraient pas à moi. Et j’ai eu l’appui de mes deux plus grands dès qu’il a été question du bébé, alors je n’étais pas inquiet. Ç’a solidifié la cellule familiale.

Tu m’as raconté un jour ton coup de foudre pour Jenna. As-tu eu peur du chamboulem­ent total qui vient souvent avec un coup de foudre?

Je sortais d’une relation de 16 ans qui m’avait donné deux enfants

«C’est dans mon A D N d ’être père; c’est quelque chose que j’ai toujours voulu.»

extraordin­aires. On savait que ça n’allait plus. On a essayé de sauver notre couple, mais ce n’était plus possible. On s’est demandé: «Est-ce qu’on reste ensemble pour les enfants, sans être heureux tout le temps, ou est-ce qu’on se sépare pour être heureux 100 % du temps?» Une fois cette réflexion faite, la décision a été facile à prendre. Je me voyais seul pendant un bout, à m’occuper de mes enfants et de ma carrière. Puis Jenna est arrivée sans que je m’y attende. J’avais toujours aimé les filles un peu plus vieilles que moi, et cette fois, Jenna était beaucoup plus jeune. J’ai été le premier surpris! La vie a fait en sorte que ça arrive, et j’ai choisi de faire confiance à la vie.

Envisages-tu d’avoir d’autres enfants?

Jenna en voulait deux au départ, mais à son quatrième mois de grossesse, elle m’a dit que, finalement, on serait parfaiteme­nt bien comme ça! (rires) C’est beaucoup d’organisati­on. Dans une journée, je vais reconduire Charles à la garderie, je vais chercher Sophie à l’école et je vais chercher Mathieu à son travail à 23 h. Ce sont trois univers différents, mais ça marche bien chez nous. C’est très représenta­tif de la famille québécoise actuelle.

Tu es maintenant porte-parole du Salon Maternité Paternité Enfants. Comment perçois-tu l’évolution du rôle du père?

Les gars, depuis plusieurs années maintenant, on est devenus bons. Un père présent, je crois beaucoup à ça. Ce n’était pas le cas dans les années 1970 ni avant,

car les mères étaient davantage à la maison, et les pères travaillai­ent. Mais les temps ont changé, les esprits se sont ouverts. Aujourd’hui, les pères changent des couches. On a fait un grand pas en avant, et je suis fier de ça. Le fait de pouvoir discuter au Salon, ça me rejoint. Les applicatio­ns et les sites web, c’est le fun, mais le fait de pouvoir échanger avec les créateurs d’un produit, de pouvoir poser des questions à des spécialist­es, c’est encore mieux.

Ça casse l’image du gars de party qu’on voyait à l’époque où tu étais propriétai­re de bars. Est-ce une page qui est tournée?

Je suis un Gagnon. Dans notre clan, la famille et l’unité, c’est important. Mais les soupers bien arrosés et les discussion­s où on parle fort, ça compte aussi. Le fait que j’ai eu des bars et des restaurant­s, ç’a créé des débordemen­ts dans l’imaginaire collectif. Est-ce que j’ai fait la fête? Oui. Mais jamais de façon aussi intense que ce que les gens ont pu raconter. Sinon, je n’aurais jamais pu faire tout ce que je faisais. J’ai quatre entreprise­s qui roulent, je n’ai jamais manqué de contrats... Donc, si j’avais eu ces mauvaises habitudes qu’on m’a prêtées, jamais je n’aurais pu réussir tout ça. Quand je fermais le restaurant, je savais que ma priorité le matin à 7 h, c’était mes enfants. Je devais être là à 100 % pour eux.

Tu étais très proche de ton père, qui est aujourd’hui décédé. Qu’est-ce que tu retiens de lui?

Il était mon idole. Mon père était dans la police et il a été garde du corps de premiers ministres. En février, ç’a fait 15 ans qu’il est décédé. Dans les années où j’étais à Salut Bonjour, j’ai perdu mon père, et je suis devenu père deux fois aussi... Il a toujours été ma référence. C’était le capitaine de l’équipe. J’ai une relation formidable avec ma mère, je suis chanceux. Mais quand mon père est parti, ça m’a donné un méchant coup. Je le garde vivant en en parlant beaucoup.

Comme ton père, tu es toi aussi le capitaine de tes équipes, autant dans le travail que dans ta famille. Pourquoi sens-tu le besoin d’être protecteur?

Je suis un leader, je l’assume. Au hockey, je peux facilement donner des claques sur la gueule quand vient le temps de défendre mes coéquipier­s. Comme dans la vie de

tous les jours, je ne pardonnera­is pas à quelqu’un qui s’attaquerai­t à ma blonde et à mes enfants. J’aime m’occuper des gens, être là pour eux.

Tu animes une émission à la radio à Rouge FM, seul en ondes. Est-ce que ça te manque de diriger une équipe?

Si on prend l’exemple de Salut Bonjour, ç’a été huit ans de ma vie. Je n’ai pas de regrets, parce que ç’a été une belle période. De la nostalgie, parfois, oui; mais il y a eu autre chose avant, et il y a eu autre chose après aussi. Diriger une équipe, je l’ai fait à la radio également et je suis bien là-dedans. Est-ce que j’aurais aimé animer une grosse émission de pointe cette année? Oui. L’année dernière? C’est oui aussi. Dans les prochains mois? C’est sûr! Car c’est là-dedans que je m’amuse. Je suis curieux de nature, j’aime poser des questions. Faire partie d’une équipe et passer la rondelle, c’est ce qui me fait triper. Ceci dit, je suis très heureux du rôle que je tiens actuelleme­nt à la radio. Avoir un micro, être un confident, c’est un privilège.

«J ’ai une relation formidable avec ma mère, je suis chanceux. Mais quand mon père est parti, ça m’a donné un méchant coup. Je le garde vivant en en parlant beaucoup.»

Quand je vois des jeunes qui commencent, je leur dis: «C’est beau de se voir et de s’entendre, mais il faut savoir que c’est un cadeau d’être en ondes.»

Quand tu animes, tu es dans ton élément: tout coule facilement. Est-ce qu’il y a eu un moment où tu l’as senti, que tu étais devenu bon dans ton métier?

Quand j’avais fini mes segments en ondes à Salut Bonjour, à l’époque où j’étais chroniqueu­r, je me dépêchais de revenir à mon bureau pour regarder Guy Mongrain qui animait et Jacques Moisan qui faisait les nouvelles. J’observais leur façon de s’amuser, de parler d’une nouvelle triste, d’être sérieux quand il le fallait... Je suis devenu bon grâce aux équipes qui étaient autour de moi. Je suis une éponge. C’est comme ça que j’ai appris. J’embrasse le succès des autres, je m’en inspire. Tout seul, je suis capable de faire de la bonne job, mais là où je suis le meilleur, c’est quand je suis entouré de gens. Et ce n’est pas une fin en soi non plus: tu as été bon cette journéelà, mais tu dois recommence­r le lendemain. Si tu finis par devenir prétentieu­x, tu perds des gens et des équipes. Il y a une autre grosse nuance entre trouver qu’on est formidable et savoir qu’on est capable de faire la job. J’ai été gâté sur ce plan-là dans la vie: le talent que j’ai qui est inné, c’est d’animer. Le flux d’informatio­ns est constant chez nous. Ma switch est allumée 24 heures par jour. Je lis un journal, un article, j’écoute une entrevue... Tu peux me parler de n’importe quoi, et je vais être là. Je pense que ça m’aide.

Dans le milieu artistique, notre image devient notre produit. Tu as poussé beaucoup plus loin ta fibre entreprene­uriale. Pourquoi t’es-tu lancé en affaires?

Mon père était flic, et ma mère a eu des emplois à gauche et à droite. Quand j’étais enfant, j’avais un ami qui avait des parents entreprene­urs. Ils avaient un chalet, de belles voitures... Nous, on n’avait pas ça. J’ai vu ce que ça pouvait apporter. Puis, lorsque l’animateur de radio Denis Fortin m’a offert ma première occasion d’affaires, soit de m’associer avec lui dans les bars, j’ai saisi l’opportunit­é. Aujourd’hui, je ne me relancerai­s pas dans les bars, c’est trop complexe.

Quels sont tes projets présenteme­nt?

Je suis maintenant en affaires avec des amis dans chacune de mes entreprise­s. Ma grosse affaire en ce moment, c’est Tryangle Gaming. On a créé un poker nouveau genre pour les casinos à travers le monde. On est fiers de présenter une idée québécoise qui surprend le milieu du jeu. Ça prend beaucoup de mon temps. On a investi financière­ment, on y croit, et ça devrait se concrétise­r sous peu. Être entreprene­ur, c’est accepter les revers et les défaites, mais c’est aussi se nourrir en voyant les portes qui s’ouvrent. Je suis aussi impliqué dans la bière Amiral GinAle, qu’on distribue dans 176 points de vente au Québec. Mes amis et moi, on se disait qu’une bière au gin, ça n’existait pas, alors on en a créé une! Le monde des microbrass­eries et des producteur­s a été très accueillan­t. Je fais également partie d’une entreprise de boisson énergisant­e biologique, Tinggle, qui ne cause pas de palpitatio­ns. Ça devrait être lancé sous peu.

Avec ton rythme de vie, comment fais-tu pour prendre soin de toi?

Je joue au hockey le lundi soir. On est une gang de gars, et c’est comme une thérapie d’une heure. Je crie, je m’amuse, j’ai chaud: ça fonctionne! (rires) Je suis conscient que je vais avoir 47 ans cet été. Pour moi, être actif, c’est faire partie d’une ligue. Je n’aime pas aller au gym. Si je m’entraîne, ça doit tourner autour du jeu. Je fais beaucoup de ski l’hiver, ça me permet aussi de prendre l’air, de bien manger, de voir des spectacles musicaux à l’après-ski... Tout ce que j’aime est là. Ça me permet de décompress­er.

Benoît est porte-parole du Salon Maternité Paternité Enfants. Du

5 au 8 avril, à la Place Bonaventur­e, à Montréal, et du 20 au 22 avril, à ExpoCité, à Québec. Pour info: salonmater­nitepatern­iteenfants.com

Merci au restaurant Chez Lionel pour l’accueil. Pour info: chezlionel.ca.

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«Ce ne sera pas une surprise: j’admire le talent de Benoît, qui est un animateur-né. Mais une chose m’étonne encore à chacune de nos rencontres: sa franchise désarmante. Il se livre sur des sujets très personnels autant qu’il donne son opinion sans...

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