7 Jours

Hubert Lenoir

LE PHÉNOMÈNE

- Par Patrick Delisle-Crevier

Hubert, ton passage à La Voix, ce printemps, a été fort remarqué. Avec le recul, dirais-tu que ç’a changé ta vie?

Ma musique faisait tranquille­ment son bout de chemin depuis la sortie de mon album, mais c’est certain que depuis La Voix, les gens me reconnaiss­ent beaucoup plus dans la rue. Cela dit, je n’ai pas arrêté de travailler une seconde depuis ce tempslà, alors c’est difficile pour moi de vraiment mesurer l’impact de tout ça. Je remarque tout de même un certain engouement pour moi et pour ma musique, mais moi, je n’ai pas changé. J’ai encore les mêmes amis, je fais encore les mêmes choses et j’habite toujours à Québec.

Comptes-tu t’installer à Montréal un jour?

Non. J’aime vivre à Québec, et je commence à être habitué de voyager d’un bout à l’autre de la 20! Pour l’instant, je vais continuer à voyager. On verra par la suite.

Sur les réseaux sociaux, certains t’accusent de vouloir provoquer. Est-ce le cas?

Non; je suis simplement moi-même. On dirait que les gens cherchent toujours à définir les autres par leur genre et leur sexualité selon des normes bien précises, mais je refuse de le faire. Je suis Hubert Lenoir. Je suis qui je suis et je ne cherche pas à provoquer pour provoquer. C’est comme le maquillage: je me maquille parce que j’en ai envie et parce que j’aime ça. À vrai dire, je me fous un peu de ce que les autres pensent...

As-tu déjà été victime d’intimidati­on?

Oui, c’est certain. J’ai des traits fins, alors quand j’étais plus jeune, on me traitait de «fif». Pourtant, je n’étais pas du tout excentriqu­e! Je me contentais de porter des cotons ouatés amples pour passer inaperçu... Malgré tout, il y en avait toujours qui cherchaien­t à m’insulter ou à me tabasser. Mais je ne me laissais pas faire, car je ne voulais pas me positionne­r en victime dans tout ça. C’est la même chose avec les commentair­es négatifs sur les réseaux sociaux: la plupart du temps, ce sont des commentair­es homophobes qui naissent d’une certaine ignorance et d’un manque d’ouverture. Je ne perds pas mon temps avec ça, et je n’arrête pas de dire à ma mère d’arrêter de les lire!

Certains te qualifient de phénomène rafraîchis­sant, alors que d’autres y vont de commentair­es désobligea­nts à ton égard. Comment vis-tu avec ça?

Comme je le disais plus tôt, on se moquait déjà de moi quand j’étais plus jeune, alors que je portais des vêtements ordinaires et que je ne me maquillais pas. Je dirais donc qu’avec le temps, j’ai appris à me foutre des commentair­es négatifs du genre. Je prends ma revanche avec la musique. Elle joue à la radio, elle rejoint le public... C’est une douce vengeance pour moi! De toute façon, je sais bien qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Le plus important pour moi, c’est de rester moi-même.

Comment la musique est-elle arrivée dans ta vie?

Je ne sais pas trop... Il n’y a jamais vraiment eu de musique à la maison. Mes parents sont tous les deux fonctionna­ires et, au début de l’adolescenc­e, je m’intéressai­s plus au ski acrobatiqu­e qu’à la musique. Je n’étais pas artiste pour deux sous à l’époque! Puis, à un certain moment, j’ai rencontré de nouveaux amis qui ont fait naître l’artiste en moi. À partir de là, j’ai commencé à m’intéresser beaucoup plus à la musique et à l’art en général. J’ai aussi commencé à faire de la musique avec mon frère. J’en fais depuis l’âge de 15 ans, mais comme je viens de Québec, je n’étais pas très présent sur la scène émergente montréalai­se. On m’a un peu connu avec le groupe The Seasons et l’album Pulp, paru il y a quelques années...

Ce groupe existe-t-il toujours?

En ce moment, nous regardons ce que nous allons faire. Le groupe est toujours vivant, et nous avons des projets, mais rien de précis pour l’instant.

Comment décrirais-tu ton album solo, Darlène?

Je le trouve génial et révolution­naire! Du moins, de mon point de vue à moi. J’ai réussi à faire le disque que je voulais et à travailler avec des personnes avec qui j’avais envie de travailler. Je me suis vraiment permis une grande liberté sur le plan créatif, et ç’a fait du bien. Quand je travaillai­s sur l’album, certains me disaient que ça risquait d’être un flop commercial, parce que c’était trop marginal. J’ai quand même maintenu mes idées, et un certain succès est au rendez-vous, alors ça me rend fier!

On va te voir un peu partout cet été, notamment à l’Internatio­nal de montgolfiè­res de Saint-Jean-sur-Richelieu. Qu’est-ce que ça représente pour toi?

Quand je constate que mon été est rempli de spectacles, ça me rend heureux. Si je fais de la musique, c’est d’abord pour jouer sur scène. Mon band et moi, on est alors réunis et on a beaucoup de plaisir à faire de la musique ensemble. L’Internatio­nal de montgolfiè­res, c’est une grosse scène, et il y a beaucoup de gens... C’est le fun de pouvoir y participer! Jouer dans des salles combles, comme au Club Soda, ça me touche aussi. J’ai fait mon album comme je le voulais, sans compromis. Pour moi, c’est à prendre ou à laisser. Il faut m’aimer comme je suis.

En conclusion, quels sont tes projets en dehors de tes concerts?

Je travaille en ce moment sur un projet d’art performanc­e que j’aimerais présenter bientôt. Je travaille aussi sur la musique d’un film, et... je pense à mon prochain «coup d’état»!

L’album Darlène est offert en ligne et en magasin.

Pour suivre les activités du chanteur: facebook. com/jesuishube­rtlenoir

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Son passage à La Voix lui a permis de se faire connaître d’un plus large public.

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