7 Jours

Jean-Carl Boucher

QUI SE CACHE DERRIÈRE L’ACTEUR?

- Photos: Karine Lévesque

Jean-Carl, en quoi le personnage de Ricardo te ressemble-t-il?

Son côté maladroit et un peu perdu me ressemble beaucoup. C’est quelque chose que j’aime jouer. Tout comme lui, j’ai tendance à me retrouver dans des situations un peu loufoques. Dans chaque film, Ricardo est aveuglé par un désir qui lui fait perdre complèteme­nt son côté rationnel.

Dans le film, ton personnage plaque tout pour suivre la femme qu’il veut séduire jusqu’en Italie. As-tu déjà fait des folies pour quelqu’un?

Je dirais que j’ai toujours fait des choses assez folles par amour. Il m’est déjà arrivé de laisser ma copine sur un coup de tête, de le regretter et de vouloir reprendre avec elle dans la même journée. Je voulais me faire pardonner, alors j’ai fait le tour de la ville en taxi, en plein trafic et par une journée de canicule, pour lui trouver un cactus rare. Elle tripait sur les cactus, et je voulais lui trouver le plus beau en ville. Ça m’a coûté une petite fortune.

Es-tu un grand romantique comme Ricardo dans le film?

Je pense que je le suis quand je regrette certaines choses. Je deviens alors un grand romantique. Mais contrairem­ent à mon personnage, je ne dirais pas que je suis romantique au quotidien. Ça ne fait pas partie de moi, on dirait...

Une partie du tournage s’est déroulée en Italie. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience?

Certains membres de l’équipe de tournage étaient italiens et nous disaient où aller. On n’a donc pas visité les trucs très touristiqu­es. On a plutôt eu accès aux endroits plus secrets de la ville, et ç’a été vraiment le fun. Il y avait aussi un grand esprit de famille sur le plateau. Il faut dire qu’on est restés un mois et demi là-bas, ce qui est quand même long. Le plus drôle, c’est que les Italiens de l’équipe travaillai­ent moins d’heures dans une journée et que, pour eux, l’heure de l’apéro était sacrée. On prenait donc de plus longues pauses pour les lunchs, ce qui rendait Ricardo un peu fou.

tu as tourné plusieurs scènes avec le comédien alexandre nachi, qui interprète le personnage d’arturo. le connaissai­s-tu avant?

Dans le film, Alexandre joue une espèce de citoyen du monde qui parle plusieurs langues, mais, en réalité, c’est un Montréalai­s. On ne se connaissai­t pas vraiment avant le tournage, mais on a passé beaucoup de temps ensemble en Italie. On s’est vraiment bien entendus et on est devenus de bons amis: on se voit pratiqueme­nt tous les deux jours depuis notre retour. On a beaucoup de points en commun, tous les deux.

tu as été un mois et demi loin de chez toi. es-tu du genre à avoir les blues de montréal durant un voyage aussi long?

Oui. J’ai une gang d’amis que je vois presque tous les jours et je ne suis pas quelqu’un de solitaire dans la vie, alors je me suis ennuyé d’eux. En même temps, ça fait parfois du bien de se dépayser et de prendre une pause de sa propre vie. J’avais ce besoin de changer d’air et de décrocher.

Juliette gosselin incarne marie-ève Bernard, la fille dont ton personnage tombe amoureux. comment était-ce de travailler avec elle?

On est de très bons amis dans la vie, alors on avait une belle complicité durant le tournage, ce qui était formidable. Même que, pendant le processus d’audition, quand j’ai su qu’elle était sur la liste des comédienne­s retenues, j’ai poussé fort pour que ce soit elle. Je trouve qu’elle a le charme parfait pour le personnage.

tu dois aussi avoir une grande complicité avec le réalisateu­r ricardo trogi...

Oui, nous avons une relation assez spéciale, tous les deux. Ce n’est pas banal, puisque je lui prête vie au cinéma. Notre relation passe beaucoup par l’humour, encore davantage avec ce film-là. On s’est beaucoup fait rire durant le tournage.

lequel des trois films a été le plus difficile à tourner pour toi?

Je dirais 1991, car il y a beaucoup de scènes physiques difficiles à jouer. On a tourné plusieurs scènes dans lesquelles je cours ou je monte plusieurs marches. C’était épuisant!

Qu’as-tu fait de plus fou pour ce personnage-là, les trois films confondus?

Disons que la scène de masturbati­on dans le deuxième film a été troublante pour moi, surtout que je devais simuler l’acte devant une équipe de 40 personnes. Il y a aussi une scène dans laquelle je brise des vitres, et comme je ne suis pas très brave ni téméraire, j’avais peur de me blesser.

Dans le film, ton personnage de ricardo perd ses cheveux et il a un grand trou derrière la tête. as-tu eu à te faire raser pour les besoins du film?

Oui, j’ai dû me raser une partie de la tête. En plus, ces scènes ont été tournées en dernier, alors j’ai dû porter une casquette pendant un moment pour cacher ça. Ç’a été terrible pour moi. En même temps, il s’agit de mon personnage préféré en carrière, alors j’étais prêt à faire ça pour lui.

ton personnage vit un voyage éprouvant en italie. Quelle a été ta pire expérience de voyage?

À Berlin, je me suis déjà retrouvé dans

une espèce de monde souterrain où les gens faisaient flamber des poubelles. C’était étrange et irréel: il y avait des jouets pour enfants partout. J’avais 19 ans et je n’étais pas gros dans mes culottes. J’ai eu assez peur!

Te souviens-tu de ton audition pour le premier film avec Ricardo?

Oui, c’était très relaxe comme audition. Il m’a rapidement mis en confiance, et nous avons eu un fou rire. On s’est rendu compte que ça allait être facile de se trouver drôles et de travailler ensemble.

Aimerais-tu qu’il y ait un quatrième film?

Évidemment. Dans la vie, Ricardo raconte tellement d’anecdotes; c’est le gars le plus drôle que je connais, et je sais qu’il y a de la matière pour un autre film. Mais c’est lui qui a le dernier mot.

En supposant que 1991 soit le dernier film de la série, qu’aimerais-tu dire à Ricardo?

J’ai envie de le remercier pour cette belle aventure et de le féliciter d’avoir été aussi authentiqu­e. Il était tellement vrai dans son propos que des gens nés 20 ans après l’année pendant laquelle se déroule le film se reconnaiss­ent quand même dans le personnage.

Comment en es-tu venu à vouloir devenir acteur?

Enfant, je rêvais d’être réalisateu­r, et mon idole était Steven Spielberg. Mon père m’a fait essayer beaucoup de choses pour savoir ce qui m’intéressai­t, et il paraît que j’avais des étoiles dans les yeux quand j’ai découvert le cinéma. J’écoutais d’ailleurs plein de films. C’est vrai que, si je fais ce métier aujourd’hui, c’est avant tout pour faire du cinéma.

Comment a débuté ta carrière devant les caméras?

Quand j’étais petit, j’avais une bouille sympathiqu­e, alors j’étais dans une agence de mannequins. C’est là que j’ai fait mes premiers pas dans ce milieu, vers l’âge de huit ans. J’ai ensuite passé une audition pour Un été sans point ni coup sûr, et j’ai adoré cette première expérience. Après ce tournage, c’était clair que je voulais devenir acteur.

Tu n’as jamais fait les écoles de théâtre. As-tu parfois le syndrome de l’imposteur?

Non, je fais ce métier depuis que j’ai huit ans et j’ai appris sur les plateaux de tournage. J’ai fait le choix de consacrer ma vie au cinéma. Je veux jouer devant les caméras, mais j’aimerais aussi être réalisateu­r. J’ai réalisé quelques trucs jusqu’à maintenant et j’adore ça. J’aurais aimé poursuivre mes études après le cégep, mais je tournais beaucoup, entre autres pour Tactik. J’ai donc eu à faire un choix.

Quels sont tes projets à venir?

En ce moment, je travaille à un projet de série télé qui portera sur l’intimidati­on avec Pier-Luc Funk. On est actuelleme­nt en écriture des 10 épisodes, dans lesquels on prévoit jouer. On s’est rendu compte qu’on avait été intimidés tous les deux à différente­s périodes de notre vie, et on a trouvé que c’était un sujet intéressan­t à développer. On travaille aussi à un projet de film que je vais réaliser et qui a pour titre Kelly dans le noir. C’est Karelle Tremblay qui tiendra le rôle principal du film. Sinon, j’ai aussi un autre projet de film en chantier.

Et de quoi sera fait ton été?

En août, je vais aller rejoindre mon ami Aliocha Schneider, qui tourne un film dans le sud de la France. Je vais donc aller profiter de sa maison là-bas et ne servir à absolument rien. Ça sera de vraies vacances!

«J’ai envie de remercier Ricardo pour cette belle aventure et de le féliciter d’avoir été aussi authentiqu­e.»

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Par Patrick Delisle-Crevier
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«Mon père m’a fait essayer beaucoup de choses pour savoir ce qui m’intéressai­t, et il paraît que j’avais des étoiles dans les yeux quand j’ai découvert le cinéma.»
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 ??  ?? Jean-Carl n’avait que 14 ans quand il a joué dans 1981. La suite, 1987, a été tournée cinq ans plus tard. Dans 1991, le comédien reprend le rôle qui l’a rendu célèbre!
Jean-Carl n’avait que 14 ans quand il a joué dans 1981. La suite, 1987, a été tournée cinq ans plus tard. Dans 1991, le comédien reprend le rôle qui l’a rendu célèbre!

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