Stéphanie Boulay
Comme elle forme un duo musical avec sa soeur, Stéphanie Boulay s’est en quelque sorte retrouvée en congé forcé lorsque Mélanie a accouché. Son plan initial: ne rien faire. Pour notre plus grand bonheur, elle n’a pas tenu promesse! Ces jours-ci, elle lance son premier livre pour enfants et met la touche finale à son album solo.
«J’ai vu le congé de maternité de Mélanie comme une occasion de me reposer, de relaxer, de profiter de la vie.»
Stéphanie, combien de temps es-tu restée à ne rien faire?
Ma soeur et moi, ça faisait environ 10 ans que nous travaillions, tout le temps! Nous étions donc un peu essoufflées. J’ai vu le congé de maternité de Mélanie comme une occasion de me reposer, de relaxer, de profiter de la vie. Je dois avouer que ça m’angoissait un peu, parce que je me valorise beaucoup par le travail. J’ai quand même réussi à ne rien faire pendant deux bons mois, ce qui est tout un exploit pour moi! (rires)
Qu’est-il arrivé par la suite?
Au bout de quelques semaines, je tournais en rond chez moi, comme un lion en cage. Mes parents et mes amis me répétaient: «Profites-en», «Amuse-toi», «Prends du temps pour toi», mais je n’y arrivais pas.
Pourquoi donc?
Parce que créer, ce n’est pas une corvée, c’est un mode de vie! Alors, pourquoi m’en priver? Plein d’idées se bousculaient dans ma tête, et je sentais la pression monter comme dans un Presto: il fallait que ça sorte! Je suis partie sur la route aux États-Unis. C’est là que j’ai commencé à écrire quelques chansons pour mon album solo. Puis, de retour à la maison, j’ai écrit un livre pour enfants, Anatole qui ne séchait jamais, un projet que je rêvais de mettre en oeuvre depuis longtemps.
Ce livre parle de quête identitaire, d’acceptation de soi, de différence. D’où t’est venue l’inspiration pour aborder ces sujets?
Un jour, j’étais en conversation avec une jeune fille de six ans, qui m’a raconté le plus candidement du monde que, dans sa classe, un garçon était maintenant une fille. Cette anecdote toute simple, sans jugement, m’a bouleversée. Si tout le monde pouvait avoir cette ouverture d’esprit, ce serait extraordinaire. Ce fut l’étincelle de départ pour écrire ce livre pour enfants.
Qui est ton premier lecteur ou ta première lectrice?
Ma soeur, assurément. Ensuite, je l’ai fait lire à des amis qui ont eu à faire face à des problèmes de quête identitaire, puis aux gens de l’organisme Enfants Transgenres Canada.
La quête identitaire est un sujet peu abordé dans les livres pour enfants!
Justement, je voulais bien faire les choses, sans transmettre de cliché ou de stéréotype. J’ai écouté des podcasts, lu des livres, consulté des experts. Il s’agit d’un court texte, mais il y a énormément de travail derrière l’histoire d’Anatole, autant qu’un roman de 200 pages, parce que chaque mot est minutieusement choisi. Je n’aime pas prendre les enfants pour des nonos: je leur dis les vraies choses, en m’adressant à leur intelligence et à leur grande sensibilité.
Maintenant que le livre est en librairie, quel sera ton prochain projet?
Mélanie et moi avons commencé à travailler sur le prochain album des Soeurs Boulay, même si elle est en «congé» de maternité. Je mets des guillemets à congé parce que je regarde ma soeur aller et, on s’entend, rester à la maison avec bébé, c’est tout sauf un congé! (rires) La maternité l’inspire, et m’inspire aussi, puisque la présence de mon filleul représente une grosse dose d’amour dans ma vie.
Tu prépares aussi un album solo!
Oui! Je suis en train de mettre la touche finale à mon album solo qui sortira en novembre. Dans mes chansons, on reconnaît l’âme des Soeurs Boulay, mais il y a une petite touche bien personnelle signée Stéphanie. J’ai bien hâte de vous faire entendre ça!