Johanne Fontaine
Fonceuse et animée, Johanne Fontaine aura vécu sa vie à bras ouverts, avec une intensité qui l’habitait dans chaque sphère de sa vie. Après huit ans de lutte contre le cancer, cette femme entière a rendu l’âme en paix avec elle-même et entourée des êtres qui étaient chers à son coeur.
Si l’on doit retenir une chose de la vie de la comédienne, c’est qu’elle aura été une combattante jusqu’au dernier moment de son existence. Décédée le 11 octobre à l’âge de 63 ans, elle aura d’ailleurs déjoué tous les pronostics, puisqu’on prédisait sa mort imminente en 2010, après qu’on lui eut diagnostiqué un cancer du côlon de stade 4 avec des métastases au foie et à l’estomac.
La nouvelle de son décès a été rendue publique sur les réseaux sociaux par sa collaboratrice et amie Joanie Boudreau. «Sa soeur me disait qu’elle était partie doucement, a-t-elle mentionné dans une vidéo touchante. La bonne nouvelle, c’est qu’elle a cessé de souffrir. Les derniers jours ont été plutôt difficiles. Puis... vous avez été dans son coeur jusqu’à la fin.»
SON TALENT ENFIN RECONNU
Énergique et entière, Johanne a choisi de faire carrière au théâtre en 1975 alors qu’âgée de 20 ans, elle a entamé sa formation au Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse. Toujours dans la vingtaine, elle a fondé avec son amie Danielle Proulx l’Organisation Ô, une compagnie de théâtre à vocation féministe désireuse de donner une voix aux créatrices. Du côté du petit écran, elle a fait ses débuts en 1980 dans le téléroman Au jour le jour, diffusé sur les ondes de Télé-Québec et mettant notamment en vedette Gilbert Sicotte.
Au fil des ans, on a aussi pu la voir dans S.O.S. j’écoute, Zap, Ent’Cadieux, Les pêcheurs et Ruptures, ainsi que dans les films Nouvelle-France, Vendus, Idole instantanée et Le Matou, basé sur le roman du même nom d’Yves Beauchemin. Dans les années 1990, elle a obtenu une nomination au Gala des prix Gémeaux à deux reprises: une première fois pour le téléfilm Solo, et une deuxième pour la série Réseaux. Si la statuette lui a chaque fois filé entre les doigts, elle a finalement goûté à la victoire en 2018, alors qu’elle l’a remportée dans la catégorie Meilleur rôle de soutien féminin: série dramatique pour son rôle de non-voyante dans L’imposteur. «C’est une première pour moi. C’est un rêve d’être ici!» avait-elle alors confié à un de nos journalistes.
DE COPINE À COACH DE VIE
Outre son métier premier, Johanne Fontaine a également eu l’occasion d’enseigner le jeu à des dizaines d’apprentis comédiens entre les quatre murs de son alma mater, et ce, pendant plusieurs années. Elle a également eu l’occasion d’ajouter une corde à son arc en devenant chroniqueuse à l’émission Les copines d’abord.
Puis, au cours des années 2000, les temps se sont faits plus durs pour la comédienne. Forcée de se réinventer après quelques années de vache maigre, elle a entrepris une formation en programmation neurolinguistique et s’est lancée dans le coaching afin d’aider les gens à trouver leur voie. Cette décision a donné un nouvel élan à sa vie et lui a permis de toucher les milliers d’individus qui ont assisté à ses conférences ou visionné ses capsules sur les réseaux sociaux.
Après avoir reçu un diagnostic de
cancer il y a huit ans, la comédienne a choisi de vivre très ouvertement l’épreuve qu’elle traversait afin d’aider les autres hommes et femmes qui, comme elle, doivent faire face à la maladie. C’est la mission qui l’animait au cours des dernières années et qui l’a amenée à écrire le livre Hop la vie! Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir…, en 2012. Elle a aussi été le sujet de deux documentaires tournés par son amie Isabelle Maréchal.
UNE FEMME BIEN ENTOURÉE
Outre sa vie d’artiste et de coach, Johanne a su entretenir une vie personnelle riche, ponctuée de grandes histoires d’amour et d’amitié. Elle a notamment été en couple avec le comédien Roger Joubert, qui nous a quittés en octobre 2010. Ce dernier est le père de son fils, Raphaël, aujourd’hui âgé de 27 ans. Depuis 10 ans, elle partageait la vie de Pierre Duchaine, qui l’a soutenue tout au long de sa maladie.
À l’annonce de son décès, sa grande complice Danielle Proulx lui a rendu un hommage touchant. «Johanne, c’était non seulement une grande amie, mais aussi une grande femme, une grande actrice. Quelqu’un en dehors des normes, en dehors des mesures, qui sortait du lot. Malgré une vie difficile avec beaucoup d’embûches, c’était quelqu’un qui rebondissait. Jamais je n’ai vu quelqu’un aimer autant la vie. C’était contagieux. J’espère avoir le dixième de tout ce qu’elle a eu comme élan vital.» L’équipe de 7 Jours offre ses condoléances à la famille et aux proches de cette grande dame qui a su en inspirer plus d’un au cours de son incroyable parcours.