7 Jours

Melissa McCarthy

ELLE JOUE DANS LE FILM CAN YOU EVER FORGIVE ME? AUX CÔTÉS DE SON MARI

- Par Noemia Young

C’est l’air radieux et avec 45 lb en moins que l’actrice, sympathiqu­e comme toujours, s’est assise avec notre collaborat­rice pour l’entrevue. Melissa McCarthy en a fait du chemin à Hollywood, prouvant à tous qu’il était possible pour une femme ronde d’avoir du succès dans une industrie valorisant la minceur. En plus de jouer la comédie, elle est auteure, productric­e et réalisatri­ce, et elle a un mari, deux filles et une collection de vêtements à son nom! Ce mois-ci, à 48 ans, elle opère un changement de direction dans sa carrière en interpréta­nt un rôle dramatique.

Melissa, le titre de votre nouveau film est Can You Ever Forgive Me? (Pourrez-vous un jour me pardonner?). Avez-vous déjà eu quelque chose à vous faire pardonner? Oh, mon Dieu! Oui. Tous les jours!

Comment avez-vous surmonté ces difficulté­s?

Je ne pense pas que j’y arrive vraiment. C’est ce que j’aime à propos de mon personnage, l’auteure Lee Israel, qui a réellement existé. Il faut beaucoup de courage et d’humilité pour demander pardon lorsqu’on sait qu’on a échoué. On fait tous des erreurs, moi la première. On s’excuse, car c’est ce qu’il faut faire, puis on essaie de faire mieux. Mais il faut vraiment faire preuve d’une force spéciale pour réellement demander pardon, de façon sentie. De toute façon, avoir toujours raison est un concept irréaliste. En ce moment, il y a une telle obsession dans le monde à déterminer qui a raison ou tort; je préfère me concentrer à essayer d’être un bon être humain. Je fais de mon mieux.

Que connaissie­z-vous de Lee Israel avant de l’incarner à l’écran? Qu’aimezvous d’elle?

Je ne connaissai­s pas son histoire et je m’en veux un peu. J’étais à New York entre 1990 et 1997, à peu près à la même époque qu’elle. Est-ce que je l’ai croisée dans la rue sans le savoir? Avons-nous fréquenté les mêmes endroits? Son histoire m’a fascinée. C’était une auteure talentueus­e à qui on a dit, du jour au lendemain: «Tu étais bonne, mais tu ne fais plus l’affaire.» C’est quelque chose qui peut arriver dans tous les milieux. On ne dit pas aux gens qu’ils ne font plus l’affaire maintenant, mais plutôt qu’on anticipe qu’ils ne feront plus l’affaire... C’est très dommageabl­e. Ça tue l’espoir.

C’était une femme très seule, désespérée. En voyant le film, je me suis demandé ce que je ferais si je me retrouvais dans la même situation qu’elle.

C’est ce qui m’a attirée vers cette histoire! Ça nous arrive tous un jour ou l’autre de sentir qu’on n’est pas à sa place ou qu’on est seul dans une foule, non? Lee était très seule, et elle essayait de le cacher et de se défendre.

Après l’échec de sa carrière littéraire, Lee Israel s’est mise à forger des lettres supposémen­t écrites par des personnali­tés connues qu’elle vendait à des libraires et à des antiquaire­s. Achetezvou­s des antiquités vous-même?

J’adore les antiquités et les tissus vintage. Il m’arrive d’avoir des phases curieuses... Un jour, j’ai acheté 12 supports à parapluie sur le site Etsy. Mais je les utilise tous... bien que ce ne soit pas pour mettre des parapluies! J’aime les choses qui ont une histoire, un passé, qui ne sont pas parfaites. J’aime m’imaginer où cet objet a été avant de le déposer chez moi. Je ne suis pas une fan du “tout neuf”, j’ai

beaucoup de choses vintage chez moi et c’est parfait: comme j’ai des enfants et des chiens, je ne veux rien avoir de trop précieux!

Aimez-vous aussi les librairies?

Oh! j’adore tout de ces endroits! J’y ai passé de nombreuses heures. J’aime les signets, les jaquettes de livres qui s’enlèvent, l’odeur des livres. J’aime me promener dans des allées remplies de livres que je ne connais pas et prendre un livre au hasard. C’est dans ces moments-là qu’on se retrouve à lire, par exemple, sur l’inventeur des sousverres. C’est magique! Mon mari et moi emmenons souvent nos enfants dans les librairies. C’est le seul endroit où ils ont le droit de prendre tout ce qu’ils veulent.

Qui ont été vos modèles durant votre jeunesse? Qui vous encouragea­it dans la vie?

J’ai des parents fantastiqu­es qui m’ont toujours dit que, avec beaucoup de travail, on pouvait tout faire: «Travaille fort, sois gentille et humble». Grâce à eux, j’ai une bonne éthique de travail. Il m’a fallu 20 ans avant de décrocher mon premier vrai travail. Pendant tout ce temps, j’ai persévéré et j’ai travaillé fort parce que j’aimais mon boulot. Je me suis dit que, si personne ne voulait m’engager, j’allais monter des pièces de théâtre et m’engager moi-même. Et c’est ce que j’ai fait pendant tout ce temps. (rires)

Saviez-vous au fond de vous que vous alliez avoir du succès un jour?

Je ne m’y attendais pas. J’ai grandi sur une ferme. Nous n’avions même pas de voisins, je passais donc beaucoup de temps seule. Je m’amusais à faire semblant et je me disais que j’arriverais peut-être un jour à en faire un métier si je travaillai­s assez fort. Ce n’est pas un métier qu’on peut choisir seulement pour la célébrité et le succès. Je me disais que, si seulement je pouvais être payée pour faire ce que j’aime, ce serait le jackpot!

Comment vos deux filles, Vivian, 11 ans, et Georgette, 8 ans, gèrent-elles le fait que leur mère est une star de cinéma?

Elles savent quel métier je fais. Lorsque mon mari ( l’acteur et réalisateu­r Ben Falcone) et moi travaillon­s sur un projet ensemble, elles viennent sur le plateau avec nous. Nous aimons travailler ensemble; c’est comme ça que nous nous sommes rencontrés. C’est aussi en partie ce qui nous aide à garder notre

«J’ai des parents fantastiqu­es qui m’ont toujours dit que, avec beaucoup de travail, on pouvait tout faire.»

famille unie. On est comme une troupe de carnaval: on voyage ensemble! C’est important pour moi qu’elles voient que nous travaillon­s très fort et que nous aimons notre métier. Mais je ne crois pas qu’elles réalisent vraiment que je suis connue. À la maison, lorsque je fais des blagues, elles ne sont pas très impression­nées...

Comment les éduquez-vous pour qu’elles deviennent des femmes dans ce monde moderne?

Je fais du mieux que je peux, mais j’avoue que, parfois, j’aimerais qu’il y ait une formule magique! Je fais attention pour qu’elles ne reçoivent pas de commentair­es qui pourraient les blesser ou les changer, du genre: «Tes cheveux ne sont pas bien. Tes jambes ne sont pas normales. Ton nez est bizarre.» Toutes ces choses qu’on entend pendant des années et qui font qu’on devient de pâles copies de nous-mêmes. Je m’efforce de leur dire d’arrêter de s’excuser quand elles veulent exprimer quelque chose. Ce sont des filles fortes et remplies de confiance en elles. Mon but est d’arriver à les garder ainsi.

Ont-elles hérité de votre sens de l’humour?

Oui, absolument. Elles n’ont pas de filtre: elles disent tout ce qui leur passe par la tête. C’est leur façon à elles de voir le monde. Parfois, elles passent des commentair­es bizarres, et je me dis: «C’est une façon de voir les choses!»

Est-ce que les gens s’attendent à ce que vous soyez toujours drôle dans la vie? Est-ce vous qui mettez du piquant dans les partys?

Oui, pourquoi pas? Ça ne me dérange pas. Je trouve tout drôle. Je suis souvent celle qui rit toute seule pour rien dans la file d’attente au café. Nous ne nous prenons pas très au sérieux à la maison, et mon amoureux est la personne la plus drôle que je connaisse. J’aime bien aller dans les partys et faire rire les gens. Je pourrais me faire frapper par un bus demain — mais j’espère bien que non! —, alors pourquoi ne pas m’amuser un peu!

Votre parcours est incroyable. En quoi avez-vous changé depuis vos débuts?

Certaines choses ont changé, mais avec deux jeunes enfants, notre vie demeure très simple. On veille seulement à protéger davantage notre intimité.

Comment les perception­s ont-elles changé envers les femmes plus rondes dans cette industrie?

J’espère que les perception­s changent, lentement mais sûrement. Ce que nous regardons à la télé et au cinéma devrait refléter le monde dans lequel on vit. Il y a encore beaucoup d’endroits où je ne peux pas magasiner; c’est la raison pour laquelle j’ai lancé une collection de vêtements. Mais de plus en plus de gens s’ouvrent à l’idée de faire des vêtements pour toutes les femmes.

On dit que vous et votre mari êtes inséparabl­es; c’est vrai?

(Rires) Eh bien, je l’aime beaucoup! On essaie de faire quelques trucs séparément, mais je l’ai épousé pour être avec lui, et vice versa. Nous avons une règle: nous ne restons jamais loin l’un de l’autre plus de deux semaines, sauf si c’est absolument nécessaire. C’est un défi, mais on y tient. De toute façon, travailler ensemble, c’est ce qu’on aime le plus faire! C’est comme ça qu’on s’est rencontrés, qu’on est devenus amis, qu’on est tombés amoureux. C’est tellement naturel. Même s’il n’était pas mon partenaire dans la vie, il serait mon partenaire de travail. Dans le cas du film Can You Ever Forgive Me?, c’est lui qui a reçu le scénario en premier. Je l’ai lu et je suis tombée en amour avec Lee Israel. J’ai réussi à me faire une place dans son film.

A-t-il une bonne influence sur vous?

Il est très drôle, mais il est très calme, peu importe la situation. Il m’arrive souvent de réagir très vivement, et il me dit toujours de ne pas m’inquiéter, qu’il y a une solution. On fait une bonne paire.

Quand avez-vous réalisé que vous aviez quelque chose d’unique à offrir au public?

(En souriant humblement:) Je travaille encore là-dessus...

«J’ai épousé mon mari pour être avec lui, et vice versa. Nous ne restons jamais loin l’un de l’autre plus de deux semaines.»

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 ??  ?? En pleine séance de magasinage avec ses filles, Vivian et Georgette.
En pleine séance de magasinage avec ses filles, Vivian et Georgette.
 ??  ?? Melissa incarne l’auteure et criminelle Lee Israel dans le film Can You Ever Forgive Me?, en salle le 19 octobre.
Melissa incarne l’auteure et criminelle Lee Israel dans le film Can You Ever Forgive Me?, en salle le 19 octobre.
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Avec son mari, le comédien et réalisateu­r Ben Falcone.

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