7 Jours

Véronique Béliveau

La chanteuse a récemment effectué deux prestation­s remarquées pour souligner le 50e anniversai­re de Télé-Québec, soit lors du gala des prix Gémeaux et à la Symphonie de Télé-Québec avec l’Orchestre Métropolit­ain. Malgré cela, elle ne prévoit pas pour auta

- PHOTOS: JULIEN FAUGÈRE MAQUILLAGE: ALEXIA BAILLARGEO­N COIFFURE: RICHARD ST-LAURENT STYLISME: ISABELLE GAUVIN ROBE: MARIE-ST-PIERRE Par Michèle Lemieux

Véronique, pourquoi as-tu accepté l’invitation à chanter pour le 50e anniversai­re alors que ça fait 20 ans que tu as quitté ton métier d’interprète?

À part deux exceptions, je n’avais pas chanté depuis 20 ans. Lorsqu’on m’a offert de chanter lors du gala symphoniqu­e dirigé par Yannick Nézet-Séguin avec 70 musiciens et un choeur de 100 chanteurs, j’ai marqué un temps d’arrêt. J’ai quasiment eu un choc, mais je ne pouvais pas dire non à cette propositio­n. Une semaine plus tard, on me proposait d’interpréte­r la même chanson thème de Radio-Québec, Tout un monde à regarder, aux Gémeaux. Là, j’ai eu peur! Je savais qu’on allait ressortir des photos et un extrait de l’époque. Vingt-six ans séparaient les deux moments et je savais qu’on allait comparer les deux époques. Alors, il fallait que ma voix soit aussi bonne et que je prouve que j’étais encore capable de chanter... J’ai eu peur de ne pas être à la hauteur, comme ça m’est arrivé souvent dans ma vie profession­nelle. Quel stress je me suis imposé! Après avoir terminé ma performanc­e au gala des Gémeaux, je me sentais prête à relever le défi de chanter avec un orchestre symphoniqu­e. Dans les deux occasions, les gens m’ont réservé un accueil exceptionn­el et chaleureux. Ça m’a profondéme­nt touchée de recevoir autant d’amour.

Comment est-ce de travailler avec Yannick Nézet-Séguin?

Il y a de ces soirs où on se sent juste bien parce que tout est réuni, comme par enchanteme­nt, pour toucher à l’intangible et l’inaccessib­le. Il y a de ces soirs où une vraie connexion humaine se produit, avec un maestro hors norme au coeur léger et à la passion dévorante. Grâce à sa force, son humanité et sa bienveilla­nce, je me suis sentie plus forte et inspirée pour une rare fois dans mon parcours.

Pourquoi as-tu arrêté de pratiquer ton métier de chanteuse?

J’avais besoin d’être dans l’ombre pour me retrouver. J’avais tout donné à ce métier. Je l’ai pratiqué pendant 25 ans. J’ai vécu une période difficile avant de le quitter. Je frappais à des portes, mais personne ne répondait. Je n’avais même pas de retours d’appels! C’était très difficile pour moi de vivre une telle situation. J’ai fini par croire que je n’avais plus ma place dans ce métier que j’aimais tellement. Je le faisais depuis l’âge de 17 ans. Je ne connaissai­s rien d’autre. Alors, je me suis dit que je ne devais plus chanter et que je devais faire autre chose de ma vie. Puis, je suis partie en France avec Josélito. Ça m’a fait un bien énorme! Pour la première fois depuis des années, on ne me reconnaiss­ait pas dans la rue. Ça m’a donné une grande liberté. C’est extraordin­aire d’être reconnu par les gens et de se faire dire qu’on nous aime, mais ça peut aussi être lourd à porter. Ce métier demande beaucoup d’assurance et de certitudes et moi, j’avais beaucoup de doutes.

Le deuil de ta carrière de chanteuse a-t-il été difficile à faire?

Ç’a été très très douloureux à vivre. J’ai mis du temps à admettre que je ne chanterais plus. Chaque fois que j’y pensais, je me mettais à pleurer. J’ai dû faire le deuil de cette carrière, à un point tel que je suis allée enterrer la chanteuse dans un cimetière pour m’aider à passer à autre chose. Je l’ai fait en 1996 dans un charmant petit village du sud-ouest de la France. J’ai pris des photos de moi où on me voyait sur scène et je les ai enterrées au pied d’un arbre dans ce cimetière. La symbolique était très importante pour moi. J’ai enterré la chanteuse soliste.

N’y a-t-il pas eu d’autres grands projets dans ta carrière par la suite?

Oui, j’étais à Paris alors qu’on tenait des auditions pour trouver la Sadia de Starmania. Finalement, par un concours de circonstan­ces, le rôle a été confié à une autre chanteuse. En décembre suivant, cette chanteuse a décidé qu’elle ne voulait plus tenir ce rôle. J’ai auditionné sur la scène du Palais des congrès devant toute l’équipe de production et j’ai été choisie. J’étais tellement heureuse de partager la scène avec les autres. J’ai eu trois jours pour apprendre le rôle. J’ai entrepris une tournée en France. Pendant ce projet, j’ai entendu parler d’auditions qui se tenaient pour une comédie musicale mise en scène par Robert Hossein, La Vie en bleu. On cherchait celle qui allait devenir Olga, la ballerine russe qui a épousé Picasso. C’est Mario Pelchat qui a tenu le rôle du grand peintre et j’ai quitté Starmania pour me joindre à cette troupe. Nous avons joué pendant trois mois à Monaco, puis à Mogador, un théâtre mythique de Paris. Cette année-là, avec les deux spectacles cumulés, j’ai fait plus de 160 représenta­tions. Finalement, j’avais enterré la chanteuse soliste, mais pas celle qui faisait de la comédie musicale. Ç’a été deux expérience­s

«Avec Josélito, j’ai toujours des projets en branle... Ça me permet de mener une vie plus normale , d’être à la maison avec mes enfants.»

extraordin­aires! L’année 1997 aura été celle où j’aurai été la plus heureuse de ma vie profession­nelle.

As-tu déjà éprouvé des regrets face à ton métier?

J’aurais aimé faire carrière en France alors qu’on poussait pour les États-Unis et le Canada anglais. J’avais plus le profil pour la France. J’ai bien failli y parvenir, mais c’était difficile. Nous étions dans les années 1980-1990 et le marché vivait une grande crise. J’avais un bon manager que j’aimais beaucoup. C’était devenu un ami. Il a fait de grandes choses pour moi; je lui en suis très reconnaiss­ante. J’ai notamment animé des shows sur CTV. Un jour, il a décidé de se consacrer à la production. Je me suis retrouvée sans management. Ma compagnie de disques a été vendue et elle m’a laissée tomber. Ça m’aurait pris un Josélito pour prendre le relais. Ç’a été très difficile d’admettre que j’étais maintenant seule.

Tes enfants sont arrivés alors que tu ne chantais plus. Quelle a été leur réaction quand ils t’ont vue sur scène?

Mes enfants ont été très impression­nés. Dans la famille, c’est papa la star, pas moi! (rires) Ils m’ont découverte récemment sur YouTube. Ma fille m’a accompagné­e à la répétition pour le gala symphoniqu­e ainsi que celle du gala des Gémeaux. Elle a été étonnée de voir sa mère performer. Elle aime ce métier; je pense qu’elle va en faire partie d’une manière ou d’une autre. Quant à mon fils, il est venu me voir en coulisses après le spectacle de l’Orchestre Métropolit­ain. Il n’arrivait pas à imaginer que c’était sa mère qui était sur scène. Il voyait sa maman qui prenait soin de lui. Je l’ai senti impression­né et touché. Ce monde ne l’intéresse pas, mais il veut étudier en finances. Il veut faire des affaires. Il aimerait avoir des entreprise­s, faire du business.

Es-tu heureuse d’avoir choisi d’être présente pour tes enfants?

Oui. J’avais 47 ans lorsque je suis allée chercher Antoine au Vietnam en 2001, et 48 quand ç’a été le tour de Yasmeena en 2002. J’avais une carrière derrière moi. Mais une autre vie se dessinait devant moi. Une nouvelle vie où j’allais me tourner vers les autres et ne pas être dans mes insécurité­s, celles qui viennent avec ce métier. Je pouvais me consacrer à autre chose. Je n’étais pas allée chercher des enfants aussi loin pour ne pas m’en occuper. Durant les premières années, mes enfants ne sont même pas allés à la garderie. Ils sont restés à la maison. Je vivais très bien avec ma décision. Ces moments sont importants, car ils ne reviennent jamais. J’ai vécu chaque étape avec eux, même les moins drôles... (sourire) Ceci étant dit, nous avons de bons enfants.

Est-ce que d’autres projets se dessinent à l’horizon pour toi?

Avec Josélito, j’ai toujours des projets en branle, en fiction et en variétés. Ça me permet de mener une vie plus normale, d’être à la maison avec mes enfants. Même s’ils ont 16 et 17 ans, c’est très important pour moi d’être présente et de les accompagne­r dans leurs transforma­tions. J’ai aussi écrit un livre pour enfants qui sera publié en 2019. Je me suis inspirée de Yasmeena. Le personnage principal s’appelle Thao, qui est le nom vietnamien de ma fille. J’aurais adoré faire des voix de personnage­s pour enfants. Comme j’ai l’intention de faire une version audio de mon livre, je compte faire la voix de tous les personnage­s. J’ai tellement hâte.

On a l’impression que Josélito et toi, vous vous êtes trouvés. À quoi tient le succès de votre relation?

Josélito et moi, ça fait 25 ans que nous sommes ensemble. J’ai 10 ans de plus que lui. Au début, cette différence d’âge m’inquiétait. Je me disais qu’en vieillissa­nt, les choses allaient peut-être changer... Pourtant, nous sommes toujours là. Oui, nous nous sommes trouvés. Nous nous aimons beaucoup. Nous avons les mêmes intérêts, le même respect des autres, la même manière de voir la vie.

Le gala marquant le 50e anniversai­re de Télé-Québec sera diffusé le 30 décembre.

Nos remercieme­nts à la Maison symphoniqu­e où la séance photo a été réalisée.

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 ??  ?? Quelques minutes avant de monter sur scène.
Quelques minutes avant de monter sur scène.
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