7 Jours

Biz «L’oeuvre d’art totale, c’est le roman»

Chaque fois que Biz publie un roman, il nous emmène dans un nouvel univers. Son sixième roman, Cadillac, qui nous plonge dans l’histoire du Québec et dans la modernité de Détroit, est tout à fait dans cette lignée: dépaysant et inspirant.

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On ne sait jamais à quoi s’attendre quand on ouvre un de tes livres. Cette fois, tu nous transporte­s dans la ville de Détroit et son histoire...

Il y a un an, je suis allé à Détroit avec des amis. Chaque année, on voyage dans l’Amérique besogneuse, on se promène, on visite. Détroit m’a vraiment sonné. J’ai été impression­né par cette ruine. Il n’y a pas d’équivalent de destructio­n du tissu urbain. C’est un peu prophétiqu­e, cette dévastatio­n physique. Ce sont les ruines d’une civilisati­on, mais c’est la nôtre... Ça se peut que ce soit vers ça qu’on se dirige sans s’en rendre compte. Malgré tout, c’est d’une grande beauté. Il y a une certaine revanche de la nature. La végétation reprend ses droits. Il ne reste que des vestiges de celle qu’on appelait le Paris du Midwest. Cette beauté tragique m’a inspiré. Il y a aussi cette présence francophon­e. Personne ici ne sait que Détroit a été fondée par un Français. Mais, là-bas, il y a une grande mémoire. Quand je suis revenu, j’avais le goût de parler de cette ville à tout le monde.

D’où le roman?

J’ai pensé à un guide touristiqu­e, à un livre de photos... Mais, pour moi, l’oeuvre d’art totale, c’est le roman. La couverture est d’ailleurs une photo que j’ai prise là-bas. Dans un roman, tu peux mettre de la géographie, de l’anthropolo­gie, de l’histoire... C’est encore la façon la plus simple de rejoindre tout le monde. Le héros et sa blonde sont des gens simples. Je trouvais intéressan­t qu’ils n’aient au départ aucune conscience historique. Et j’aimais l’idée de pouvoir parler du passé d’une façon contempora­ine, que ce soit quelque chose de proactif. Ça relativise l’homme blanc au Québec. Il n’a pas été un conquérant de la même manière que les Britanniqu­es. Le projet de Champlain n’avait rien à voir avec celui des Britanniqu­es. Ç’a cassé avec leur arrivée... Tout ça fait qu’on se parle dos à dos avec les Premières Nations. Joséphine Bacon racontait que, dans les années 1950, les vieux Québécois parlaient innu avec les Innus...

Qu’aimes-tu de Détroit?

Tous ceux qui sont allés à Détroit y sont retournés. Il y a énormément d’artistes qui la réinvestis­sent. C’est la ville où il y a le plus d’agricultur­e urbaine. Les gens agissent sans attendre après les politicien­s. Il y a une conscience locale...

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