7 Jours

PASCALE WILHELMY

«Cette maison, c’est une part de notre équilibre»

- Par Pascale Wilhelmy

Elle rencontre Véronic DiCaire en

ELLE REVIENT AU QUÉBEC APRÈS UNE TOURNÉE EN ASIE, EN PREMIÈRE PARTIE DU SPECTACLE DE CÉLINE DION

Sa carrière l’amène partout sur la planète, et Véronic DiCaire y trouve toujours son bonheur, celui d’être sur scène et de faire un métier qu’elle aime. Que ce soit en Asie, en Australie ou encore au Québec, où elle retrouvera dès novembre son premier public.

Elle nous reçoit chez elle, dans sa lumineuse résidence des Laurentide­s. C’est là, au coeur de la forêt, qu’elle se sent bien. Les immenses fenêtres de la maison laissent pénétrer toute la lumière et offrent une superbe vue sur les arbres de ce début d’automne. Autant Véronic a besoin de la scène, autant elle a besoin de ce calme, de cette nature qui l’entoure en ce moment. Pourtant, ce n’est pas une période de repos. Même si elle a terminé une intense tournée en Asie et en Océanie cet été, en première partie du spectacle de Céline Dion, elle s’est mise à l’ouvrage aussitôt débarquée au Québec. Elle prépare activement son prochain spectacle solo, qui la mènera partout dans la province au cours des mois à venir. Des retrouvail­les avec son public qu’elle attend impatiemme­nt...

Véronic, c’est magnifique ici...

Chez nous, c’est ici. On s’est arrangés, Rémon et moi, pour avoir un endroit à nous où on se sent parfaiteme­nt bien. Un jour, nous avons réalisé que, pendant trois étés, nous étions restés à la maison sans vraiment prendre de vacances. Alors, nous nous sommes organisés pour que notre maison nous donne cette sensation de vacances. Et ça marche! Lorsqu’on est ici, on en profite. On a l’impression de se reposer.

Tu sembles si bien ici, et ça se comprend. Est-ce difficile de quitter ce refuge?

C’est toujours un peu difficile de partir. Cette maison, c’est une part de notre équilibre. Honnêtemen­t, j’avais hâte de revenir ici après la tournée. En même temps, à l’inverse, je suis toujours heureuse de repartir en tournée. Même s’il y a une petite période avant le départ où on a moins envie de quitter notre confort, de manquer des moments en famille. Mais lorsqu’on se retrouve ailleurs, on sait pourquoi on a quitté. Ça revient vite! Tu te dis: «Ah oui! c’est pour ça que j’aime faire ce métier-là!» Tu rencontres des gens, tu retrouves aussi ton équipe et les salles que tu as connues. Tu te rappelles le plaisir que tu as eu. C’est bon aussi.

Cet été, avec la tournée, tu étais en territoire inconnu...

Totalement! Je dois t’avouer que ça m’effrayait un peu. J’étais réticente. Je me demandais comment ça allait se passer. Je ne connaissai­s pas le public d’Asie, les réactions des gens. Il y avait aussi tout le voyagement. En plus, j’allais faire des spectacles en anglais, en espérant que les gens me comprennen­t un peu. Et je me suis dit: «Advienne que pourra! Je vais faire de mon mieux et on va essayer de se comprendre.»

Parce qu’au-delà du voyagement, des habitudes, il y avait aussi la barrière de la langue...

Finalement, je me suis rendu compte que c’était moins stressant à ce niveaulà. Je me suis dit que, si je faisais une faute en anglais, les gens ne la verraient pas nécessaire­ment. Parce qu’à Taipei ou à Taïwan, ce n’était pas évident. Les gens ne connaissen­t pas l’anglais, disons que mes interventi­ons étaient assez courtes et que je devais parler très lentement. Heureuseme­nt, la chanson, c’est internatio­nal, tout le

monde saisissait ce que je voulais dire. Et ça marchait!

Tu devais donc chaque soir t’adapter à un nouveau public...

C’était une partie du défi. Par exemple, au Japon, j’ai trouvé ça très drôle. Le rythme est particulie­r. Les gens sont d’une politesse incroyable. Et moi, j’ai ma façon de faire. Je finis ma chanson, je prends une petite gorgée d’eau et je reviens. Mais là, je terminais ma chanson et, au moment où j’allais prendre ma gorgée d’eau, ils avaient déjà fini d’applaudir. (rires) Rémon a compris. Il me rappelait: «Ne lève pas ton micro, parce qu’aussitôt que tu le lèves, ils arrêtent d’applaudir. Ils pensent que tu vas te remettre à chanter.» Et ça, j’avoue que ç’a été une adaptation assez spéciale.

As-tu aimé cette tournée?

Je l’ai adorée! Je n’avais pas d’attentes. Bien sûr, j’espérais de bonnes réactions, et ça s’est produit. Nous sommes aussi allés en Australie, et nous avons vu qu’il y avait beaucoup de potentiel pour moi. Ça se rapproche de ce que je faisais à Las Vegas et en Angleterre.

Et tu sembles y avoir trouvé un public réceptif...

Le public était extraordin­aire. C’est celui qui m’a vraiment surprise... Rémon s’attendait plus à ce genre de réception parce qu’à Las Vegas, on travaillai­t avec des gens de l’Australie. Et il avait capté que les Australien­s sont beaucoup comme les anglophone­s d’ici, au Canada. L’approche est facile. Les gens sont gentils et, comme j’ai fait des émissions de télévision là-bas, on me reconnaiss­ait dans la rue, à l’aéroport. Et j’ai reçu de beaux compliment­s. Sans prétention, je me suis fait dire: «On espère que tu reviendras.» Ils avaient été impression­nés par ce que j’avais fait. L’impact a été beaucoup plus fort en Nouvelle-Zélande et en Australie qu’en Asie. Alors, je retourne en Australie l’année prochaine, au mois d’avril.

Est-ce qu’il y a eu des moments marquants dans cette tournée?

Oui. Chaque soir. (rires) Chaque soir, lorsque les gens se levaient après ma représenta­tion, je le voyais comme une victoire. Moi, les gens ne me connaissen­t pas lorsque je me présente sur scène. Ils sont venus pour voir et entendre Céline Dion. Donc, chaque soir, je dois me vendre, je dois aller les chercher, les conquérir. Je finissais mes premières parties et j’étais en nage comme si je venais de terminer deux heures de show! Et ça m’a tellement touchée parce que l’équipe de Céline me disait: «C’est pas facile, et on le sait, mais tu les as gagnés encore ce soir.» Pour moi, ç’a été une succession de moments marquants, de victoires.

Et au-delà de ces victoires?

Il y a eu plein d’autres moments marquants! On a vécu un typhon à Taipei. Honnêtemen­t, nous n’avons pas eu trop peur, parce que les gens de la place ne semblaient pas trop inquiets, mais nous avions quand même pris des mesures d’urgence au niveau de l’équipe. Nous devions rester dans nos hôtels. Nous avions des directives, et c’est normal.

Malgré un horaire chargé, as-tu pris le temps de visiter un peu?

Oui, et nous avons vécu des moments incroyable­s. À Singapour, notre hôtel était magnifique. Notre trip, c’était de goûter à la bouffe locale. Rémon et moi, on s’est rendu compte qu’une partie de l’équipe de Céline, comme Scott Price par exemple, aimait aussi faire la chasse aux marchés de nuit. Donc, on se rencontrai­t souvent et on partait ensemble les découvrir. Nous avons mangé dans des endroits où il ne faut pas se poser de questions sur la salubrité. (rires) Tu y vas, tu plonges, et c’est magnifique! On a profité le plus possible de cette tournée, mais on avait toujours en tête l’idée qu’on travaillai­t aussi, qu’il fallait être en forme sur scène.

Pendant cette tournée, vous avez aussi

«On a profité le plus possible de la tournée en Asie, mais on avait toujours en tête l’idée qu’on travaillai­t aussi.»

réalisé des vidéos du quotidien, de l’arrière-scène, que vous présentiez sur YouTube...

On s’est amusés. On a décidé de se monter une sorte de chaîne YouTube pour montrer les coulisses et aussi nos aventures. Parce que les gens qui nous entourent, lorsqu’ils nous entendent en parler, ils font: «Voyons donc, c’est pas possible!» Pas qu’ils aient des doutes sur ce qu’on raconte, mais ce qu’on vit est extraordin­aire. Je le sais et je l’apprécie.

Dans ces capsules, on voit aussi la complicité entre Rémon et toi...

Oui! Encore plus! On rit ensemble. On s’encourage. C’est Rémon et Véronic au naturel. Sachant que les gens pourraient découvrir notre vie privée dans ces capsules, on s’est dit qu’on ne scripterai­t rien. On reste nous-mêmes, on ne joue pas. Nous, on veut la réalité. La vérité, en fait. Et nous sommes très complices, c’est vrai. Lorsque tu es dans un projet, on dirait que ça soude encore plus fort. Tu dois être solidaire. Il n’y a pas de temps pour les disputes, les divergence­s. Autant rassembler ce que nous avons et en faire quelque chose de beau, bâtir quelque chose. Et on y arrive toujours. Par exemple, jamais je ne me serais imaginée sur une scène à Singapour...

ET LE QUÉBEC...

Au moment de l’entrevue, nous nous retrouvons dans la vaste cuisine. Derrière nous, j’aperçois un tableau avec des titres de chansons connues. La veille, la metteuse en scène Josée Fortier s’est déplacée pour peaufiner la liste des chansons et des imitations. Puis, au moment de poursuivre l’entrevue au sujet de cette tournée québécoise, la chorégraph­e Geneviève Dorion-Coupal entre dans la maison, qui se transforme parfois en studio, parfois en vaste salle de réunion. Car Rémon et Véronic y tiennent aussi des rencontres pour la suite des choses. Pour les projets à venir...

De retour ici, tu es déjà en train de préparer une tournée pour le Québec...

On est à fond là-dedans. Tu vois (elle me montre le grand tableau avec les chansons), on répète les chansons, on fait la mise en scène. Geneviève arrive. Josée Fortier est venue. Toutes les équipes — scénograph­ie, éclairage, chorégraph­ie, textes — passent par ici en ce moment. C’est fou. Et le show est parti maintenant! Même lorsqu’on était en Asie, on travaillai­t déjà là-dessus. On choisissai­t les chansons, les imitations. La tournée débute à la fin novembre à Saint-Jérôme. Et je suis vraiment contente de retrouver les gens du nord, de notre coin en premier!

Dans les prochains mois, tu vas donc retrouver le public québécois...

Tellement! Ça fait longtemps, bientôt trois ans, que je n’ai pas fait de tournée ici et j’en ai envie. Toute l’équipe repart partout au Québec.

Et revenir ici après avoir fait des tournées internatio­nales, ça te plaît toujours autant?

C’est aussi tripant, sinon plus! En tournée, tu rencontres les gens. Et tu arrêtes à l’épicerie, tu croises le couple qui t’a vue la veille et tu te mets à jaser. C’est encore plus fort depuis que j’anime Ici on chante. Les gens me voient plus à la télévision. Je suis une fille curieuse, j’aime connaître le quotidien des gens. Le mien, je le connais, mais si vous saviez à quel point le vôtre m’intéresse aussi. Souvent, on se fait des soirées, surtout quand on est loin et qu’on ne peut pas revenir. On va au restaurant du coin et on parle à tout le monde. J’adore ça.

Donc, partout où tu es, tu es bien?

Je suis fatigante, mais oui. (rires)

Et ici, tu retrouves ta nature...

Ici, je suis bien. Je vais marcher dans le bois, même quand il pleut. L’hiver, on va en ski de fond. Puis j’adore recevoir ici, et je le fais souvent! Ces derniers temps, tout va très vite, je travaille beaucoup et j’en ai moins le temps. Mais je m’ennuie de nos soupers, de faire un barbecue ou des bons plats mijotés avec mes amis. Nous avons un peu hypothéqué notre vie sociale, mais c’est un coup à donner. Les choses roulent bien, nos projets vont bien, alors on donne ce coup

«Quand Rémon et moi on se couche, on se dit que, oui, notre vie est folle, mais on se dit aussi qu'on aime cette vie..»

pour prendre une bonne pause, l’été prochain par exemple.

Tu penses arriver à t’arrêter?

C’est un objectif. Oui, c’est un vrai projet de prendre un temps d’arrêt. Pas d’un an, mais quand même, le temps de souffler vraiment et de profiter de notre maison.

Et de peindre aussi. Récemment, vous avez ajouté un magnifique atelier...

Je me suis fait un cadeau. J’avais envie d’un lieu pour me poser et déposer mes pinceaux. Un atelier que j’ai hâte d’aller fréquenter plus souvent. Et je sens de plus en plus l’appel. Ça me manque dernièreme­nt parce que j’ai beaucoup peint pendant une certaine période, surtout de grosses roses. Maintenant, j’ai plus envie d’horizons, de paysages que j’ai vus. Et quand je peins, j’oublie tout, je suis dans le moment présent. Même chose quand je jardine. À la campagne, c’est tellement facile de s’abandonner de cette manière-là. Le temps ne compte pas. Tu ne vois pas les gens circuler dans la rue ni l’activité autour de toi. Ici, il n’y a rien qui peut nous dire quelle heure il est, sinon la lumière. Et ça fait beaucoup de bien. À soi, et aussi au couple. Nos horaires sont tellement construits que, là, on décroche. Et ces moments font du bien à l’âme.

Et, en terminant, la question que je te pose toujours avant qu’on se quitte: qu’est-ce qu’on peut te souhaiter?

La santé! Si je ne l’ai pas, il n’y a plus de projets. L’autre fois, je me regardais aller et je me disais: «C’est fou, ma vie!» Et le soir, quand Rémon et moi on se couche, on se dit que, oui, notre vie est folle, mais on se dit aussi qu’on aime cette vie. Et si on peut garder cette drive-là, cette envie-là, c’est ce que je nous souhaite. Pour les prochaines années du moins, parce que ça va rider en tabarouett­e! (rires)

La nouvelle tournée de Véronic DiCaire débute à Saint-Jérôme le 28 novembre et se poursuivra partout au Québec. Pour connaître toutes les dates de spectacles, visitez veronicdic­aire.com. «J’avais envie d’un lieu pour me poser et déposer mes pinceaux. Un atelier que j’ai hâte d’aller fréquenter plus souvent.»

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PHOTOS: JULIEN FAUGÈRE • MAQUILLAGE: SABRINE CADIEUX
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Dans les divers pays qu’elle a visités, Véronic a fait de belles rencontres! Véronic a eu la chance de côtoyer Céline tout au long de la tournée. Véronic et Rémon ont profité de leurs moments libres pour passer du temps en amoureux.La tournée en Asie a permis à Véronic de faire le plein de découverte­s culturelle­s. Véronic et ses comparses ont pris plaisir à découvrir de nouvelles saveurs.
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