7 Jours

entrevue avec Le duo

Prestation émoUvante à Révolution

- PAR PATRICK DELISLE-CREVIER

Ils sont de grands amis dans la vie et, ensemble, ils forment Willow, un duo de danse qui en a mis plein la vue aux quatre maîtres. Entrevue avec les deux danseurs, qui se confient sur leur passion commune ainsi que sur la période difficile qu’ils ont traversée, alors que Laura souffrait de troubles alimentair­es.

William et Laura, qu’est-ce qui vous a menés à participer à Révolution?

LAURA: On ne savait pas trop ce que c’était et où ça allait nous mener... C’est ma mère qui nous a poussés à faire la première audition. C’est vraiment une dance mom, et elle rêvait de nous voir évoluer dans une compétitio­n télévisée.

WILLIAM: On l’a vraiment fait sur un coup de tête. En discutant lors d’un souper, on a décidé de tenter notre chance et de profiter de l’occasion de danser dans un contexte plus profession­nel.

Depuis quand dansez-vous ensemble?

L.: On s’est connus il y a quatre ans, au sein d’une troupe. Souvent, les profs nous demandaien­t de danser ensemble pour certaines parties d’un numéro. Ça a donc commencé ainsi, pour le plaisir. Le numéro qu’on a présenté à Révolution, c’est notre premier vrai duo. W.: Nous avons une passion commune pour la danse et nous sommes très

«Si je peux aider d’autres danseurs avec mon parcours à Révolution, c’est tant mieux.» — William-Nicolas

proches dans la vie. Laura est la partenaire de danse idéale pour moi. Je pense que nous étions prêts pour ce nouveau défi. Parlez-moi de votre rencontre...

L.: Il n’y a pas beaucoup de gars dans le monde de la danse, alors j’ai vite remarqué William. On est devenus amis en cinquième secondaire. Il était nouveau à l’école, et ça a rapidement cliqué entre nous. Même que les profs nous séparaient dans les classes, parce qu’on avait trop de fun ensemble et qu’on dérangeait les autres!

W.: La première fois qu’elle m’a parlé, elle m’a posé une question et elle est tombée dans la lune pendant que je lui répondais. Elle ne m’écoutait même plus! Ça nous a fait rigoler, la glace était brisée. Par la suite, on est rapidement devenus inséparabl­es.

Comment la passion pour la danse est-elle née chez chacun de vous?

L.: J’étais en quatrième année. La danse était une option à mon école, et j’aimais ça. Ma mère me trouvait bonne, alors elle a décidé de me faire suivre des cours. C’était vraiment pour le plaisir. En deuxième secondaire, j’ai joint des troupes de danse et j’ai appris le hiphop, puis le ballet et le contempora­in. Peu à peu, j’ai eu la piqûre. À 18 ans, c’est devenu clair pour moi: c’est ce que je devais faire de ma vie.

W.: Quand j’étais jeune, mes parents nous faisaient voyager et voir différents spectacles. Mon père était un amateur

du Cirque du Soleil et, à cinq ans, j’ai vu un des spectacles de cette troupe. C’est là qu’est né en moi le désir de faire quelque chose d’artistique. J’étais abasourdi par ce que je venais de voir. Puis, au secondaire, j’ai commencé à m’intéresser au cheerleadi­ng. Il y avait aussi un volet danse à mon école, et c’est là que ma passion est née. Ensuite, j’ai quitté ma région de Roberval pour aller étudier la danse plus sérieuseme­nt à Québec.

Un gars qui fait de la danse et du cheerleadi­ng, ça peut être mal perçu par certains. Est-ce que ç’a été un problème pour toi?

W.: Oui, j’ai eu mon lot de soucis. Je viens du Lac-Saint-Jean et c’est un milieu plus fermé. Donc, oui, il y a eu des bouts difficiles. Mais moi, dès l’âge de deux ans, je savais que j’étais différent. J’ai toujours dérangé. Je n’ai jamais eu d’amis garçons, je ne m’identifiai­s pas à cet archétype masculin. Certains me crachaient dessus et me lançaient des gommes. Tout ça parce je faisais de la danse... Mais ça ne m’a jamais arrêté, au contraire! Et si je peux aider d’autres danseurs avec mon parcours à Révolution, c’est tant mieux.

Que retenez-vous de votre audition?

L.: Je suis très rationnell­e dans la vie, et je ne m’attendais pas à aller plus loin. On voulait surtout avoir du fun. On ne pouvait pas passer à côté de cette expérience. Finalement, tout ça est magique! L’accueil du public, les mots des maîtres, le fait de passer à la prochaine étape... C’est fou!

W.: Je n’en revenais pas quand j’ai vu la réaction des maîtres; c’était irréel! C’est inoubliabl­e comme sensation. En même temps, on était tellement dans notre bulle qu’on en a perdu des bouts. On avait hâte de revoir l’émission pour se remémorer tout ça!

Laura, tu as mentionné que tu vivais une période difficile, pendant les auditions, en raison de tes troubles alimentair­es. Peux-tu nous en parler?

L.: Oui. Je vivais vraiment un moment difficile; je ne mangeais plus. C’est important pour moi d’en parler. Pas pour susciter de l’attention ou de la pitié, mais parce que c’est quelque chose d’assez tabou. Les problèmes alimentair­es sont très présents dans le monde de la danse, et on n’en fait pas assez pour combattre ça. Personne ne savait comment intervenir, comment m’aider. Il faut briser le silence et en parler.

W.: Il faut éliminer les tabous et la vision négative liée à cette réalité. Ce

n’est pas parce qu’on a des corps sveltes, qui paraissent en santé, que tout va bien. Oui, il faut changer notre alimentati­on et faire des sacrifices quand on est sportifs, mais on peut aussi se perdre là-dedans.

Laura, comment ça va, aujourd’hui?

L.: Beaucoup mieux. C’est un travail de longue haleine et j’ai toujours un peu peur que mon trouble reste, mais je travaille fort pour le combattre et pour aider les autres autour de moi.

Avez-vous remis votre participat­ion à Révolution en question à cause de cette situation?

L.: Dans le passé, j’ai eu plusieurs refus en auditions à cause de ma maigreur. J’avais moins de talent, je ne dansais plus de la même façon... C’était évident pour moi que j’avais un trouble alimen- taire. À un certain moment, je me suis vue dans mon léotard et mes collants, et j’ai vraiment vu l’image d’une fille anorexique dans le miroir. Mes jambes étaient si maigres! Ç’a été l’élément déclencheu­r pour que je me prenne en main. Je me suis promis de faire en sorte d’aller mieux.

Comment avez-vous traversé cette épreuve ensemble?

W.: Ç’a été un moment de nos vies où nous vivions tous les deux des choses difficiles, pour différente­s raisons. Laura ne m’en parlait pas, alors c’était compliqué d’aborder le sujet. J’ai tenté de lui lancer quelques messages, car c’était devenu inquiétant et probléma- tique. Elle ne mangeait plus et je ne savais plus comment l’aider ni com- ment réagir. Je devais lui en parler, mais il fallait aussi que le déclic se fasse de lui-même. Je marchais sur des oeufs, je ne savais pas quoi faire... Ç’a été des mois difficiles, durant lesquels notre relation était tendue.

William, tu aimes la danse, mais tu ne comptes pas en faire un métier. Pourquoi?

W.: Parce que j’ai des doutes par rapport à ma carrière en danse. Je me demande si j’ai le talent et la capacité de gagner ma vie avec ce métier. J’hésite à savoir ce que je voudrais faire. J’ai besoin d’une certaine sécurité, et aussi d’être stimulé intellectu­ellement d’une autre façon. Je me verrais faire des études en relations internatio­nales ou un truc du genre.

Laura, te vois-tu avoir une carrière sans William?

L.: Oui et non. Oui, parce que j’aime être indépendan­te et avoir le contrôle sur ce qui se passe. Mais c’est certain que ce serait difficile sans lui. Pour l’instant, je vis chaque instant avec lui. Je respecte son choix de ne pas vouloir faire carrière en danse, mais moi, c’est ce que je souhaite. Je n’ai pas de plan B, alors je fonce. Révolution, c’est important pour moi. C’est une belle fenêtre.

Révolution, dimanche à 19 h 30, à TVA.

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 ??  ?? Laura en 4e année lors d’un spectacle de fin d’année à l’école. Laura et WilliamNic­olas lors d’une compétitio­n de danse il y a 3 ans.
Laura en 4e année lors d’un spectacle de fin d’année à l’école. Laura et WilliamNic­olas lors d’une compétitio­n de danse il y a 3 ans.
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 ??  ?? Adolescent, WilliamNic­olas a fait partie d’une équipe de cheerleadi­ng.
Adolescent, WilliamNic­olas a fait partie d’une équipe de cheerleadi­ng.
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