7 Jours

Anne Dorval

C’est avec bonheur qu’on retrouve Anne Dorval dans la délicieuse et touchante série Léo écrite par Fabien Cloutier. La comédienne y incarne la mairesse et coiffeuse du village, qui veille à sa manière sur les gens qui l’entourent. Et si le ton se veut hum

- PHOTOS: PATRICK SÉGUIN

La série Léo, créée par Fabien Cloutier, nous amène dans le petit village de Walton, où Léo au grand coeur a envie de se placer, de trouver un emploi et l’amour. Autour de lui gravitent plein de gens attachants, des gens à la réplique facile, aux expression­s de chez nous, lancées avec un accent, une musique qui leur appartient. C’est là qu’on retrouve Anne Dorval qui incarne Jessica, cette mairesse coiffeuse tout aussi colorée que la mèche de cheveux qu’elle porte fièrement. L’actrice est parfaite dans son interpréta­tion. Et d’emblée, elle raconte avoir été séduite par la force des textes, leur finesse, l’humour et la tendresse qui se dégagent de chacune des scènes.

Anne, tu reçois de nombreuses propositio­ns pour la télévision et le cinéma. Qu’est-ce qui t’a fait embarquer dans ce projet?

C’est l’écriture de Fabien. Je connaissai­s son travail, sa manière de conter les gens. J’aime son univers. C’est quelqu’un qui explore des sillons qu’on ne fréquente pas toujours, qu’on voit peut-être moins au théâtre et à la télévision. Et lorsque j’ai lu les textes, ça m’a confirmé que j’en avais très envie.

Et ton personnage est central dans la vie de la communauté. Il est plein d’humanité aussi…

Tous les personnage­s sont pleins d’humanité. Ils sont bons malgré leurs défauts. Il n’y a pas de filtres. On se retrouve dans un environnem­ent bien loin de la ville, des univers branchés. Fabien vient de la campagne, de la Beauce. Nous avons tous côtoyé des personnage­s comme ceux de la série Léo. Des gens authentiqu­es avec leur franc-parler. Moi, je ne viens pas de la campagne, mais je viens de la région. Je suis née en Abitibi, j’ai habité à Trois-Rivières et à Sherbrooke avant de m’installer à Montréal. On a tous des parcours où l’on a rencontré des gens uniques et différents, et c’est tant mieux.

C’est un cadeau, un personnage comme celui-là?

Écoute, tu ne peux pas rêver de mieux! Une mairesse qui travaille dans un salon de coiffure! Moi, juste ces deux éléments, je ne peux pas souhaiter mieux dans la vie. (rires) Déjà, je l’aime.

Vraiment beaucoup. Elle recueille plein d’informatio­ns malgré elle! Ce n’est pas parce qu’elle veut avoir tous les potins. C’est que tout le monde se livre à elle et c’est là que tout se passe.

Comme sur un perron d’église…

Exactement. Elle pourrait connaître tout le monde parce qu’elle est mairesse de son village. Mais non, c’est plus son rôle de coiffeuse qui fait qu’elle est au courant de tout. Et qu’elle veut aider tout le monde.

Est-ce que tu t’es inspirée de quelqu’un que tu connais pour ce rôle?

Non, mais par contre, j’observe beaucoup. Notre métier, c’est aussi ça, observer. Et on ne s’en rend même plus compte. On enregistre des voix. On photograph­ie des faces, des expression­s, des comporteme­nts. On passe notre vie à faire ça! Je pense que j’avais une bonne banque d’images, de personnage­s dans mon cerveau. Mais avec le texte et cette écriture, on peut imaginer plein de choses. Le fait que Fabien soit sur place a rendu l’exercice plus facile encore. Si on a des questions, on peut s’adresser à lui. Il joue avec nous. Le réalisateu­r, Jean-François Chagnon, nous a aussi laissé beaucoup de liberté. En même temps, on sait qu’il va nous rattraper si on va trop loin. Et qu’il va peut-être nous provoquer parfois, si on ne va pas assez loin.

Est-ce qu’il y avait un danger de tomber dans la caricature avec un rôle comme le tien?

Ce danger existe avec tous les rôles. Tu peux te demander: «Est-ce que c’est un peu trop gros?» Mais ce ne l’est pas, parce que la série est authentiqu­e. Elle est construite comme ça. Mais ça reste une comédie.

Le Québec rural, les gens qui l’habitent, leur quotidien, on ne le voit pas beaucoup à la télévision…

C’est vrai, et j’espère que les gens vont s’aimer en se reconnaiss­ant, parce que moi, tout ce que j’y vois, c’est leur humanité, leur bienveilla­nce. Et le coeur de Fabien, le coeur de ces gens-là... Mais surtout, je vois des gens fiers.

Dans ton rôle, tu croises tous les personnage­s au salon de coiffure, as-tu un personnage «coup de coeur»?

Je les aime tous. Mais c’est sûr que le

personnage de Julien Poulin, qui joue le père, nous arrache le coeur! Julien n’a pas besoin de dire un mot qu'on veut déjà le prendre dans nos bras pour le bercer. J’avais ce sentiment avec bien des personnage­s.

Ton personnage a aussi une très grande fibre maternelle…

Bien, c’est la mairesse! Il faut que tout aille bien dans le village. Et si on veut que ça se passe bien dans nos vies, il faut que le village roule bien et que tout le monde y mette du sien. Elle est à l’écoute, elle secoue son monde, elle encourage. Et surtout, elle sait où elle va. Et c’est un petit village où tout le monde prend soin les uns des autres…

Et en ce moment, on a besoin de ce genre de série qui fait du bien…

C’est une série qui a du coeur et de l’humour. J’espère juste que les gens en région vont comprendre et ne penseront pas ou ne diront pas: «Bon, on passe pour des habitants!» J’ai tellement entendu ça. Sur le tournage du film Mommy, on nous l’a reproché, cette langue-là. Les gens disaient: «On ne parle pas comme ça, vous nous faites passer pour des habitants!» Les gens que j’ai connus, oui, ils parlaient comme ça. Avec des accents. Mais ils ne sont pas moins intelligen­ts, ils n’ont pas moins de qualités. Au contraire. J’espère juste que les gens n’auront pas ce réflexe. Aucun créateur ne veut offenser les gens en région, au contraire. Et Fabien, la région, c’est ce qu’il aime.

Et comment s’est déroulé le tournage?

C’était un réel bonheur! J’ai tourné à la fin mai et au début juin. Mon personnage est moins présent durant la première année, mais il va se développer à la prochaine saison. L’équipe était formidable. Tout le monde riait sur le plateau. Oui, c’était de grosses journées, mais il y avait une belle atmosphère. On sent que les gens sont heureux de participer au projet.

Et en ce moment, tu travailles sur quoi?

Je suis sur le Bye Bye mur à mur! Comme toujours, c’est intense. Ça n’arrête pas, et c’est comme ça jusqu’à la dernière minute!

On sait que Marc Labrèche ne revient pas au Bye Bye cette année. De ton côté, as-tu hésité?

Tout le monde hésite toujours! Même si on adore ça, tout le monde va dire: «Je ne sais pas pour l’année prochaine.» Et finalement, on dit oui, parce que c’est terribleme­nt excitant. Mais, c’est vrai que c’est un rythme auquel on ne peut jamais être vraiment préparé parce qu’à la dernière minute, l’actualité change. Parce que tu dois, quelques jours avant le 31 décembre, imiter une personnali­té qui vient de s’illustrer dans l’actualité et que tu ne t’y es jamais préparée. Tout va rapidement. Il faut écouter, étudier et retenir plein d’informatio­ns le plus vite possible pour être capable de le faire. C’est ça le défi. Et je choisis mes défis.

Tu choisis maintenant des projets pour le défi et pour le bonheur qu’ils peuvent t’apporter…

J’ai toujours essayé de faire ça. Maintenant, j’ai vraiment le loisir de choisir, et c’est un grand luxe! Je prends les projets qui me tentent le plus, pour toutes sortes de raisons. Des fois, c’est pour le rôle. D’autres fois, c’est pour l’équipe, pour travailler avec une gang que j’aime.

Et dans Léo, c’était les deux réunis?

C’était tout! L’écriture de Fabien, sa présence, le réalisateu­r Jean-François Chagnon, un réalisateu­r brillant, toute l’équipe formidable, les textes. C’était le côté vrai et attachant de cette série. Il y a beaucoup d’amour. Il n’y a que du coeur chez tous les personnage­s. On s’attache à eux très rapidement…

«J’aime l’univers de Fabien. C’est quelqu’un qui explore des sillons qu’on ne fréquente pas toujours...»

 ??  ?? ELLE INCARNE UNE MAIRESSE COIFFEUSE COLORÉE DANS LÉO
ELLE INCARNE UNE MAIRESSE COIFFEUSE COLORÉE DANS LÉO
 ?? Par Pascale Wilhelmy ??
Par Pascale Wilhelmy
 ??  ?? «Maintenant, j’ai vraiment le loisir de choisir, et c’est un grand luxe !»
«Maintenant, j’ai vraiment le loisir de choisir, et c’est un grand luxe !»
 ??  ??
 ??  ?? Sur le plateau de tournage de Léo.
Sur le plateau de tournage de Léo.
 ??  ?? Sur la série Léo, elle retrouve son ami Marc Labrèche, avec qui elle a connu d’énormes fous rires dans Le coeur a ses raisons.
Sur la série Léo, elle retrouve son ami Marc Labrèche, avec qui elle a connu d’énormes fous rires dans Le coeur a ses raisons.

Newspapers in French

Newspapers from Canada